Clap de fin pour la 23 ème édition Le Grand Bivouac – Festival du Cinéma documentaire et du livre à Albertville en Savoie. Sous la thématique « Fureur de vivre » , le festival qui s’est déroulé du 14 au 20 Octobre dernier a rendu hommage, à travers le cinéma documentaire et la littérature à celles et ceux qui font face au chaos du monde .
Retour sur l’évènement avec Guy Chaumereuil , président fondateur du festival .
Après 3 jours de rencontres, de débats et de moments festifs, le festival Grand Bivouac a pris fin le 22 Octobre dernier. Quel bilan faites- vous de cette 23 ème édition ?
Derrière la sécheresse des chiffres de fréquentation – 29. 500 entrées en 7 jours, soit une nouvelle progression sur 2023 – je retiens surtout l’émotion ressentie par les festivaliers au sortir des salles et des témoignages – films, livres, interventions – qui leur ont été offerts. L’émotion et l’adhésion à notre objectif de « prendre le monde à témoin », ce n’est pas rien à l’heure où le doute, le découragement et de plus en plus la violence des mots et des comportements progressent dans l’opinion.
Quel a été pour vous le fait marquant du festival ?
Un seul ? Difficile ! Mais retenons la standing ovation qui a conclu l’intervention de Pierre Haski sur le Proche-Orient et dont lui-même s’est dit surpris. Qu’un journaliste – bien sûr de grand talent et fort d’une immense empathie – soit acclamé par 500 personnes debout et enthousiastes, c’est plutôt réconfortant, non ?
La thématique choisie : « Fureur de vivre » est un écho à la réalité du monde actuel. Était-ce une évidence pour vous d’avoir un tel sujet en 2024?
Choisir un thème plusieurs mois à l’avance et le « tenir » jusqu’au bout, ce n’est jamais évident. Mais nous pensions que cette intuition était la bonne pour évoquer le chaos du monde en montrant que, sur le terrain, des hommes et des femmes ne baissaient pas les bras, à l’heure où en France, au moindre petit problème, on semble parfois se noyer dans une verre d’eau…
À hauteur d’enfants… Ils sont souvent les « héros malgré eux »‘ de toutes les guerres, tous les exodes ou les rares sourires des camps de réfugiés. Mais ils sont aussi, quelques années plus tard, à l’adolescence, les premiers résistants, les premières sources d’énergie, les porteurs d’espoir. En rendant hommage aux femmes et aux hommes qui opposent leur « fureur de vivre » aux chaos du temps (thème 2024), le Grand Bivouac a beaucoup pensé à eux. En les portant à l’écran, cet hommage leur est aussi destiné.
C’ est le paragraphe spécifique dédié aux enfants que l’on peut trouver sur le site internet Le Grand Bivouac. Pourquoi était- ce important pour vous de leur rendre hommage ?
Oui, absolument. Je suis frappé de voir leur regard nous interroger, à travers nos écrans et au plus profond de nous-mêmes, sur les routes de l’exil, sous les bombardements, dans les camps de réfugiés, résilients sans le savoir peut-être, mais nous foudroyant à coup sûr de cette interrogation : et maintenant, où, quand et comment je vais grandir ?
Un mot sur le palmarès 2024 ?
Très puissant, vraiment ! Les jurys sont libres et indépendants. Donc, je peux saluer leurs choix ! Les femmes estoniennes de Smoke Sauna Sisterhood, le jeune Inuit de Chris et la baleine ou l’enfant irakien de Name me Lawand – dont la surdité profonde a trouvé un brin d’espoir en exil – méritaient largement d’être mis en valeur.
Que nous réserve la 24 ème édition ?
Stop ou encore ? Attention, je ne parle pas du festival…qui continue de se porter à merveille, croisons les doigts ! Mais de nos choix éditoriaux : faut-il faire un pas de côté et s’éloigner un temps des chaos ambiants ou poursuivre dans cette détermination que nous partageons avec notre public depuis plusieurs années de les affronter en pleine conscience, de les traverser avec courage avec l’espoir de les surmonter ? Vaste question. Nous avons quelques (petits) mois pour y réfléchir…