À l’école nationale de la photographie, durant les Rencontres d’Arles, il vous reste encore un peu de temps, pour admirer le travail de Nicole Gravier, qui nous plonge dans la scénographie photographique des années publicitaires, ou des épisodes à l’eau de rose des magazines des années 70. Ça claque, et les clichés évoquent un univers particulier, chez une artiste qui comme Agnès Verda cultive le goût de la modestie !
C’est surement l’exposition de cette artiste à ne pas rater. Depuis, le 3 juillet et visible jusqu’au 3 septembre, de 10 h 00 à 19 h 30, le mundillo de la photographie, est venue à l’école nationale de la photo, pour Nicole Gravier, qui pour l’occasion s’est fait interroger, au travers les images d’élèves, qui ont dans un documentaire, brossé le portrait de la photographe.
En Italie, en France…
“Délaissant les moyens traditionnels de l’art au début des années 1970, Nicole Gravier explore, d’abord en France puis en Italie, les possibilités de la photographie comme instrument d’analyse et de décodage des images anonymes, pauvres ou populaires comme le photomaton ou la carte postale. Les nouvelles images générées par les médias de masse comme la télévision ou la presse magazine la conduisent à des détournements ironiques sur le monde de l’art et la condition féminine, à l’exemple de Mythes & Clichés, sa série de pastiches de photo-romans italiens dans lesquels elle se met en scène.” Damarice Amao souligne par ses mots, tout l’intérêt de cette exposition qui caractérise toute une époque de l’Instamatic.
L’historienne, Docteure en histoire de l’art, commissaire d’exposition et attachée de conservation au Centre Pompidou, s’est mise à notre portée, pour répondre à notre curiosité, sur l’incroyable parcours de l’artiste. Concevoir la photographie, dans l’antre de la créativité, est certes un leitmotiv, chez Nicole Gravier, mais il tient plus à un éveil de la curiosité et d’une certaine mise en scène, qu’à une stratégie artistique. L’homogénéité de l’exposition, vient aussi du fait que la photographe, est présente sur un grand nombre de clichés.
En gardant l’esprit “photomaton”, on peut aisément retrouver chez Nicole, un certain sens de la photo dite “familiale”, où le poser superpose le paraître, ou vis versa. Dans son parcours initiatique la photographe scrute son époque, et nous retransmet aujourd’hui, une technique qui au fond se marre bien, de ces imperfections de la photo, quand l’instamatic ne cadre pas à l’horizontal, l’ensemble de son sujet.
Toute une époque figée dans un regard partagé, entre ironie et humour !
Pour Nicole Gravier la vision de la photographie, s’évoque par l’éveil ou la conscience narrative de ce que l’on voit, il nous appartient à toutes ou à tous, de nous élever dans l’observation du réel. Lors du détournement de la publicité, ou des épisodes à l’eau de rose, que l’on trouvait dans les feuilletons, sous forme de B.D (photos), l’artiste se met en image également dans son labyrinthe de clichés, où apparaissant dans le style “carte postale”, elle reproduit à l’identique la photo, comme si l’espace temps n’avait aucune prise sur le présent.
L’exposition est à retrouver sur https://www.rencontres-arles.com
Eric Fontaine (Aux Rencontres d’Arles)