A Nice, la quatrième édition du festival Cinéroman a mis à l’honneur le cinéma

Pendant cinq jours, du 5 au 9 octobre, la ville de Nice a célébré le cinéma lors de la quatrième édition de Cinéroman. Créé en 2019 par Daniel Benoin, directeur du théâtre Anthéa d’Antibes, et son épouse Nathalie, ce festival a pour vocation de mettre à l’honneur les films adaptés de romans. Ce quatrième Cinéroman présidé par Danièle Thompson a attiré chaque jour un large public puisque tous les films présentés en avant-première au Pathé Gare du Sud ont affiché complet. Retour sur cette quatrième édition particulièrement réussie, qui a tenu toutes ses promesses.

Un jury présidé par Danièle Thompson

Danièle Thompson est une habituée de Cinéroman. L’année dernière, elle avait fait partie du jury de Nicolas Bedos. Pour cette quatrième édition, Daniel Benoin et son équipe lui ont confié la fonction de présidente du jury. Non seulement elle était présente chaque jour au Pathé Gare du Sud pour visionner les films en compétition et en avant-première mais elle s’est également rendue à la cinémathèque pour présenter La reine Margot de Patrice Chéreau, dont elle a co-écrit le scénario. En 2023, on pourra découvrir la série qu’elle vient de réaliser sur Brigitte Bardot.

Pour décerner le palmarès de cette édition, Danièle Thompson était entourée de trois femmes et trois hommes : les comédiennes Sabine Azéma, Ana Girardot et Pascale Arbillot, le romancier, scénariste et réalisateur David Foenkinos déjà présent l’année dernière, l’acteur et réalisateur Pascal Elbé ainsi que le dramaturge, scénariste et réalisateur britannique David Hare.

Des avant-premières prestigieuses

En plus des films en compétition présentés la plupart du temps par le réalisateur et un comédien, le festival a permis de découvrir onze films en avant-première, plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant leurs sorties, qui plus est, en présence des équipes.

Pour lancer la quatrième édition de Cinéroman, le public et le jury ont pu découvrir la suite cinématographique très attendue de Au revoir là-haut de Pierre Lemaître, Couleurs de l’incendie de Clovis Cornillac. Le film s’ouvre dans un vertigineux plan-séquence, sur l’enterrement du riche banquier Marcel Péricourt. Sa fille Madeleine, sa seule héritière, va devoir faire face à la jalousie et aux trahisons de son entourage, dans un climat national tourmenté, au moment où Hitler accède au pouvoir et où commencent à poindre les « couleurs de l’incendie ». Pour présenter le film, Clovis Cornillac était entouré de Léa Drucker qui incarne une Madeleine Péricourt combative, Alice Isaaz et Benoît Poelvoorde, qui a assuré le show sur le tapis rouge et dans la salle.

Anne Le Ny avait fait le déplacement à Nice, malheureusement sans ses comédiens José Garcia et André Dussolier, pour présenter son nouveau film en tant que réalisatrice, Le Torrent. Un thriller très réussi doublé d’un drame familial, où les personnages, à la suite de la mort accidentelle d’une femme, vont devoir faire des choix difficiles, tiraillés par des sentiments contradictoires.

Christian Duguay, à qui l’on doit notamment Jappeloup avec Guillaume Canet, a de nouveau entraîné les spectateurs dans l’univers des chevaux avec Tempête. Le film montre comment une jeune fille (incarnée par trois comédiennes, aux différents âges de la vie) parvient à se reconstruire et à avancer, après un terrible accident qui l’a paralysée. Le réalisateur était accompagné de Carmen Kassovitz, révélation du film, et des acteurs Pio Marmaï et Hugo Becker.

La Maison d’Anissa Bonnefont faisait partie des films les plus attendus du festival. Pour son premier long métrage de fiction (elle vient du documentaire), la réalisatrice a adapté à l’écran le livre d’Emma Becker qui avait fait grand bruit à sa sortie. En effet, la romancière y racontait son séjour dans une maison close à Berlin, comme sujet de son livre. Porté par Ana Girardot, membre du jury de cette édition 2022, le film ne peut laisser indifférent. Comme le livre, il met en évidence la « sororité » des prostituées de cette maison close qu’Emma Becker a cotoyées pendant plus de deux ans, et n’épargne pas la violence dont elles peuvent être victimes. Se dégagent parfois un certain malaise mais aussi une profonde humanité. Au-delà de la prostitution, La Maison parle du désir féminin assumé. Un film fort qu’Ana Girardot et Aure Atika ont défendu avec enthousiasme devant le public de Cinéroman.

Le public a pu découvrir également le nouveau film d’Eric Lartigau, Cet été-là : un film touchant qui montre avec justesse le passage de l’enfance à l’adolescence. Le temps d’un été, Dune, âgée de onze ans, va évoluer et grandir, témoin impuissante de la tristesse de sa mère (Marina Foïs) et du désarroi de son père (Gael Garcia Bernal). Equipée d’un camescope, presque toujours accompagnée de sa fidèle copine, elle filme les petits riens et les événements de ses vacances pas comme les autres.

Roschdy Zem était à Nice pour présenter son nouveau film en tant que réalisateur, Les Miens. A la fois devant et derrière la caméra, il interprète un journaliste sportif sûr de lui et peu attentif aux autres, dont la vie, comme celle de ses frères et sœurs, va être chamboulée à cause de la « maladie » soudaine de l’un de ses frères (Sami Bouajila). Ce dernier, victime d’un accident, d’un naturel bienveillant, va, temporairement, devenir acariâtre et agressif avec les siens. Comme on peut s’en douter, le film finira bien, réservant des moments de comédie et de belles scènes de dispute notamment à table.

