A l’occasion de la sortie du dernier tome du 1er cycle d’O’Boys (édité chez Dargaud), la rédaction a pu rencontrer Steve Cuzor.
Le titre du tome 3, Midnight Crossroad, avertit le lecteur que le blues reste le thème central de la BD. « Crossroad » renvoyant à la chanson la plus connue de Robert Johnson (un des plus grands bluesmen).Et en effet, Huck Finn, qui a retrouvé son amie Suzie, part à la recherche de Charley Williams et nous entraine à la découverte de l’histoire du blues, dans la ville mythique de Memphis. On reste en Amérique, sur la période des années 30 et de la crise, un univers particulier qui passionne Steve Cuzor, et dont il se « sent proche graphiquement ». Il nous explique que les crises sont les moments les plus intéressants car « les écrivains se remettent à écrire, les poètes à composer, les musiciens à jouer […]. La crise provoque un dynamisme […], et la créativité revient. »
Il décrit le travail avec son nouveau « coéquipier », Stéphan Colman, avec entousiasme. Et nous explique également que ce dernier, qu’il qualifie de « vrai pro de la BD », l’a beaucoup aidé à progresser graphiquement ainsi que dans l’écriture de Suzie, son premier [vrai] personnage féminin. Steve Cuzor nous dit s’être « imposé ce perso », et qu’ « en terme narratif », il est plus à l’aise « avec la femme-mère qu’avec la femme fatale ».
L’ambiance de la BD est plus légère et noire à la fois ; certaines scènes avec Huck Finn sont comiques, tandis que la présence des tueurs est glauque. De plus, l’histoire est plus profonde, dans le sens où elle est plus tournée sur les personnages eux-mêmes et sur l’évolution des liens entre eux : on peut enfin dire qu’Huck Finn et Charley Williams sont amis !
On est loin du tome 1 et de sa libre inspiration de Marc Twain. La BD pour enfants est devenue progressivement une BD pour ados-adultes. Et d’après Steve Cuzor, l’évolution n’est pas finie. Dans tous les cas, rien que pour la dernière phrase, le dernier tome dO’Boys vaut la peine d’être lu, en espérant que l’évolution continuera dans le bon sens.