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Mougins 1963-1972, l’histoire de la gravure prend toute sa signification avec Aldo Crommelynck (1931-2008), graveur et surtout grand admirateur de l’oeuvre “Picasso”. Le musée-bibliothèque Pierre-André Benoit à Alès, consacre un assemblage d’oeuvres du grand maitre autour d’eaux-fortes réalisées par Pablo Picasso.
L’exposition est surement décalée, par rapport à la renommée internationale de Picasso, qui à travers le travail du graveur, dévoile un perfectionnisme, et surtout un foisonnement des traits, une performance des formes du dessin, que le peintre a voulu symboliser par également un assemblage de messages, dont certains peuvent apparaître subliminaux, tant la richesse du travail amène l’exigence et la perfection, comme peut-être on a rarement l’occasion d’analyser dans une exposition, presque intimiste au flan des collines de charbon.
Le graveur si discret mais tellement juste dans son travail des eaux-fortes !
Le Monégasque né en 1931, a su se faire une place dans l’antre du maitre de la peinture. Il s’est forgé une sensibilité, grâce à une fratrie très soudée.
Aldo Crommelynck, doit beaucoup à ses frères Piero Crommelynck et Milan Crommelynck, également graveurs et passionnés par la peinture et aussi la sculpture.Ils sont les enfants de l’écrivain et homme de théâtre Fernand Crommelynck. Très tôt, Aldo travaille dans l’atelier de gravure de Roger Lacourière dès l’âge de 17 ans et y rencontre Pablo Picasso, qui remarque l’habilité du jeune homme pour le travail des ombres sur la gravure.
La 2ème guerre mondiale passe et ce n’est seulement qu’en 1959, que les frères Crommelynck ouvrent un atelier de gravure à Paris, rue de Gergovie qui recevra de très nombreux artistes majeurs de l’époque comme André Masson, Alberto Giacometti, Jean Arp, Tal Coat, Zao Wou-ki, Hans Hartung, ou Joan Miró.
En 1963, Aldo et Piero s’installent à Mougins le village situé dans le Sud de la France, où ils travailleront notamment avec Picasso, qu’ils ont connu quelques années plus tôt, jusqu’en 1973 sur de nombreuses séries de gravures. C’est ce côté communautaire que le graveur aime auprès du grand peintre qui vit aussi une période que l’on pourrait qualifier de l’après mai 68.
Après la mort du peintre catalan, les frères Crommelynck retournent travailler à Paris, avant de se séparer en 1985, suite à un désaccord familial, mais aussi par opportunisme pour Aldo qui souhaite se lancer dans l’édition d’art. D’ailleurs, avec des amis mécènes, dès l’année 1986, Aldo Crommelynck part ouvrir un second atelier à New York en collaboration avec Daniel Wildenstein et sa galerie Pace-Wildenstein, devient au fil des ans, particulièrement influente sur la scène contemporaine américaine, voir internationale.
L’exposition Alésienne est remarquable par l’authenticité d’une collection qui a le mérite d’offrir un large panel de Picasso !
Sur les 750 planches qui regroupent l’entièreté du travail de Pablo, le musée PAB nous offre 48 gravures, grâce à l’étroite collaboration de Corinne Buchet Crommelynck la fille du graveur, qui quelques années après le musée Soulages à Rodez (2014), nous donne à contempler des oeuvres émouvantes, symbole d’un Picasso qui jusqu’au dernier souffle aura voulu être dans la perfection.
Plus d’info sur https://www.museepab.fr
Éric Fontaine (à Alès)
