Festival de Cannes J7 : Park Chan-Wook et David Cronenberg en compétition

Septième jour du festival avec le retour en compétition de deux réalisateurs très appréciés des cinéphiles : Park Chan-Wook et David Cronenberg.

Le réalisateur coréen avait marqué les esprits des festivaliers en 2000 avec le thriller Old Boy. Il était revenu en compétition en 2016 avec Mademoiselle mais était reparti bredouille. Pour cette 75e édition, il présente A decision to leave, un thriller raffiné teinté de romantisme. La première scène du film est vertigineuse : un homme est retrouvé mort au pied d’une falaise, que deux policiers vont gravir dans une nacelle pour le moins originale. C’est d’ailleurs cet adjectif « vertigineux » qui pourrait convenir le mieux pour qualifier l’état d’esprit dans lequel va se trouver Hae-Joon, le policier en charge de l’enquête. Il va interroger l’épouse du défunt et, malheureusement pour lui, ne va pas être insensible à son charme. Les interrogatoires se transforment progressivement en rendez-vous romantiques. Elle est chinoise, parle mal le coréen, ne semble pas émue à l’annonce de la mort de son mari et elle présente une écorchure à la main. Lui est marié avec une femme qui vit loin de la ville où il travaille et a du mal à dormir. Pour tuer le temps, la nuit, il fait des planques, souvent devant la maison de cet homme retrouvé mort au pied de la falaise justement. Cette veuve mystérieuse suscite bien des interrogations. Park Chan-Wook perd un peu son spectateur dans ce thriller romantique et psychologique. A partir d’une intrigue simple et classique, (la mort suspecte d’un homme et sa veuve mystérieuse), le cinéaste coréen nous entraîne dans un tourbillon un peu confus, mais toujours avec une virtuosité et une image soignée. Certains plans sont d’une grande beauté, comme en témoigne la séquence finale. Le film est quelque peu déroutant : il faut accepter de se laisser porter même si d’emblée, toutes les réponses ne sont pas claires. Une deuxième vision est sûrement nécessaire pour saisir toutes les subtilités de ce film riche, à la beauté formelle.

David Cronenberg nous a également un peu perdu aves se Crimes of the future. En 1970, le deuxième film du réalisateur canadien portait déjà ce titre. En 2022, il est aussi question d’organes aux excroissances tumorales. Saul, incarné par Viggo Mortensen, se fait « pousser » des organes dans le corps, à des fins artistiques. Il forme avec Caprice (Léa Seydoux), un « couple » d’artistes qui se livrent à des performances pour le moins originales, qui consistent à opérer en public les corps pour en extraire des organes tatoués. Les personnages tirent leur plaisir de la déformation des corps, un peu comme ceux de Crash. Pas d’accident de voiture ici mais des machines d’un futur plus ou moins éloigné qui remuent, malaxent ces corps mutants pour mener au plaisir dans une « nouvelle » sexualité. Tout le film soutend cette notion de beauté intérieure. C’est d’ailleurs à ce concours que va s’inscrire Saul, en proposant « l’autopsie » d’un jeune enfant, mangeur de plastique, tué par sa mère pour son père. L’artiste suscite la curiosité et les interrogations des responsables du Registre National des Organes (Don McKellar et Kristen Stewart, pas insensible au charme de Saul). Résumé ainsi, le film paraît d’une extrême confusion mais, finalement qu’importe. On se laisse entraîner dans l’univers fantasmagorique de David Cronenberg. Crimes of the future est un film inclassable certes dérangeant mais surtout fascinant, et sophistiqué, porté par une sublime photographie. Il y avait foule aux pieds des marches et dans la salle pour voir le casting cinq étoiles de Cronenberg (Viggo Mortensen, Léa Seydoux, Kristen Stewart). Pas sûr que ceux qui ont découvert le film aient tous été conquis par ces artistes qui érigent la chirurgie des corps en art.

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