Rencontre avec Jacques Weber

En ce moment, l’emploi du temps de Jacques Weber est bien chargé. Entre deux représentations de son spectacle “Weber à Vif” qu’il vient de terminer à la Scala de Paris et qu’il s’apprête à reprendre à Avignon, il a fait un détour par Monaco, au théâtre Princesse Grace, avec un autre spectacle, “Eclats de vie”, dans lequel, seul sur scène, il convie le public à un voyage littéraire, poétique et intime. En plus d’être un immense comédien, il est aussi un auteur de talent. En mars, est sorti son dernier livre “On ne dit jamais assez aux gens qu’on les aime” aux éditions de l’Observatoire. Un titre emprunté à la chanson de Louis Chedid, simple mais tellement riche de sens. Dans ce livre, Jacques Weber livre ses souvenirs, sans suivre un quelconque ordre chronologique. Ils sont parfois amusants, le plus souvent touchants et émouvants. Il évoque son amour de jeunesse, des personnes chères à son coeur qui ont aujourd’hui disparu, il parle avec tendresse de ses copains du Conservatoire, raconte sa rencontre avec Catherine Deneuve, Marcello Mastroianni, Simone Signoret et Yves Montand chez qui il a passé un réveillon du Nouvel An. Il dit combien il a été intimidé face à la Princesse Grace de Monaco que Robert Hossein lui avait présentée… Le livre se lit d’une traite, tant on a envie de suivre Jacques Weber au gré de ses souvenirs et de ses rencontres.

Quelques heures avant la représentation de “Eclats de vie” au théâtre Princesse Grace, il a eu la gentillesse de nous accorder une interview à l’hôtel Fairmont. Avoir en face de soi un si grand comédien est forcément intimidant. La voix de Jacques Weber, sa présence impressionnent. Pourtant, c’est avec spontanéité qu’il a répondu à nos questions et qu’il nous a parlé de son actualité théâtrale et littéraire.

 

France Net Infos : A Monaco, vous êtes seul sur scène avec le spectacle “Eclats de vie” et vous venez de terminer à Paris les représentations d’un autre spectacle, “Weber à Vif” où vous êtes accompagné de deux musiciens…

Jacques Weber : Dans “Weber à vif”, je ne suis pas accompagné mais je partage la scène avec deux musiciens, Greg Zlap, qui était notamment l’harmoniciste de Johnny Hallyday et Pascal Contet, un accordéoniste de talent.  Ce mélange entre l’harmonica et l’accordéon, entre un rocker et un musicien classique, c’était quelque chose d’absolument magnifique, d’autant plus qu’ils improvisaient chaque soir avec moi. Les textes se répondaient avec une improvisation musicale. C’était une joie de le faire. Après Paris, le spectacle sera joué à Avignon, à partir du 25 mai, pendant un mois.

France Net Infos : Etre seul sur scène est un exercice que l’on aborde différemment…

Jacques Weber : Je m’adapte à la sensibilité du moment. Comme disait Louis Jouvet, “au théâtre, on joue, au cinéma, on a joué”. Cela signifie que tout se joue au présent, ici et maintenant. Tout compte lors d’une représentation, le public, le lieu, le moment, l’émotion avec laquelle on entre en scène et la façon dont elle se transforme au fil de la représentation.

France Net Infos : Vous venez d’écrire “On ne dit jamais assez aux gens qu’on les aime”, un livre où vous racontez des souvenirs, des rencontres qui vous ont marqué..

Jacques Weber : Pour écrire, j’ai laissé ma mémoire me guider. C’est totalement dans le désordre. Il y a des gens connus, très célèbres et d’autres totalement inconnus. Il y a même des animaux ! Je parle notamment de Nénette, cette vieille orang-outang du Jardin des Plantes. Un peu plus loin, il y a un souvenir avec Grace de Monaco. Je parle aussi de Robert Hossein, de Depardieu, d’un cheval que j’ai énormément aimé, de mon chien Spartacus. Lorsqu’on parle des gens, on doit les situer, ce qui permet de retraverser une époque. En quelques phrases, c’est très agréable de faire rejaillir une époque.

France Net Infos : Pourquoi avoir écrit ce livre maintenant ?

Jacques Weber : Mon éditeur me demandait de réécrire un livre mais j’hésitais, je ne me sentais pas encore prêt à écrire un roman, qui nécessite un très long travail. En écoutant par hasard une chanson de Louis Chedid, “On ne dit jamais assez aux gens qu’on les aime” que j’ai trouvée très belle et très simple, je me suis dit qu’elle avait une résonance en ce moment, dans cette époque où règne cette espèce de mépris et de silence entre les gens. La plupart des gens sont sur leur téléphone et ne se parlent plus. Je me suis dit que le plus important était de dire aux gens qu’on les aime, de conjuguer ce verbe, celui du désir, celui de l’amour, celui de l’amitié et de la fraternité.

France Net Infos : Dans votre livre, vous ne cachez pas le fait que vous ayez été intimidé face à certaines personnes, Jeanne Moreau, Grace de Monaco, Marguerite Duras notamment…

Jacques Weber : Oui, mais comment ne pas être intimidé ? Je n’aurais pas aimé me donner le beau rôle dans un livre, en parlant de moi et de mes rencontres. J’ai horreur de ça ! Toutes les personnes dont je parle, je les admire pour des raisons différentes les unes des autres. Il y a aussi beaucoup d’inconnus dans le livre : Marie, Luc, Annette qui a été le premier grand amour de ma vie lorsque j’étais très jeune… Il y a quelque chose de l’ordre de l’admiration quand on aime. On peut admirer la beauté, l’intelligence, le sourire… Tout cela est très nuancé mais c’est très beau !

France Net Infos : Vous évoquez également les cafés, les restaurants où vous avez fait de très belles rencontres…

Jacques Weber : Je suis un fou des bistrots ! J’y travaille : je lis et j’écris dans des bistrots. Je peux y passer des heures. Je regarde les gens et je les écoute. Tous les matins, je suis debout à sept heures et je descends dans un bistrot en bas de chez moi. Il est tout près des grandes entreprises ; on y trouve des ouvriers, des ingénieurs, des peintres. J’entends les discussions et je prends le pouls du monde. Dans nos métiers, on est souvent dans des endroits luxueux ; c ‘est très réjouissant mais il faut faire attention de ne pas se déconnecter du monde. C’est très important d’être à l’écoute, sinon on va droit dans le mur ! Le réflexe de l’autruche est effrayant chez l’individu.

 

“On ne dit jamais assez aux gens qu’on les aime” de Jacques Weber, paru aux Editions de l’Observatoire.

“Weber à vif” à partir du 25 mai à la Scala d’Avignon.

 

A propos Laurence

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