Avec La Syndicaliste, Jean-Paul Salomé s’est emparé d’une histoire vraie, en adaptant à l’écran le livre de Caroline Michel-Aguirre, qui s’est interessée à Maureen Kearney, syndicaliste chez Areva. Proche du pouvoir et des politiques, cette femme, combative et exigeante, s’est battue seule contre tous pour faire éclater un scandale qui a secoué l’industrie du nucléaire en France. Un jour, elle est victime d’une violente agression sexuelle mais peu à peu les soupçons vont peser, au point d’être considérée comme coupable. Pour incarner cette syndicaliste hors du commun, Jean-Paul Salomé a fait appel à Isabelle Huppert, dont la ressemblance avec Maureen Kearney est saisissante. Le film captive de bout en bout et dessine le portrait d’une femme complexe, broyée par le système.

Le public de Cinéroman a découvert en avant-première le très beau film d’Olivier Peyon, Arrête avec tes mensonges, adapté du roman du même nom de Philippe Besson. Guillaume de Tonquédec et Victor Belmondo, qui incarnent deux hommes amenés à se rencontrer à l’occasion d’une rencontre littéraire, ont pu se rendre compte à quel point le film avait touché les spectateurs du Pathé Gare du Sud. Le romancier Philippe Besson raconte dans ce livre très personnnel le retour d’un écrivain dans sa ville natale. Les souvenirs du passé vont revenir à la surface, et prendre en quelque sorte vie par l’intermédiaire de Lucas, le fils de son amour de jeunesse. Le réalisateur a fait le choix d’alterner les scènes du passé dans les années 80 ( permettant ainsi de révéler deux jeunes comédiens Jérémy Gillet et Julien de Saint-Jean) et celles du présent, les deux temporalités s’éclairant l’une l’autre. Un beau film, servi par d’excellents comédiens, tourné vers la lumière, qui montre comment le passé, une fois apprivoisé, peut nous permettre d’avancer.

L’année dernière, Nicolas Bedos était président du jury Cinéroman. Il était de retour à Nice à l’occasion de cette quatrième édition pour présenter son nouveau film, Mascarade, tourné entièrement à Nice et aux alentours. Marine Vacth, la femme fatale, qui fait tourner la tête des hommes dans le film, était présente sur le tapis rouge, accompagnée de Charles Berling et François Cluzet. Le film, montré au festival de Cannes en mai dernier, met en scène des personnages cupides, corrompus par l’argent, une actrice sur le retour, un gigolo, une femme fatale évoluant sur la Côte d’Azur dans des lieux dignes de cartes postales. Nicolas Bedos a décidément du talent ; on ne s’ennuie pas une seconde et certaines scènes sont particulièrement savoureuses.

Le festival a été marqué par une soirée particulière puisque le public de Nice (ville natale de Simone Veil) a pu découvrir Simone, quelques jours avant sa sortie en salles. Pour l’occasion, Olivier Dahan, le réalisateur de ce biopic, était accompagné de ses deux actrices qui incarnent Simone Veil à des âges différents : Rebecca Marder et Elsa Zylberstein. A la sortie, les spectateurs étaient visiblement émus et touchés par ce film d’une grande ampleur, qui retrace le parcours hors normes de Simone Veil.

Dimanche, après la proclamation du palmarès, le festival s’est terminé avec la projection de Maestro(s) de Bruno Chiche, en présence de son casting prestigieux : Pierre Arditi, Yvan Attal, Pascale Arbillot, Caroline Anglade. Le réalisateur dessine en creux le portait d’un père et de son fils, tous les deux chefs d’orchestre, qui, par une erreur malencontreuse, vont devenir en quelque sorte rivaux. Des hommes pudiques et taiseux face à des femmes, franches et sans concessions. Inspiré d’un film israélien, Maestro(s) offre de belles scènes aux deux comédiens mais aussi aux seconds rôles.

Le palmarès de cette quatrième édition

Dimanche soir, avant la projection de Maestro(s) de Bruno Chiche en présence de l’équipe (Yvan Attal, Pierre Arditi, Pascale Arbillot et Caroline Anglade), le jury a dévoilé son palmarès. Cinq prix ont été décernés :

  • Le prix du meilleur film adapté est revenu à L’Evénement d’Audrey Diwan. Cet excellent film a été récompensé au festival de Venise l’année dernière. Adapté du roman d’Annie Ernaux qui vient de recevoir le prix Nobel de littérature, L’événement aborde un thème (l’avortement) plus que jamais d’actualité, comme l’a rappelé la réalisatrice dans un message vidéo diffusé dans la salle.
  • Sara Giraudeau, Daniel Auteuil et Gilles Lellouche ont obtenu le prix d’interprétation pour le film Adieu Monsieur Haffman de Fred Cavayé.
  • Yvan Attal, qui tourne actuellement son prochain film à Nice et dans sa région, a été récompensé du Prix Romain Gary, créé par le jury.
  • Danièle Thompson et son jury ont désigné François Cluzet comme personnalité artistique ayant, par son travail et sa présence, participé fortement à l’image de la Côte d’Azur.
  • Le réalisateur Jean Becker a reçu un prix d’honneur pour sa carrière. Son dernier film, Les volets verts, était en compétition. Présent à Nice, il était venu en parler avec le public au Pathé Gare du Sud. Pendant le festival, il s’est également rendu à la cinémathèque pour présenter Le collier rouge, adapté du roman de Jean-Christophe Rufin.

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