9 MOIS FERME: la critique en avant-première du nouveau film d’Albert Dupontel

Dans le paysage toujours un peu triste de la comédie française, dans lequel la réconciliation entre le succès populaire et la qualité cinématographique se fait encore attendre, c’est toujours avec curiosité qu’on aborde l’arrivée d’un nouveau film d’Albert Dupontel. Son personnage de trublion avait fait irruption dans le cinéma français en se singularisant dés son premier film, BERNIE, par son humour trash et volontiers grinçant qui tranchait avec une comédie populaire souvent trop aseptisée et gentillette. Depuis, la filmographie de Dupontel a évolué (ses expériences en tant qu’acteur avec certains cinéastes ayant laissé des traces sur son approche du cinéma) et on peut dire que ses films se sont légèrement assagis. Le burlesque débridé et la mise en scène survoltée tentent désormais de se mettre au service de récits bien moins agressifs. Que Dupontel essaie de ne pas se répéter, c’est tout à son honneur, mais au vu de son dernier film (LE VILAIN), on pouvait craindre un syndrome de « Jean-Pierre-Jeunetisation » de son cinéma : stylisation d’un univers comme placé sous cloche, goût un peu gadget de la saynète et du vignettage, tendance à la caricature hystérique et aseptisation du propos.

9 Mois Ferme Albert DupontelAvec son histoire improbable d’une juriste à la vie sentimentale sacrifiée tombant enceinte du criminel le plus recherché du pays, 9 MOIS FERME renoue avec le genre d’histoire un peu noire, voire macabre qui fait penser à ses premiers films. La bonne surprise, c’est de voir ce goût pour l’horreur rigolarde et le grand-guignol s’harmoniser avec un récit en forme de conte social de manière bien plus convaincante que dans ENFERMES DEHORS par exemple. Le film est bien hanté par des personnages typiques des films de Dupontel (le présumé criminel joué par Dupontel lui-même ressuscite la figure du gentil crétin enfantin et hystérique qui est un peu son personnage fétiche depuis ses débuts) et sa mise en scène conserve beaucoup de ses gimmicks habituels et bien connus comme son goût pour la multiplication des points des vues et l’outrance visuelle. 9 MOIS FERME finit dans ses meilleurs moments par dégager un charme qui n’est pas sans évoquer l’esprit des comédies italiennes : on s’amuse souvent de ce défilé de personnages affreux, sales et méchants dont certains d’entre eux peuvent néanmoins être sauvés mais qui n’en cache pas moins une réalité sociale assez sordide.

9 MOIS FERME doit surtout beaucoup à Sandrine Kiberlain qui s’est imposée comme une des meilleures actrices de comédies du moment et dont la présence réjouit même quand la qualité des films n’est pas forcément au rendez-vous. En centrant son récit sur un personnage féminin, Dupontel confère sans doute à son nouveau film un charme particulier qui le distingue de ses précédentes oeuvres. Tout à tour émouvante et burlesque, elle force même la mise en scène à se poser un peu, favorisant l’identification au personnage et apportant au film une douceur qui n’apparaît en rien artificielle. Bien qu’inégal, toujours un peu foutraque comme il se doit, 9 MOIS FERME n’en reste pas moins le film le plus drôle de Dupontel depuis LE CREATEUR. Ce qui n’est pas rien.

 

9 MOIS FERME – Réalisé par Albert Dupontel – Avec Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Nicolas Marié et Philippe Uchan – Sortie le 18 octobre 2013

 

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