Soudain seuls de Thomas Bidegain au cinéma : rencontre avec Mélanie Thierry, Gilles Lellouche et Thomas Bidegain

Mercredi 6 décembre, sortira au cinéma le deuxième long-métrage de Thomas Bidegain, “Soudain seuls”, bien connu en tant que scénariste notamment des films de Jacques Audiard, de Bertrand Bonello  pour “Saint Laurent” ou d’Eric Lartigau pour “La famille Bélier”. Adapté du roman éponyme de la navigatrice Isabelle Autissier, “Soudain seuls” se concentre sur un couple, Ben et Laura, qui a décidé de faire le tour du monde en bateau. Arrivés près des côtes antarctiques, poussés par la curiosité et la beauté du paysage, il font un détour sur une île sauvage. Mais, une tempête éclate et leur bateau disparaît. Soudain seuls au monde, privés de tout moyen de communication, ils vont devoir lutter pour survivre. Ce qu’ils pensaient n’être qu’un malheureux contretemps va durer plusieurs semaines. Ils vont donc devoir lutter pour survivre à la fois physiquement et moralement. Leur couple va être mis à rude épreuve. L’isolement et la fatigue vont laisser éclater les rancoeurs et les non-dits, bouleversant ainsi les rapports dans le couple. Laura, qui semblait au début fragile, va gagner en assurance et en détermination tandis que Ben va s’avérer plus irréfléchi et plus enclin à paniquer. Au delà de la thématique de la survie souvent abordée au cinéma et en littérature, le film questionne sur le couple et la notion d’individu. Jusqu’où aller ? Doit-on se sacrifier, sacrifier l’autre dans un couple ? Comment une telle épreuve va ébranler ce couple en apparence ordinaire et solide ?

Mélanie Thierry et Gilles Lellouche sont les deux seuls interprètes de “Soudain seuls”. Ils sont épatants. Dire que le film repose sur leurs épaules est un euphémisme. On se croirait presque dans une tragédie classique avec le respect des unités de lieu, d’action. Seul le temps s’étire pour ces deux personnages qui doivent lutter pour leur survie. Le pitch de “Soudain seuls” pourrait en rebuter certains. Le deuxième long métrage de Thomas Bidegain ne saurait être réduit à un énième film de survie, dans un paysage magnifique mais hostile. Il est haletant, parfois oppressant et nous invite à la réflexion sur le couple, sur l’être humain mais aussi sur la nature toute puissante.

Le film a clôturé la dernière édition du festival Cinéroman qui s’est déroulé à Nice en octobre dernier. Nous avons pu rencontré Thomas Bidegain ainsi que les formidables interprètes de Laura et Ben : Mélanie Thierry et Gilles Lellouche.

France Net Infos : Le film plonge tout à coup un couple ordinaire dans une situation extrême…

Thomas Bidegain : Oui, c’était ça l’enjeu du film : prendre un couple ordinaire, qui ressemble à tant d’autres et les lancer dans une aventure et dans un lieu extraordinaires. J’avais envie que Gilles et Mélanie ne soient pas trop préparés et qu’ils prennent la situation un peu comme leurs personnages, avec la beauté des endroits où l’on a tourné mais aussi avec leur hostilité. C’est un lieu très minéral sans arbres, sans animal…

France Net Infos : Avez-vous pris des libertés par rapport au roman d’Isabelle Autissier ?

Thomas Bidegain : Enormément et avec l’accord d’Isabelle Autissier elle-même ! On est au cinéma : j’ai donc besoin de situations et moins de psychologie.

France Net Infos : Parmi les scènes marquantes du film, il y a la dispute très violente qui éclate entre Ben et Laura, qui se font plein de reproches et qui laissent éclater leurs rancoeurs….

Thomas Bidegain : Cette scène était importante. Ben et Laura se retrouvent seuls, sans écrans, sans travail, sans habitudes. Ils sont donc vraiment confrontés au miroir de l’autre. Tout sort dans cette scène parce que la situation est extrême !

France Net Infos : Mélanie, on voit ensuite que votre personnage, Laura, est plus forte qu’elle ne le pensait elle-même…

Mélanie Thierry : L’instinct de survie est présent ! On n’est pas fait pour renoncer. Il y a toujours un moment où on a envie de sortir la tête de l’eau. Finalement, être à deux, ça peut sauver. Qu’on ait envie de se déchirer parfois ou de se retrouver de façon charnelle et passionnelle, malgré tout, cette solitude à deux est plus douce et plus tendre…

Thomas Bidegain : C’est toute l’histoire du film. On va s’interroger sur la survie individuelle de Ben et de Laura mais aussi sur la survie du couple. Ben, à un moment, lui dit : “Ca sert à quoi de survivre tout seul ?” C’est un peu ça l’idée du film. En ce moment, le monde s’interroge sur sa survie et, en même temps, l’équilibre entre les hommes et les femmes est un peu en train de changer. C’est ça le film…

France Net Infos : Quels souvenirs garderez-vous du tournage ?

Gilles Lellouche : On avait une grande appréhension de tourner dans cette nature hostile, dans l’humidité, au milieu du vent et du froid mais, finalement, il y a eu quelque chose d’assez doux dans l’énergie de ce que la terre m’a donné, avec la beauté des auréoles boréales. Il y avait quelque choses de très paradoxal avec un côté hostile mais aussi un côté chargé d’une énergie que j’ai trouvé très bienveillante. C’est une terre absolument inouïe !

Mélanie Thierry : Au début du tournage, on se dit que l’endroit est fascinant, mystique et on est émerveillés puis, lorsque les jours passent et se répètent, rien ne change. Cet endroit que l’on prenait plaisir à retrouver le matin au début du tournage, finit par être angoissant, oppressant. Rien qu’en s’en approchant, il y avait cette sensation d’étouffement. C’est assez troublant parce que je sentais que me rapprochais dangereusement de ce que sentais mon personnage…

France Net Infos : Combien de temps a duré le tournage ?

Thomas Bidegain : Neuf semaines. On a tourné en Islande. On était une équipe ; on avait besoin d’être mobiles. On a tourné à peu près dans l’ordre, tant que la météo nous le permettait. Cette idée d’enfermement dans l’immensité, on l’a tous ressentie petit à petit.

France Net Infos : Le tournage a dû être très physique…

Gilles Lellouche : Oui parce qu’on était tout le temps dehors. Il fallait pas mal d’endurance et de moral aussi, à la fois pour les acteurs et pour l’équipe. C’était une espèce d’aventure collective ; nous vivions tous ce que vivaient les personnages. En plus, on n’a pas mangé grand-chose pendant le tournage ! Ce film nous a permis de vivre une aventure unique. C’est sans doute la plus belle expérience de cinéma que j’ai eue !

“Soudain seuls” de Thomas Bidegain avec Mélanie Thierry et Gilles Lellouche au cinéma le 6 décembre

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