Ivo Van Hove au théâtre Anthéa d’Antibes avec Journal d’un disparu de Leos Janacek

Après avoir triomphé avec la Comédie Française à l’ouverture du Festival d’Avignon avec  l’adaptation théâtrale des Damnés de Visconti, le metteur en scène Ivo Van Hove s’attaque à l’opéra de Leos Janacek,  Journal d’un disparu.

Créé en 1921, Journal d’un disparu retrace, en vingt-deux chants, l’histoire de Janik, un jeune villageois qui, follement épris de Zefka, une Tsigane, brave les interdits de son époque et rompt avec les siens. Il abandonne tout pour suivre la jeune femme. Au moment de composer cette œuvre, Leos Janacek tombe lui-même éperdument amoureux de Kamila Stosslova, de trente ans sa cadette.

Ivo Van Hove a fait le choix de transposer de nos jours le conte de Janacek, dans une œuvre courte (elle dure une heure) et sobre.  Janik n’est plus un paysan mais un photographe réputé qui s’éprend de son modèle. En outre, le spectacle est enrichi des lettres d’amour du compositeur à sa muse, apportant ainsi à la narration une résonance autobiographique.  Enfin, la partition originale a été complétée par la compositrice Annelies Van Parys. Ces choix dramaturgiques et scéniques soulignent encore davantage l’intemporalité de l’amour : les deux histoires se superposent tandis que les époques cohabitent.

Journal d’un disparu (crédit photos : Jan Versweyveld)

Sur scène, trois personnages évoluent dans le décor de l’appartement d’un photographe. Zefka , la Tzigane, apparaît d’abord seule ; elle s’ennuie dans ce grand appartement et regrette de n’être aimée qu’à moitié par un homme veuf. Puis apparaît la pianiste qui ne va cesser d’ accompagner les chants pendant tout le spectacle. Enfin, dans ce décor dont personne ne sort et qui semble traverser les époques,  rendant  l’atmosphère oppressante, arrive ou plutôt arrivent les deux incarnations de  Janik : jeune, interprété par le ténor Andrew Dickinson et plus âgé, interprété par le comédien Hugo Kooschijn. Le premier a tout quitté pour suivre Zefka, dont il a eu un enfant. L’autre, comme la deuxième face de cet homme,  semble avoir renoncé à la jeune femme ; il tient l’urne funéraire d’une épouse à laquelle il a manifestement donné la moitié de son cœur. Deux possibilités, deux hommes dont les choix ont conduit à deux histoires différentes. Mais est-on vraiment maître de ses décisions ? Les chants de Zefka et de Janik font référence à plusieurs reprises au destin, contre lequel on ne peut lutter. L’œuvre prend alors des accents de tragédie grecque. L’une des plus belles scènes montre Janik, âgé, tentant d’étreindre la photo du corps nu de sa maîtresse qui est projeté sur son propre corps. En vain. Il ne peut lutter contre le destin.

A la fin, les trois femmes qui composent le chœur sortent des coulisses. La tragédie grecque et la loi implacable du destin continuent de résonner longtemps après avoir quitté la salle.

A propos Laurence

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Un commentaire

  1. Une excellente mise en scène de Ivo Van Have, j’ai beaucoup apprécié.

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