A Nice la cinquième édition du festival Cinéroman a dévoilé son palmarès

A Nice, la cinquième édition du festival Cinéroman vient de s’achever. Après six jours de compétition, Alex Lutz et son jury ont décerné le palmarès. Du 2 au 7 octobre, le Pathé Gare du Sud avait déroulé le tapis rouge pour accueillir de très nombreuses personnalités du cinéma venues présenter leurs films au public. Créé en 2019 par Daniel Benoin, directeur du théâtre Anthéa d’Antibes, et son épouse Nathalie, le festival met à l’honneur les films adaptés d’oeuvres littéraires. Cette année, ce sont pas moins de quarante-cinq projections qui ont été proposées au public, avec huit films en compétition, quatorze films en avant-première ainsi que des films cultes. Comme pour les éditions précédentes, l’Artistique a accueilli des masterclass, des rencontres, des débats mais aussi des lectures de romans susceptibles d’être adaptés au cinéma. Retour sur cette très belle cinquième édition.

Un jury prestigieux

Le jury de cette cinquième édition était présidé par Alex Lutz qui est à la fois acteur, réalisateur mais aussi écrivain. Il était entouré de quatre femmes et d’un homme : Danièle Thompson, une grande habituée de Cinéroman puisqu’elle était elle-même la présidente du jury de l’édition précédente, les comédiennes Suzanne Clément que l’on a souvent dans les films de Xavier Dolan, Mylène Jampanoï, Nora Arnezeder, Sylvie Testud qui jouait en même temps à Anthéa dans la pièce “Tout le monde savait”, et Nicolas Maury, inoubliable dans la série “Dix pour cent”, dont a pu également voir récemment le premier film en tant que réalisateur “Garçon chiffon”.

De nombreux films en avant-première

En plus des huit films en compétition, le festival a permis de découvrir quatorze films en avant-première, plusieurs mois avant leurs sorties en salles. Chaque soir, le tapis rouge du Pathé Gare du Sud a vu défiler de très nombreuses personnalités du monde du cinéma et de la littérature, pour le plus grand plaisir du public.

Pour la soirée d’ouverture, c’est “Un coup de dés”, le dernier film d’Yvan Attal qui a été présenté en avant-première mondiale. Tourné l’année dernière à Nice, c’est en toute logique que le film a été projeté pour la première fois en public dans la capitale azuréenne. Les autres spectateurs devront patienter jusqu’en janvier 2024 pour voir “Un coup de dés”, un film très réussi, à l’univers pas très éloigné d’Hitchcock et de “Match Point” de Woody Allen. Yvan Attal montre à quel point l’amour peut faire tourner les têtes et entraîner mensonges, trahisons, et culpabilités. Aussi devant la caméra, Yvan Attal interprète un promoteur immobilier, arrivé à Nice, en même temps que son meilleur ami (Guillaume Canet). Pourtant heureux en couple, les deux hommes vont tomber amoureux de la même jeune femme (Alma Jodorowsky). Les trois comédiens avaient fait le déplacement à Cinéroman, pour donner le coup d’envoi de cette cinquième édition.

Le lendemain, Rudy Milstein a présenté son premier film en tant que réalisateur, “Je ne suis pas un héros”. Cet homme, qui est loin d’être héroïque, c’est Louis (Vincent Dedienne). Dans le cabinet d’avocats où il travaille, il passe inaperçu et se montre un peu trop maladroit. Pourtant, sa vie va changer quand, pensant être sérieusement malade, il avoue, un peu trop rapidement, être atteint d’un cancer. Ce n’est qu’une erreur de diagnostic. Pourtant Louis continue à s’enfermer dans son mensonge. Le croyant malade, ses collègues de travail comme ses parents le regardent désormais différemment. Peu à peu, il gagne en assurance pour laisser place à un homme qui a de moins en moins de scrupules. A partir d’un sujet plutôt convenu, Rudy Milstein, que l’on retrouve aussi devant la caméra dans le rôle du voisin dépourvu d’émotions, a fait un joli film, attachant, à l’humour souvent absurde. Pour présenter le film à Cinéromn, Rudy Milstein était accompagné d’Isabelle Nanty, qui interprète la mère de Louis.

