Au Sein de Paris – Le métier de nourrice au XVIIIe siècle

Marguerite est une nourrice qui a vu son métier largement évoluer au XVIIIe siècle. Elle a dû faire, à de nombreuses reprises, le trajet entre la Normandie et Paris pour aller chercher des nourrissons à allaiter, dans des carrioles transportant une dizaine d’autres nourrices. Un roman historique étonnant !

Dans son roman historique « Au Sein de Paris », Christian De la Hubaudière nous raconte l’histoire de Marguerite, une nourrice du Perche qui a vu son métier évoluer à grande vitesse au XVIIIe siècle. Alors qu’auparavant, les propriétaires terriens s’arrangeaient directement avec les familles de fermiers pour leur confier leurs nourrissons à allaiter, ce métier est devenu petit à petit un métier réglementé, devant l’abondance des demandes. En effet, les nourrices étant de plus en plus nombreuses car c’était l’un des rares métiers que les femmes avec enfants pouvaient exercer, et la demande étant si forte à Paris qui voyait sa natalité exploser et les femmes d’artisans se conformer à la mode de faire élever son nourrisson à la campagne, il fallait que tout soit organisé au mieux. Les curés des villages sélectionnaient et répertoriaient les nourrices pour le compte des bourgeois, les meneurs acheminaient les nourrices et les nourrissons entre Paris et la campagne, les bureaux de nourrices s’occupaient quant à eux de faire le lien entre les nourrices et les parents de petits à placer. C’est tout un système qui s’instaura. Et c’est ce système, dans le contexte historique très fort de l’époque, que nous relate l’auteur.

 

On ressent immédiatement la passion de l’auteur pour l’histoire. Ancien professeur du Perche, c’est en faisant des recherches dans les registres des paroisses et dans les minutes notariales qu’il a découvert que beaucoup de nourrissons étaient morts très jeunes entre Paris et la Normandie. Il s’est alors interrogé et a poussé ses recherches encore plus loin. C’est alors qu’il a découvert l’ampleur de ce système qui avait été instauré pour acheminer les nourrices jusqu’à Paris qu’elles ramenaient chez elles, dans leurs campagnes, alors que les petits étaient tout juste nés. L’histoire de Marguerite est passionnante, et elle s’inscrit dans un ensemble historique merveilleusement bien dépeint par l’auteur.

 

Christian de la Hubaudière a écrit plusieurs autres romans, la plupart sur la faïencerie : on retrouve ce métier dans « Au Sein de Paris ». Il nous est décrit minutieusement, et c’est un vrai plaisir à lire ! On s’attarde également beaucoup sur la dentellerie. Quant aux derniers chapitres, ils nous plongent directement dans les tumultes de la Révolution.

 

Roman historique, oui. Mais très romancé. Et c’est là que c’est très agréable. Le livre est très documenté, mais reste très accessible car tout est raconté sous forme d’histoire, celle de Marguerite et sa famille. Au fil des chapitres, les années passent. On commence en 1743 pour terminer en 1791. On suit ainsi l’évolution de la société, et le rôle très important des nourrices qui va mener petit à petit à l’émancipation des femmes et à l’amélioration de leurs conditions de vie, même plus tard, lorsque les nourrices dites « sèches » pourront continuer à s’occuper des nourrissons grâce au lait de vache.

 

Ce roman est passionnant. Il nous apprend énormément de choses. Christian De la Hubaudière est un auteur à suivre !

A propos Patrick Delort

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