Festival de Cannes J8: le Festival a fêté son 75e anniversaire

Mardi, le Festival de Cannes a célébré son 75e anniversaire en grande pompe. Après une montée des marches exceptionnelle, Louis Garrel a présenté son dernier film, L’innocent, une comédie très réussie. En compétition, le jury et les festivaliers ont pu découvrir Tori et Lokita des frères Dardenne ainsi que Nostalgia du réalisateur italien Mario Martone.

A 18 heures, les photographes ne savaient plus où donner de la tête sur le tapis rouge. En effet, pour célébrer le 75e anniversaire du Festival, se sont succédé sur les marches près d’une centaine de personnalités du cinéma, anciens lauréats de la Palme d’Or, des prix d’interprétation, acteurs, actrices et réalisateurs venus du monde entier. Dans la salle, après le discours de Thierry Frémaux et de Pierre Lescure dont ce sera le dernier festival, ils sont tous montés sur scène pour une photo de famille exceptionnelle. Il y avait notamment Sophie Marceau, Isabelle Huppert, Emmanuelle Béart, Vincent Lindon, Claude Lelouch, Jean Dujardin, Sandrine Kiberlain, Sabine Azéma, Gael Garcia Bernal, Mads Mikkelsen, Kristen Stewart, Chiara Mastroianni, Guillermo Del Toro, Costa Gavras pour ne citer d’eux. Un grand moment de cinéma que les spectateurs présents dans le Grand Théâtre Lumière ne sont pas près d’oublier.

Cette soirée-événement s’est clôturée avec la projection de L’Innocent, le dernier film de Louis Garrel. Une comédie très réussie comme on aimerait en voir plus souvent à Cannes. Non seulement Louis Garrel est un bon acteur mais il confirme avec son troisième film qu’il est aussi un excellent réalisateur. Dans L’Innocent, il incarne Abel qui s’inquiète pour sa mère (magnifique Anouk Grinberg), laquelle tombe facilement amoureuse de détenus. Comédienne, elle se rend souvent en prison pour animer des ateliers de théâtre. Elle est tombée sous le charme de Michel (Roschdy Zem) et l’épouse, ce qu’Abel ne voit pas d’un très bon œil. Ce dernier va encore plus se montrer inquiet lorsque sa mère et son beau-père vont acheter un magasin. S’ensuivent alors des scènes hilarantes où Abel suit Michel, persuadé qu’il est animé de mauvaises intentions. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu. Pour sa troisième réalisation, Louis Garrel s’est entouré de merveilleux acteurs: Anouk Grinberg, Noémie Merlant (drôle et touchante dans le rôle de Clémence, la meilleure amie d’Abel) et Roscdy Zem. Le film est une vraie réussite, une comédie intelligente et fine où l’émotion n’est jamais très loin.

En compétition, nous avons pu découvrir le dernier film des frères Dardenne, Tori et Lokita. Un film fort et bouleversant. Tori est jeune garçon d’une dizaine d’enfants. Orphelin, il a obtenu ses papiers en Belgique : il était menacé au Bénin, car il était accusé de sorcellerie. Lokita, elle, jeune adulte, ne parvient pas à régulariser sa situation. Elle s’efforce de prouver que Tori est son frère (c’est tout comme, ils sont arrivés ensemble en Sicile puis en Belgique) mais les entretiens se passent mal. Tous deux vivent dans un foyer et,le soir, ils vont livrer de la drogue au videur d’une boîte de nuit pour le compte d’un pizzaiolo. Il faut bien qu’ils rapportent de l’argent pour payer le passeur qui les a conduits jusqu’ici et pour permettre à la mère de Lokita restée au Bénin de subvenir aux besoins de ses autres enfants. Le film est sombre et pessimiste. Comme tous les personnages des frères Dardenne, Tori et Lokita se battent, ne se laissent pas faire pour tenter de (sur)vivre dans la société. Mais, malgré tous leurs efforts, la violence de la vie finit par les happer. Pour obtenir de faux papiers puisque l’administration refuse de lui accorder le droit d’asile, Lokita tombe dans le piège de trafiquants de drogue. Elle est prise dans un engrenage dont elle ne peut se sortir. Le film est sombre et désespéré. Dans ce monde qui semble dépourvu d’humanité, seule l’amitié profonde entre Tori et Lokita, qui vaut bien plus que les liens du sang, vient apporter un peu de lumière. Les frères Dardenne ont l’art de révéler de jeunes comédiens. Joely Mbundu et Pablo Schils sont bouleversants. A l’issue de la projection, le film a reçu une ovation amplement méritée. Les frères Dardenne sont-ils en route vers une troisième Palme d’Or ?

Après le bouleversant Tori et Lokita, nous avons vu Nostalgia de Mario Martone, qui nous plonge au cœur de Naples, véritable personnage de ce superbe film. Felice s’est éloigné de sa ville natale depuis quarante ans. Il vit désormais en Egypte. Il s’est marié, est chef d’entreprise et il est devenu musulman. A son retour à Naples, il retrouve sa mère, en fin de vie et cette ville qu’il doit se réapproprier. Il peine même à parler correctement napolitain. Il va se tourner vers le prêtre de la paroisse où allait sa mère, dans le quartier de la Sanita. Ce dernier va le présenter aux jeunes, aux familles du quartier pour faciliter son retour. Car Naples n’est pas une ville comme les autres. Violente, elle est souvent en proie à des crimes commandités par la mafia. Si Felice est revenu dans sa ville natale, c’est qu’il avait à cœur de faire la paix avec son passé et surtout avec son ami d’enfance, Oreste. Il y a quarante ans, ils faisaient les quatre cents coups ensemble jusqu’à ce qu’un drame survienne, qui a ravagé Felice. Cet admirable film de Mario Martone évoque la nostalgie bien sûr, ces souvenirs du passé qui peuvent être heureux et aussi malheureux, mais il montre également une ville unique, en proie à la violence. La lueur d’espoir vient du jeune prêtre, mu par l’envie de sauver ses jeunes d’un destin trop souvent funeste.

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