Après avoir passionné les lecteurs, Laetitia Colombani a bien l’intention de toucher en plein coeur les spectateurs avec “La Tresse”. Elle a adapté au cinéma son propre roman qui avait remporté un immense succès dès sa parution en 2017. Le destin de ces trois femmes a bouleversé le public de Cinéroman. Quant aux autres, il faudra qu’ils attendent le 29 novembre pour le voir en salles.

Cela faisait près de dix ans qu‘Alexandre Arcady n’avait pas réalisé de film. C’est à Cinéroman qu’il est venu présenter en avant-première son dernier film, “Le petit blond de la Casbah“, une oeuvre à part dans sa filmographie puisqu’il s’agit de l’adaptation de son propre livre, une autobiographie touchante sur son enfance à Alger dans les années 60. Entouré de Pascal Elbé, Michel Boujenah et du jeune Léo Campion, il a ému le public niçois qui lui a réservé une belle ovation.

Fanny Ardant n’est malheureusement pas venue à Nice. Elle était pourtant à l’affiche de deux films présentés à Cinéroman : “Ma France à moi” de Benoît Cohen et “Les rois de la piste” de Thierry Klifa. Deux films aux univers très différents. Si dans le premier, elle interprète une femme, veuve et souffrant de solitude, qui décide d’accueillir chez elle un jeune Afghan, dans l’autre, elle est une sorte de Ma Dalton des temps modernes, qui inculque à ses fils (Mathieu Kassovitz et Nicolas Duvauchelle) et son petit-fils (Ben Attal) ses petites combines et ses manigances pour devenir riches. “Les rois de la piste” est un film savoureux, porté par un casting brillant, dont on sort le sourire aux lèvres. Que demander de plus ? Il faudra attendre janvier 2024 pour le voir en salles.

Pour sa quatrième réalisation, “Une affaire d’honneur”, Vincent Pérez nous plonge dans le Paris de la fin du XIXe siècle, où l’honneur se joue à l’épée. Les duels sont monnaie courante à cette époque-là. Tandis que les hommes lavent l’affront qu’on leur a fait à coup d’épée, de sabre ou de pistolet, une femme, Marie-Rose Astié de Valsayre, éprise de liberté et de justice, va se battre pour faire avancer le droit des femmes dans la société. Doria Tillier interprète cette femme déterminée, féministe en avance sur son temps tandis que Vincent Pérez s’est donné le rôle du colonel, assoiffé de vengeance. Un film très réussi, qui tient ses promesses jusqu’à la scène finale.

Parmi les films projetés au Pathé Gare du Sud en avant-première, quatre avaient déjà été présentés au dernier Festival de Cannes.

“L’Abbé Pierre, une vie de combats” de Frédéric Tellier avait ému le public cannois. Le film se déploie pendant plus de deux heures pour embrasser le parcours de cet homme, qui a mis sa vie au service des autres et qui est devenu, au fil des années, la personnalité préférée des Français. Quand on voit le film, on comprend aisément pourquoi “combats” est au pluriel dans le titre : toute sa vie, Henri Grouès, devenu plus tard l’Abbé Pierre, n’aura eu de cesse de lutter contre la pauvreté. Il est interprété par Benjamin Lavernhe, qui livre une prestation spectaculaire, tant il est habité par son rôle. Le film sortira au cinéma le 8 novembre.

C’est dans la section Cannes Première que “Bonnard, Pierre et Marthe”, le dernier film de Martin Provost, avait été présenté au dernier Festival du Film. Comme son titre l’indique, le film fait le portait du peintre Pierre Bonnard mais surtout de celui du couple qu’il formait avec Marthe (Cécile de France). Une histoire d’amour belle et parfois complexe, en communion avec la nature, que le réalisateur filme magnifiquement.

