“La loi du corps noir” de Félicien Juttner à la salle des Franciscains à Nice du 7 au 10 février dans le cadre du festival Trajectoires

Le Festival Trajectoires continue jusqu’au 10 Février dans différents lieux culturels du département des Alpes-Maritimes. Après « J’ai trop d’amis » de David Lescot, la salle des Franciscains du TNN accueillera « La loi du corps noir », une pièce mise en scène par le comédien Félicien Juttner, qui a été, le mois dernier, un formidable Géronte dans « Les Fourberies de Scapin », dans la salle de La Cuisine.

Un incendie a ravagé la bibliothèque d’un établissement scolaire. Deux mères, deux fils. Lequel des deux adolescents a allumé le feu ? Qui est le vrai responsable ? Peut-on découvrir la vérité en cherchant un coupable ? Lorsqu’on tient un coupable, tient-on la vérité ? Tragédie sociale où l’enquête policière se confronte à l’enquête sociale.

Avec « La loi du corps noir », Félicien Juttner s’intéresse au concept de Vérité, à « ce que nous désignons comme étant vrai ». Une question complexe qui sera également au cœur de ses deux prochaines pièces.

Comédien, auteur, metteur en scène, Félicien Juttner est tout cela à la fois. Alors qu’il venait à peine de quitter le costume de Géronte, il a enchaîné avec les répétitions de « La loi du corps noir », qui sera sur la scène des Franciscains du 7 au 10 février. Pour la première fois, il dirigera Muriel Mayette-Holtz, pour laquelle il était Géronte le mois dernier, témoignage d’une belle complicité qui unit ces deux passionnés de théâtre depuis plusieurs années.

Quelques jours avant la première de la pièce, Félicien Juttner nous a accordé une interview par téléphone. Enthousiaste et disponible, il nous a longuement parlé de « La loi du corps noir », qu’il a hâte de présenter à Nice, sa ville natale.

France Net Infos : « La loi du corps noir » a pour point de départ un fait divers et nous interroge sur notre rapport à la vérité…

Félicien Juttner : Je suis parti d’adolescents qui mettent le feu à des poubelles. Dans la pièce, j’ai imaginé l’incendie de la bibliothèque d’un lycée. C’est une bêtise d’adolescents qui vire à la très grosse bêtise et qui aura des conséquences sur les vies des uns et des autres. Il y en a un que tout accuse et un autre que tout excuse. L’argument de la pièce est : tant qu’on cherche un coupable, au mieux on trouve un coupable mais rien ne dit que l’on ait trouvé une vérité. Au début, l’enquête est banalement policière puis elle devient philosophique et sociale.

France Net Infos : On se doute que c’est justement cette enquête sociale qui vous intéresse…

Félicien Juttner : Exactement ! Bien qu’il y ait un personnage s’appelant l’inspecteur, il n’a un rôle d’inspecteur de police que dans une seule scène. Le reste du temps, il est un homme qui peut entrer et sortir de l’action pour être simplement un homme qui s’intéresse à la physique quantique, aux corps noirs. Comme il est question d’incendie dans la pièce, évidemment le corps noir a un autre sens… Ce personnage nous donne une autre grille de lecture à cette enquête.

France Net Infos : Les personnages sont énigmatiques et les questions que le spectateur est amené à se poser semblent nombreuses. Y-a-t-il des livres ou des films qui vous ont inspiré ?

Félicien Juttner : Sur le plan de la structure, je citerais Guillermo Arriaga qui est le scénariste d’Innaritu jusqu’à « Babel ». Il a également réalisé des films. Dans ma pièce, on est dans une chronologie explosée. Le spectateur doit mener seul une enquête, en recomposant la chronologie des événements. Je ne lui donne pas le début au début, ni la fin à la fin…

France Net Infos : Vous malmenez donc un peu le spectateur !

Félicien Juttner : J’essaye de lui donner à voir des choses dans un ordre qui lui fait se poser d’autres questions que d’habitude.  Je mets le spectateur dans la situation de devoir reconstituer des éléments et comprendre à quel point cela modifie sa compréhension du sens. Plus on avance dans la pièce, moins la question du coupable présente de l’intérêt.

France Net Infos : La pièce est présentée dans le cadre du festival Trajectoires qui met en avant les récits de vie…

Félicien Juttner : Ce qui m’intéresse, c’est le point de vue des gens et pas leur avis. L’avis, c’est ce qu’on pense tandis que le point de vue, c’est l’endroit depuis lequel on regarde quelque chose. Dans la pièce, l’incendie prend une certaine place selon la place où on se trouve. On ne voit pas tous la même chose de la même façon. Quel sens prend cet événement, ce fait divers dans la trajectoire, dans le trajet de vie de quelqu’un ? C’est ce qui m’intéresse. Il y a ceux qui sont tellement dans l’action et qui ne peuvent plus voir, ceux qui sont au contraire hors de l’action et qui sont spectateurs de la tragédie.

France Net Infos : Vous allez diriger Muriel Mayette-Holtz pour la première fois…

Félicien Juttner : Oui, avec Muriel on continue un partenariat qui a commencé il y a dix-sept ans, quand j’ai intégré la Comédie-Française. Jusqu’ici, elle m’a souvent dirigé et je m’étais promis que je le ferais à mon tour. C’est un bonheur total. Muriel est une amie et une artiste pour laquelle j’ai une admiration sans borne. On se comprend sans se parler et on va plus vite à l’essentiel. Sur le plateau, on partage un langage commun et c’est très appréciable !

France Net Infos : Après « La loi du corps noir », il y aura donc deux autres pièces dans la même veine…

Félicien Juttner : J’ai écrit la suivante. Elle s’appellera « La proie pour l’ombre ». Je ne me suis pas encore soucié de savoir si je la monterais. J’ai une idée de ce que sera la troisième. Je m’arrêterai à trois parce que je pense que j’aurais dit tout ce que j’ai à dire sur le sujet et puis ça me permettra de fermer un livre pour passer à autre chose.

France Net Infos : Hormis le théâtre, vous travaillez aussi pour la télévision et le cinéma….Quels sont vos projets en tant qu’acteur ?

Félicien Juttner : Dès le lendemain de la dernière représentation de « La loi du corps noir », je partirai à Paris pour rejoindre Prague où je vais tourner une série étrangère. Ensuite, je reviendrai à Paris pour tourner une série pour Amazon avec Booba. Au cinéma, j’ai tourné dans « Le consentement » de Vanessa Filho adapté du livre de Vanessa Springora. Je joue un amant passager de Laetitia Casta qui interprète la mère de la jeune fille. C’est un rôle confidentiel mais je suis ravi de l’avoir fait. Je pense que ce sera un beau film !

« La loi du corps noir » de Félicien Juttner du 7 au 10 février au TNN, salle des Franciscains.

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