À La Chapelle du Museon Arlaten (Musée de Provence), le lieu est géré par le département PACA, l’exposition “Lumières des Saintes” a lieu du 3 juillet jusqu’au 24 septembre 2023 de 9 h 30 à 18 h, elle évoque la ferveur des gens du voyage, autour de l’évènement du Pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer. Un sujet toujours passionnant, pour des communautés qui sont manouches, roms, gypses, gitans, saltimbanque ou bohémiens.
L’exposition a le mérite, de réunir, un maximum de photographes, de passionnés d’images, autour de ces communautés, parfois vues d’un oeil méfiant, mais qui font toute l’unanimité sur la foie, qu’ils entretiennent autour de Sainte Sara.
Une exposition collégiale, avec des noms très connus et d’autres moins.
Jean-Paul Anastay (1857-1935), André Barthélémy (1915-1991), Erwin Blumenfeld (1897-1969), Gaston Bouzanquet (1866-1937), Michèle Brabo (1916-2013), Lucien Clergue (1934-2014), Nigel Dickinson (1959), Jean Dieuzaide (1921-2003), Martine Franck (1938-2012), Georges Glasberg (1914-2009), François Kollar (1904-1979), Lore Krüger (1914-2009), Joseph Y. Pissarewsky (1914), Jean Ribière (1922-1989), Ferdinando Scianna (1943), Jeanne Taris (1959), Sabine Weiss (1924-2021) et Chiki Weisz (1911-2007).
Cette exposition a le mérite de présenter une ontologie des gitans autour de l’élément photographique du pèlerinage qui se déroule tous les ans aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Gitans, Manouches, Roms et Voyageurs de France et d’Europe honorent sainte Sara, comme énoncé plus haut dans l’article. Malgré l’hostilité dominante et les bruits qui courent comme quoi le pèlerinage va se terminer, il n’en reste pas moins un évènement de la vie de la cité, comme un lieu de retrouvailles et un espace majeur d’expressions sociales, religieuses ou artistiques.
“Dès le XIXe siècle, les photographes tentent de saisir les manifestations du sacré et l’image d’une population qui suscite répulsion et fascination. Les reporters et ethnographes produisent alors des images archétypales qui alimentent les stéréotypes et la xénophobie. Dans les années 1930, des artistes d’avant-garde, exilés politiques ou fuyant l’antisémitisme, célèbrent au contraire les figures de la liberté et de l’insoumission face à l’exclusion et l’intolérance. Durant la Seconde Guerre mondiale, des images témoignent du contrôle du pèlerinage sous l’Occupation, alors que la répression s’amplifie en vue d’enfermer et d’anéantir « la race gitane ».
Dans l’après-guerre, le pèlerinage devient le lieu d’une cohésion retrouvée mais aussi d’émancipation culturelle et d’affirmation de nouvelles formes artistiques. L’essor du tourisme de masse transforme les célébrations et les nouveaux médias reproduisent les mêmes images à l’infini. Derrière ce miroir éblouissant, des photographes produisent d’autres regards : inspirés par l’humanisme des années 1950-1960 puis par la contreculture des années 1970-1980, ils recherchent la part singulière et profonde des sujets, et les rituels renouvelés de la spiritualité. Des expériences immersives – inscrites dans la longue durée – produisent des aventures photographiques inédites, à la rencontre de compagnons de route. Les images vernaculaires prises par les pèlerins produisent un tout autre récit : le pèlerinage devient un lieu à la fois public et intime, de transmission entre générations et d’expression de soi, le territoire photographique d’une émotion partagée.”
Ilsen About, chargé de recherche au CNRS, et commissaire de l’exposition a évoqué par ces mots, une exposition qui clairement met en lumière des tranches de vie, on admirera l’ingéniosité des photographes qui oeuvrent pour la mémoire d’un “peuple”. Les gitans, les manouches aiment à se définir ainsi.
D’autres infos : https://www.rencontres-arles.com
Eric Fontaine