Guarnido et Canalès nous offre encore une œuvre graphique à ne pas manquer ! Le tome 5 vient de sortir et il nous réserve bien des surprises.
Pour ceux qui ne connaissent pas bien la BD moderne et voudrait s’initier, les aventures du chat détective sont un bon moyen de découvrir l’œuvre de ces deux auteurs.
Story : Blacksad en a marre de faire le détective, un vrai métier de chien – façon de parler, en ce qui le concerne. Il aimerait se trouver « un boulot tranquille » où « personne ne serait tué ». En accompagnant Weekly à l’aéroport, il rencontre un Texan qui lui propose de conduire une voiture jusqu’à Tulsa. Le job idéal, pépère et bien payé. Mais Blacksad a le chic pour se mettre dans des situations impossibles : après s’être fait voler le véhicule par deux beatniks, le voilà qui se lance à leur poursuite. On s’en doute, la route ne sera pas de tout repos. Et sûrement jonchée de quelques cadavres…
Pour ma part, j’ai connu Blacksad par mon dealer de BD qui est toujours bien approvisionné, et ce dès le tome 1. J’ai tout de suite adoré.
C’est un univers où les caractères sont représentés en fonction de la personnalité et de l’énergie, sous forme animalière, dans un mouvement et une action que je trouve toujours juste. C’est tellement bien fait et bien travaillé qu’on voit tout de suite à qui on a affaire. Même les contres emplois sont justes. Un koala qui devient une terreur; on y croit. Un mouton biker qui ne se laisse pas crier au loup; on y croit. Le taureau poète; bingo également. Ou encore le flamand rose gangster ; super flippant !
Et je ne vous parle pas des autres guests dont les auteurs nous régalent : La soeur de Blacksad dont on tomberait amoureux si elle n’était pas sortie de leur bestiaire imaginaire. La pin-up du cirque, fille de bonne famille en planque, qu’on prendrait nous aussi sous nos ailes…et j’en passe, à vous de lire.
Juanjo Guarnido est un maître peintre qui devient presque Chaman lorsqu’il s’agit de nous montrer les forces occultes que recèlent tout être humain. D’ailleurs, j’ai souri lorsqu’un des personnages dit ‘nous les hommes’. À partir de quand fait-on dire à des animaux qu’ils sont des ‘hommes’ ? Leur facultés à vivre en société humaine, toutes ‘races’ confondues avec ses bons et ses mauvais côtés, et chacune ses qualités et défauts ? ou simplement le fait de ce verbe en mouvement ?
Quant à Juan Diaz Canalès, il distille toujours dans ses scénarios un sentiment de terrain connu mais aussi de découvertes permanentes…Une étrange familiarité avec ce qui est de la mémoire collective et de l’identification personnelle. Dans cette aventure bourrée de références à la Beat Generation, on assiste à un road movie sur fond de musique ‘Route 66’, musique de papier qui donne envie de réécouter l’époque de nos parents et grand parents. On peut y voir une équipe de bikers comme dans ‘la chevauchée sauvage’, un cirque comme dans ‘Sous le plus grand chapiteau du monde’ avec tous les personnages qui y font référence, et on plonge à la découverte de ces univers riches en couleurs en attendant le dénouement final.
Chaque album est une histoire entière. Voilà trois ans que nous avions eu droit au tome 4, on attendait celui là avec impatience et on est pas déçu.
Le traitement des couleurs continue de m’impressionner, et j’hallucine sur le trait et la finesse des sentiments. D’ailleurs petite anecdote : le tome 1 est une couverture noire, le tome 2 une couverture blanche, le tome 3 est rouge, le tome 4 est bleu, et le tome 5 jaune. Bref un travail sur les couleurs primaires lors de ces cinq albums, j’attends maintenant l’invention de la suite car il s’agit d’une série qui vivra longtemps !
De 8 à 80 ans et plus, tout le monde s’y reconnait. Ou s’y découvre…
Laurent Sao.