Festival de Cannes J7 : le retour de Spike Lee et de Lars Von Trier sur la Croisette

Pour débuter la deuxième partie du Festival, deux réalisateurs ont fait leur retour sur la Croisette avec des films très attendus : Spike Lee et Lars Von Trier

Lors de la première montée des marches de la soirée, Spike Lee paraissait particulièrement heureux de fouler le tapis rouge. Depuis plus de vingt ans, il n’était plus revenu à Cannes. La dernière fois, c’était pour Jungle fever. En 1989, il était passé très près d’une palme d’or amplement méritée pour Do the right thing. Cette année, il est venu défendre Blackklansman avec John David Washington, Adam Driver et Topher Grace notamment. Il raconte l’histoire vraie de Ron Stallworth, un officier de police afro-américain du Colorado, qui a réussi à infiltrer le Ku Klux Klan. Cette situation incroyable n’aurait pas pu se dérouler normalement si Ron Stallworth n’avait pas fait appel à un autre policier, Flip Zimmerman pour qu’il prenne sa place dans les réunions de l’organisation. En quelque sorte, deux Ron ont infiltré le Ku Klux Klan ; le vrai Ron parlait au téléphone avec les membres du clan, y compris le chef, tandis que l’autre le suppléait “en vrai”. Un duo de choc pour un “combat” nécessaire. Avec Blaackklansman, Spike Lee montre qu’il n’a rien perdu de sa colère et de sa fougue. Les dialogues sont mordants ; il reproduit le vocabulaire souvent cru des  discours racistes, de quelque côté qu’il soit. Les scènes les plus réussies  sont sans nul doute celles où l’image est coupée en deux, montrant chacun des clans, chacun des discours de haine prononcés à l’encontre de l’autre. La musique des années 70, accentue le dynamisme et la rage du film. En conférence de presse où il a été très applaudi, Spike Lee a insisté sur la nécessité d’un tel film pour éveiller les consciences. La situation telle qu’il l’a montrée dans son film dans les années 70 n’est pas si éloignée de ce qui arrive en ce moment aux Etats-Unis. D’ailleurs, à la fin du film, les images de l’émeute de l’été dernier à Charlottesville, qui avaient causé la mort d’une jeune femme, ne font que rappeler la situation dramatique actuelle de l’Amérique de Trump. Un film coup de poing.

Plus tard dans la soirée, c’est Lars Von Trier accompagné de Matt Dillon, qui a fait son grand retour sur le tapis rouge. Après ses propos très controversés sur les nazis et Hitler qui lui avaient valu le “statut” de “persona non grata” à Cannes, le conseil d’administration du Festival a accepté qu’il vienne présenter son nouveau film mais hors compétition. Avec The house that Jack built, il réussit un film-somme, qui reprend ses thèmes de prédilection avec une réflexion sur l’art. Les personnages principaux des films de Lars Von Trier sont très souvent des femmes. Là, il s’agit d’un homme : Jack. Au début du film, on entend deux voix, la sienne et celle d’un homme plus âgé, un certain M. Verge. Ils sont dans le noir et l’on devine qu’ils sont en train de marcher. Très vite, Jack ne va pas tarder à dire à cet homme qu’il a tué une soixantaine de personnes. Il va raconter plus particulièrement cinq de ses crimes, qu’il qualifie d’oeuvres d’art. La plupart des victimes sont des femmes. Jack est un ingénieur-architecte ; il débute la construction de sa maison puis la détruit, jamais satisfait. A l’image des crimes qu’il commet et pour lesquels il n’est jamais puni. Lars Von Trier parsème le récit de Jack de sentences et de tableaux qui apparaissent tels des flashs. Lors de la projection officielle, de nombreux spectateurs ont quitté la salle, choqués par les images de meurtres, parfois très macabres. Le film, n’est pourtant pas dépourvu d’humour dans les dialogues. Cà et là, apparaissent des images de ses films précédents, ou des images représentant Hitler. Peut-on faire de l’art avec du laid ? Cette question est comme le fil conducteur de son film. C’est là que l’on se demande si Lars Von Trier manie le second degré. L’ignominie de Jack ne peut que le conduire aux Enfers, celui de l’Antiquité, celui de Virgile et de l’Eneide. Lars Von Trier a encore une fois bousculé les spectateurs. On ne sort pas indemne de The house that Jack built.

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