“Première affaire” au cinéma : rencontre avec la réalisatrice Victoria Musiedlak et l’actrice Noée Abita

Mercredi 24 avril, sortira au cinéma “Première affaire”. Pour son premier long métrage, Victoria Musiedlak fait le porait de Nora, une jeune avocate (excellente Noée Abita), employée dans un cabinet d’affaires parisien. Un soir, alors qu’elle sort de discothèque, son patron (François Morel) l’appelle : elle doit filer à Arras pour défendre un jeune homme de dix-huit ans en garde à vue, suspecté d’avoir tué une jeune femme à coups de barre de fer. Arrivée sur place, dans un commissariat aux locaux délabrés, elle fait la connaissance de celui qu’elle va devoir défendre et du policier (Anders Danielsen Lie),  cynique, autoritaire et manipulateur, qui va se livrer à un jeu ambigu avec elle.

Nora va plonger dans sa première affaire pénale, malgré la désapprobation de sa mère qui ne supporte pas de la voir défendre un meurtrier et le conseil avisé de son patron qui préfèrerait qu’elle s’occupe de dossiers financiers. D’abord fragile et peu sûre d’elle, la jeune avocate va s’avérer bien plus forte que ne le laissent supposer les apparences et sa voix fluette et peu assurée. Au cours de cette “première affaire”, elle va grandir, découvrir l’essence même de son métier auquel elle va s’accrocher et affronter les inévitables désillusions de la vie et de l’amour.

C’est l’actrice Noée Abita qui interprète la jeune avocate Nora Aït. Découverte en 2017 dans “Ava” de Léa Mysius, elle a été à l’affiche du “Grand Bain” de Gilles Lellouche, “Slalom” de Charlène Favier ou encore “Les Passagers de la nuit” de Mikhaël Hers. Victoria Musiedlak ne s’est pas trompée en lui offrant son premier rôle de “femme adulte” comme elle le dit elle-même. Elle est magnifique dans le rôle complexe de Nora, tout à la fois fragile, sensible et forte.

En novembre dernier, nous avions avions rencontré Victoria Musiedlak et Noée Abita, à l’hôtel Splendid de Cannes, à l’occasion des Rencontres Cinématographiques où “Première affaire” avait été présenté en avant-première. En toute décontraction, nous avions parlé de la genèse du film, du personnage de Nora mais aussi du métier d’avocat.

France Net Infos : Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de Nora une jeune avocate inexpérimentée ?

Victoria Musiedlak : Ce qui m’intéressait, c’était de voir comment on fait cohabiter l’aspect intime et la fonction qu’on peut avoir dans la société. Avant ce film, j’avait fait un court métrage qui m’avait permis de fréquenter des cabinets d’avocats. J’avais trouvé ça passionnant. Et puis, dans mon entourage, il y avait une jeune femme avocate. Je l’ai vraiment vue changer en quelques mois lors de sa première affaire où elle devait défendre un grand-père accusé d’inceste. Elle rentrait de vacances et on lui a demandé de défendre cet homme placé en garde à vue ! Son parcours m’intéressait.

France Net Infos : Ce film est un récit initiatique et suit le parcours de Nora qui, à la fin du film, n’est plus la même qu’au début. Elle a grandi, a changé aussi bien moralement que physiquement. Noée, comment avez-vous appréhendé cette évolution ?

Noée Abita : J’ai réfléchi et j’ai beaucoup parlé avec Victoria. Il y avait tout un travail sur l’évolution des costumes. Le tournage s’est fait à peu près dans l’ordre chronologique. La scène de fin est arrivée à la fin du tournage. Quand c’est comme ça, c’est génial car le personnage grandit en même temps que l’acteur qui vit le tournage. Dans le scénario de Victoria, tout était très clair et très riche donc les choses venaient d’elles-mêmes. Avec Victoria, nous avons beaucoup discuté et réfléchi. Au fur et à mesure de ce plongeon dans l’histoire, en tant qu’actrice, j’ai compris les enjeux de mon personnage et ses prises de position par rapport à son métier.

France Net Infos : Dans le film, se pose aussi la question de la morale puisque Nora défend un homme accusé et peut-être coupable d’un horrible meurtre…

Victoria Musiedlak : Ce ne sont pas les avocats qui sont en charge de la morale. Ce sont les individus dans la société qui créent des valeurs en estimant ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. La morale évolue et la justice doit respecter la loi. C’est le devoir de l’avocat de défendre au mieux son client. J’ai eu l’occasion de discuter avec des avocats qui m’ont dit qu’ils s’interdisaient de défendre des terroristes. Au contraire, j’ai une amie qui préfère défendre les coupables. Il y a quelque chose de très technique dans cet exercice-là.

Noée Abita : Ce qui est intéressant chez Nora, c’est qu’elle choisit cette voie-là même si elle déplaît à ses parents. Elle assume son choix parce qu’elle découvre ses désirs qui lui sont propres. Elle apprend à bien faire son travail. Au début, elle est perdue.

France Net Infos : Avez-vous pensé tout de suite au fait que la famille de Nora soit réfractaire à cette affaire et qu’elle ait connu une histoire douloureuse en Algérie ?

Victoria Musiedlak : La nécessité de se dépasser d’un passé lourd est dans tous mes films. Plus il y a des histoires d’immigration et de guerre, plus c’est difficile. Pour moi, c’était essentiel de montrer d’où part Nora et les difficultés qu’elle peut avoir de s’arracher à sa vie, à sa famille, pour s’insérer dans la société et dans ce métier.

France Net Infos : “Première affaire” est votre premier film. Y-a-t’il des films ou des livres qui vous ont influencée ?

Victoria Musiedlak : Il y en a plusieurs. En fonction des aspects du film, j’avais des références différentes. Bien sûr, j’ai pensé aux films de Depardon sur le milieu carcéral. Pour le personnage de Nora, j’avais demandé à Noée de regarder le documentaire d’Eve Duchemin “En bataille, portrait d’une directrice de prison”, qui m’a beaucoup touchée. C’est une femme très diplômée, très sensible, et qui a du mal à construire sa vie. Le film de Kore-Eda “The Third Murder” m’a inspirée pour l’image. Pour un premier film, c’est rassurant d’avoir des références, pour ne pas s’égarer.

“Première affaire” de Victoria Musiedlak avec Noée Abita, François Morel, Anders Danielsen Lie… au cinéma le 24 avril.

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