“Sur les chemins noirs” au cinéma : rencontre avec Denis Imbert et Jean Dujardin

Le 22 Mars sortira au cinéma « Sur les chemins noirs » de Denis Imbert, librement adapté du livre de Sylvain Tesson publié en 2017, dans lequel il fait le récit des 1300 kms qu’ils a parcourus, en arpentant les chemins de la diagonale du vide, depuis le Mercantour jusqu’au Cotentin.

Dans le film, Jean Dujardin interprète un écrivain explorateur mais il s’appelle Pierre et non Sylvain. Un soir d’ivresse, il a fait une chute de plusieurs étages qui l’a plongé dans un coma profond. Revenu à la vie, sur son lit d’hôpital, il se promet de traverser la France à pied et de parcourir plus d’un millier de kilomètres. Cet accident, on ne le découvrira qu’au milieu du film. Le réalisateur a fait le choix de parsemer les étapes du voyage de Pierre de flashbacks, éclairant chaque fois un peu plus les motivations de ce projet que ses proches jugent déraisonnable.

Jean Dujardin, est de toutes les scènes. On le voit et on entend sa voix raconter, lentement et avec mesure, les différentes étapes de son parcours géographique et de son voyage intérieur. En effet, pendant plusieurs semaines, Pierre va découvrir des paysages splendides, faire des rencontres inattendues et enrichissantes, plonger au cœur du monde rural et, d’une certaine façon, renaître. Alors que Pierre a parcouru le monde entier, ce chemin à pied sur cette fameuse diagonale du vide, fait figure de voyage initiatique.

Le mois dernier, Denis Imbert et Jean Dujardin étaient de passage à Nice, au Pathé Gare du Sud, pour présenter le film en avant-première. Pour les deux hommes, cette projection avait une saveur particulière puisqu’une partie du tournage a eu lieu dans la région, dans le Mercantour, la Vallée des Merveilles, des Alpes-Maritimes aux Alpes de Haute Provence. Lors de la conférence de presse, ils sont notamment revenus sur le tournage et leur rencontre avec Sylvain Tesson.

Une libre adaptation du récit de Sylvain Tesson

France Net Infos : Vous avez choisi d’adapter librement « Sur les chemins noirs », en n’appelant pas votre personnage Sylvain mais Pierre. Pourquoi ?

Denis Imbert : « Sur les chemins noirs » est sans doute le livre le plus intime de Sylvain Tesson. Avec Diastème, avec qui j’ai écrit le scénario, il a tout de suite été question de faire une variation. L’exercice n’était pas d’adapter le livre au sens strict mais d’en faire autre chose. J’ai fait lire le scénario à Sylvain Tesson car j’avais besoin d’avoir son retour. C’est à ce moment-là qu’on a décidé ensemble que le personnage ne s’appellerait pas Sylvain. Ca m’a offert une liberté de fiction. Ce n’est pas un biopic sur Sylvain Tesson. Je trouve que souvent les mauvaises adaptations au cinéma sont celles où on essaye de coller au récit.

Jean Dujardin : Il n’était pas question que je joue Sylvain Tesson. Je trouve la phrase de Jouvet très juste : « ne pas montrer mais laisser voir ». Quand je fais du feu, je le fais réellement. Pour faire ce film, on a fait le contraire de ce qu’on fait d’habitude : on a freiné.

France Net Infos : Sylvain Tesson a-t-il vu le film ?

Denis Imbert : Oui et ça a été un moment très émouvant. On était une quarantaine lors de cette projection. J’avais oublié la dimension autobiographique de cette histoire. Son père, Philippe Tesson, m’a saisi le bras en me disant qu’il venait assister à la mort et à la résurrection de son fils ! Sylvain était rassuré que j’aie pu faire figurer dans le film l’hyper-ruralité. Il y tenait vraiment.

Jean Dujardin : Je trouve le film assez bien dosé pour ne pas tomber dans l’opposition village/ville. On a poussé cette guerre de clochers à l’extrême. C’est dommage. Ca nous a semblé évident de faire la première avant-première à Aurillac. Que ce soit en voiture ou en train, c’est compliqué d’y aller…

« Un voyage intérieur dans un panorama extraordinaire »

France Net Infos : Dans le film, Pierre parcourt à pied la diagonale du vide…

Denis Imbert : Le film est un voyage intérieur dans un panorama extraordinaire qu’est la France, avec des territoires abandonnés de la ruralité. Pour filmer en montagne, on a considérablement réduit l’équipe de tournage. On était une dizaine, avec une caméra et une seule personne au son et on a mutualisé les postes. On s’est beaucoup adaptés. J’ai demandé à la production un minimum de production pour que je puisse refaire le chemin de Sylvain Tesson. Je ne pouvais pas raconter l’histoire d’un homme qui marche sans avoir été, moi, dans ses pas. J’ai fait le parcours en deux fois, notamment pendant le deuxième confinement.

Jean Dujardin : J’ai toujours marché, depuis que je suis môme. Je suis un acteur d’extérieur ! En parcourant la France lors du tournage, j’ai rencontré des gens très spontanément aimables, fiers de leur région. Je me suis dit qu’il avait fallu que j’attende près de cinquante ans pour découvrir mon propre pays.

France Net Infos : Dans le film vous marchez mais vous parlez aussi en voix off…

Jean Dujardin : Oui, j’adore la modulation de la voix off. Je l’avais déjà fait pour « 99 Francs » et je viens de le faire pour « Les gardiens de la planète ». Je trouve qu’il y a une confidentialité qui s’installe quand on parle dans un micro. Au début du film, j’ai plutôt chuchoté et je suis allé vers quelque chose de plus solaire à la fin, pour marquer la guérison. Mon corps a fait la même chose…

« Sur les chemins noirs » de Denis Imbert avec Jean Dujardin, Annie Duperey, Izia Higelin, Joséphine Japy, Jonathan Zaccaï au cinéma le 22 mars.

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