Un titre percutant et positif, inspiré de l’enfance de l’autrice, Niko Smith. One shot, disponible aux Éditions Rue de Sèvres le 16 Mars 22.

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Le décor :
Une route déserte traversant l’étendue des champs. Kansas. Collège.
Le proviseur et le professeur entament un discours sur les faits traumatisants passés. C’est le retour des vacances scolaires ! Les élèves sont invités, s’ils se sentent mal, à aller voir l’infirmière pour parler de leurs problèmes. Ils sont quand même inquiets pour Madame Winstone leur professeure d’arts plastiques, et demandent quelques nouvelles.
Tous, sauf Manuel, comme prostré sur sa chaise. Complètement embué et isolé de tout ce qui se passe autour de lui. Il a du mal à respirer, et c’est la voix du proviseur qui l’interpelle pour changer de place, qui le sort de sa torpeur passagère.
Les élèves doivent tous faire un exposé en groupes dans les semaines à venir. Manuel est invité à se rapprocher de deux autres élèves : Caysha, une jeune fille positive, pleine d’entrain, qui manifeste vite ses difficultés en mathématiques !!! Et Sebastian, fils d’un fermier des environs, amusant et réconfortant.
Malgré les échanges entre eux sur le sujet du futur exposé à venir, Manuel se « bloque » de nouveau sur cette porte de secours, condamné par les scotchs noirs et jaunes. Une nouvelle fois, c’est une voix familière qui le rappelle à la vie présente : Sébastian propose à ses deux partenaires, de commencer à travailler sur l’exposé chez lui, en rentrant du collège.
Le début d’une belle amitié et de nouveaux horizons salvateurs, pour le pauvre Manuel, assailli par un stress post- traumatique bien trop envahissant.

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Le point sur la BD :
L’espace d’un instant, un one shot percutant et poignant, dans lequel Niki Smith déroule son récit entre délicatesse et intensité. Ses graphismes sont empreints de ses souvenirs d’enfance dans le Kansas. A travers le passe-temps de Manuel, elle nous montre ces étendues de terre à perte de vue. Cette campagne isolée, où aucune habitation ne se touche. Le rapport des hommes, avec la terre, les animaux qu’ils élèvent. Et la passion des protagonistes pour un concours à venir, et un point d’attache artistique.
La difficulté également de parler avec ses proches, sa mère principalement. Celle-ci essaye d’être présente mais, à cause de son travail d’infirmière, elle est peu accessible. Le lecteur est régulièrement plongé, comme le personnage principal, dans ces espèces d’apartés de paniques dont il est sujet, suite au traumatisme subit. L’autrice alterne les pleines pages sombres, qui se resserrent immédiatement comme un étau. Un moyen pour le lecteur de comprendre ce qu’est la torpeur d’un choc post-traumatique.
On passe, dans ce one-shot aux Éditions Rue de Sèvres, entre ambiance anxiogène, et bouffée d’oxygène donnée par le passe-temps de Manuel et ses échanges amicaux qu’il crée petit à petit.

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La conclusion :
L’histoire d’une amitié et d’un passe temps salvateur. Pour sortir de la torpeur petit à petit, et poser des mots sur un fait traumatisant. L’espace d’un instant aux Éditions Rue de Sèvres est un one shot expressif et sensible détaillant avec justesse et pudeur les sentiments et le syndrome post-traumatique. Mais aussi, le bonheur des liens amicaux et de la découverte de l’univers des proches.
A proposer à l’étude dans les collèges, et à faire lire au plus grand nombre !!!