Le tapis du salon : Annie Saumont

Annie Saumont, l’incontournable auteur contemporain de nouvelles, replonge son lecteur dans les méandres de l’être humain. Le lecteur est parachuté dans la vie banale de famille ou de personnages qui souffrent en silence.

Quel lien peut souder un poète maudit, une mère amoureuse de l’amant de sa fille, une enfant s.d.f….? Une fracture, la fatalité du destin !

Annie Saumont pointe encore le doigt sur ce qu’il y a de plus mauvais en l’homme. Elle dépeint une société sombre où le personnage retrouve une voix. La fin de chaque nouvelle est sans appel. Le constat est implacable. Il n’existe aucune possibilité d”échapper à sa destiné.

Annie Saumont joue avec les mots, les structures de phrases. Elle mélange la poésie à la nouvelle pour donner plus de crédibilité à son poète maudit. Elle utilise le style journaliste pour relater un fait divers. Annie Saumont maîtrise les différents genres qu’elle utilise toujours à bon escient.

L’avantage d’un recueil de nouvelles est de pouvoir être lu d’une seule traite ou par bribes décousues. Certes, celles-ci ont un point commun que le lecteur cherchera à trouver. Ne vous fiez pas au titre : il peut être trompeur.

Ce recueil est un pur bonheur de lecture. C’est un tableau morose et violent de notre société. Les constats sont amères et révèlent les travers de nos pensées les plus macabres.

Voici quelques citations tirées de ce recueil:

“J’avais connu des planches rugueuses sous les pieds nus, des tommettes usées, je n’avais jamais joui du confort d’un tapis. Je n’osais pas m’aventurer sur la douceur de la laine. Mes godasses boueuses y feraient des marques.”

” Donc la règle est que chacun doit faire de son mieux sans se comparer aux caïds ou aux nuls, sans attendre de récompense. Tout de même ce serait chouette si le prof il disait, Bravo. Pour la diction. Qu’on a rien oublié, qu’on a bien mis le ton. Puisqu’on veut un jour être comédien.”

” Une fille qui tient à ne pas manquer un coucher de soleil sur la mer s’intéressera-t-elle encore au fric, au confort, aux pelures ? Je me pose la question.”

” Jeanne et Vincent reconnaissent que le monde est dur, qu’on ne doit pas taire aux enfants les aléas de l’humaine condition.”