Un petit Dubernet, et la vie te sourie. Dubernet qui ? Karine Dubernet, une saltimbanque qui bourlingue depuis 20 ans sur les planches. La petite a fait des études de clown, ça lui a pas trop réussi, enfin c’est ce qu’elle dit. Le théâtre, elle a ça dans le sang : de Molière (Le Médecin malgré lui) à Feydeau (Mais n’te promène donc pas toute nue !), en passant par Jean de la Fontaine (Bêtes de scène).
2011 est son millésime médiatique avec « Les Bonobos » de Laurent Baffie, avec qui elle écrit son premier one woman show « Karine Dubernet vous éclate. » Par la suite elle récidive avec « N’importe quoi. » Pour mieux revenir avec un mantra scénique autobiographique « Souris pas. »
Un cépage fruité avec une robe légère. Proche d’un bordeaux au caractère généreux. En bouche c’est pétillant. Mais le retour peut surprendre, un sucré-salé avec une pointe d’amertume. Le Dubernet 2019 porte bien son nom, derrière le sourire, l’émotion est palpable.
Souris pas, bois !
Dans le paysage actuel des seul en scène, celui de Karine Dubernet fait du bien. Car c’est un one woman show pur jus. Elle ne cherche pas à réinventer la frontière spongieuse entre le one man et le stand up. Elle nous raconte tout simplement une histoire en interprétant plusieurs personnages. Un retour aux fondamentaux du seul en scène, qui met en valeur son écriture et talent de comédienne.
Karine Dubernet simule sa mort pour se raconter. Une autobiographie pince sans rire au rythme effréné, où se côtoie une galerie de proches réels et rêvés : une « Klaus » barbie ultra-féministe, la tenniswoman Martina Navrátilová en confidente « goudou », une mère fumeuse je m’en foutiste à l’amour vache … Derrière cette urgence vitale, se dessine le portrait d’une artiste combative et meurtrie. Par l’amour, les échecs, les désillusions, la vie d’artiste.
In vino veritas
Une thérapie à la fois ludique et sincère. Inventive dans sa mise en scène, et magnifiée par une interprétation à fleur de peau. Karine Dubernet marrie à merveille son expérience théâtrale classique, de boulevard, de clown, et de one man à l’humour potache qui claque. « Souris pas » est un assemblage d’influences riches. Une mise en bouche représentative d’un jeu multiple toujours juste.
Le Dubernet 2019 mérite d’être vu. Il se déguste en une petite heure, c’est assez enivrant pour en espérer une version magnum. Et pour tous ceux et celles qui se demandent depuis le début, pourquoi je compare la prestation de Karine Dubernet a un bon bordeaux. La réponse est à découvrir sur scène. A consommer sans modération.
Karine Dubernet « Souris pas ! »
Les dimanches à 18h40 au Point Virgule
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