Mondial Placard : balance ton quotidien

Quand Feydeau à la sauce #MeToo rencontre The Office. Côme de Bellescize va sur un terrain glissant des plus hilarants. Interroger l’évolution des rapports hommes / femmes au travail, tout en abordant la transidentité par le travestissement. De la blague potache qui tâche au reflet d’une société qui placardise ses propres mœurs dans une incommunicabilité absurde, il y a un tiroir dans lequel Mondial Placard évite de s’engouffrer pour mieux nous questionner.

Chez Mondial Placard, on connaît la crise existentielle. Une femme va être nommée directrices des ventes. Et pour Laurent, jeune cadre dynamique qui prétendait à ce poste depuis des années, ça ne passe pas. C’est purement de la discrimination pour se donner une bonne conscience féministe. Il décide alors de se travestir afin de révéler cette injustice.

Benjamin Wangermée réussit à nous rendre sympathique Laurent, tant son combat semble sincère, dénué d’un relent masculiniste. Ce changement de sexe va le confronter à ses propres idées reçues. Entre un collègue misogyne adepte de la promotion canapé et une stagiaire ultra-féministe, sa duplicité se referme contre lui.

Balance ton placard

Côme de Bellescize utilise avec malice les codes du vaudeville. Les quiproquos et autres retournements de situation délirants s’enchaînent à un rythme effréné, jusqu’à faire de cette farce absurde une prise de conscience collective. Petit à petit le rire se crispe, alors que Laurent est victime d’un jeu de dupes. Tous les cadres ont travesti leurs idéaux. 

À l’image de notre société, fragmentée en communautés, où la différence d’opinions mène à la confrontation. Chacun des groupes défendant sa bonne vision d’un monde en continuelle évolution. Enfermé dans un tiroir de pensées où l’autre est déshumanisé. Mondial Placard fait rire tout en donnant à réfléchir, en caricaturant nos contradictions, sans jamais sombrer dans la vulgarité.

Une intelligente farce sur nos maux contemporains travestie en un vaudeville provocant.

Mondial Placard
Théâtre Tristan Bernard, jusqu’au 30 avril. 

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