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L’histoire d’Ernest Boubouroche est tellement ordinaire qu’elle en devient extraordinaire. La Cie Et Pourquoi pas réussit à dynamiter les codes du vaudeville de Courteline en une fable follement absurde. Ça va vite, c’est super bien joué, et on se marre du début à la fin.
Cédric Godgrand est incroyable en Boubouroche touchant de conneries. Il fait de ce bourgeois naïf, un Droopy sympathique avec qui on a envie de boire jusqu’au bout de la nuit. Un véritable pigeon au grand coeur dont la vie est un dîner de cons. Cette empathie est la clé de cette ordinaire histoire de cocufiage. Elle pousse le curseur de la satire à un degré de farce néo-féministe complètement barrée.
L’égalité entre les sexes est rabattue. Le patriarcat infantilisé par une femme qui cache son amant dans le placard. Un jeu de dupes où l’émancipation rime avec capitalisation : voler Boubouroche pour se donner le pouvoir de contrôler son homme. Adèle Esseger et Grégoire Roqueplo composent un couple de profiteurs affreusement attachants.
Un vaudeville survitaminé à l’aburde
Chacun manipule l’autre avec une mauvaise foi assumée. La relation cocu – amant – femme libérée est exploitée jusqu’à l’absurde. À tel point qu’on perd toute logique. La preuve avec la partie de cartes de la manille. Les règles du jeu nous sont répétées et détaillées, mais restent confuses. Un non-sens digne du Kamoulox.
Cette adaptation regorge de trouvailles décalées avec une énergie cartoon communicative. Une mise en scène rythmée par des envolées philosophiques de comptoir. Toutes défendues par un hilarant Geoffrey Lopez, tel un Jean Gabin qui a de la bouteille pour un garçon de café. Cet humour à la Robin des Bois s’autorise tout.
L’ordinaire histoire d’Ernest Boubouroche est un cocktail survitaminé de second degré. À déguster entre deux shots de fous rires et de manille sous absinthe.
L’ordinaire histoire d’Ernest Boubouroche
Théâtre de Nestle, jusqu’au 31 décembre