Quelques jours avant que ne débute la cinquième édition de Cinéroman, nous avons appris que “La passion de Dodin-Bouffant” de Tran Anh Hung allait représenter la France à la prochaine cérémonie des Oscars. Après voir séduit le jury du Festival de Cannes, ce film qui fait l’éloge de l’amour et de la gastronomie séduira-t-il les Américains ? C’est tout ce qu’on peut souhaiter à Benoît Magimel et à Pierre Gagnaire, le célèbre chef étoilé coordinateur artistique sur le film, qui nous ont fait le plaisir d’être à Nice pour la présentation du film à Cinéroman.

Benoît Magimel était presque l’invité vedette de cette cinquième édition de Cinéroman. Il était à l’affiche de deux films présentés en avant-première à Cinéroman : “La Passion de Dodin-Bouffant” et “Rosalie”. Dans le deuxième film de Stéphanie di Giusto, il interprète Abel, un homme blessé à la fois physiquement et moralement par la guerre. Il épouse Rosalie (Nadia Tereszkiewicz), une jeune femme “à barbe”, qui s’applique chaque jour à cacher sa particularité encombrante. Le mariage est arrangé et il repousse d’abord sa jeune épouse mais le secret devient de plus en plus lourd à garder et Rosalie, déterminée, va vouloir vivre sa vie de femme au grand jour. Le film avait été l’un de nos coups de coeur au dernier Festival de Cannes. Il a séduit cette fois le public de Cinéroman, qui a applaudi longuement la réalisatrice et les deux comédiens venus le présenter au Pathé Gare du Sud.

Enfin, à l’issue de la cérémonie de clôture, le public a pu découvrir le dernier film de Thomas Bidegain. Adapté du roman d’Isabelle Autissier, “Enfin seuls” suit le parcours d’un jeune couple, qui a décidé de faire un périple en bateau autour du globe. Un jour, alors que, poussés par la curiosité, ils avaient accosté sur une île déserte, ils sont victimes d’une tempête. Leur bateau est englouti et ils sont alors contraints de rester sur l’île et de lutter pour leur survie et celle de leur couple. Gilles Lellouche et Mélanie Thierry sont épatants dans ce film souvent oppressant et étouffant. Que ferait-on si on était bloqué avec son conjoint sur une île déserte pendant plusieurs semaines ? Bien habile celui qui saurait répondre…Le film sortira en décembre.

Le palmarès

Les bonnes choses ont toujours une fin. Après six jours de compétition, le jury présidé par Alex Lutz a donc décerné son palmarès.

Meilleur film adapté d’un roman : “L’Amour et les forêts” de Valérie Donzelli. C’est l’auteur du roman, Eric Reinhardt qui est venu lui-même recevoir le prix tandis que la réalisatrice délivrait un message vidéo. Une récompense amplement méritée qui, depuis sa présentation à Cannes, ne cesse de toucher le public en plein coeur.

Le Prix spécial du jury est allé à la productrice Anne-Dominique Toussaint qui oeuvre depuis plusieurs années  pour l’adaptation de romans au cinéma.

Prix d’interprétation féminine : Mara Taquin pour son rôle dans “La petite” de Guillaume Nicloux. Une mention spéciale a été décernée à Laura Morante pour son rôle dans “Le colibri”.

Prix d’interprétation masculine : Hugh Jackman et Zen McGrath pour “The Son”.

Coups de coeur du jury : Benoît Magimel et Géraldine Nakache.

Le Prix Romain Gary décerné à une personnalité ayant dans son travail une relation forte avec la ville de Nice et la Côte d’Azur a été remis à Michèle Laroque, des mains de Christian Estrosi. La comédienne et réalisatrice, originaire de Nice, a dit à quel point elle était émue de recevoir un tel prix. Au début de l’année prochaine, on la verra sur France 2 dans le rôle de Renée Le Roux dans la mini-série de Vincent Garenq, “Tout pour Agnès”, qui revient sur la disparition en 1977 d’Agnès Le Roux, héritière du Palais de la Méditerranée, dont le corps n’a jamais été retrouvé, malgré la condamnation de Maurice Agnelet. Les spectateurs de Cinéroman ont pu découvrir les deux premiers épisodes de la série.

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