Biréli Lagrène retourne au blues avec « Mouvements »

« Du blues avec un peu d’harmonie. » Telle est la façon dont le guitariste Biréli Lagrène, en l’une de ces formules elliptiques dont il a le secret, définit lui-même la musique de son nouvel album “Mouvements”. Qu’est-ce à dire ?A la suite de l’extraordinaire épisode du Gipsy Project, Biréli Lagrène souhaite se diriger vers de nouveaux horizons ? Oui, sans doute. Mais sans oublier tout à fait qu’à peine sorti de l’adolescence, notre guitariste, à qui la fréquentation de la musique de Django Reinhardt a très tôt appris à “aller voir ailleurs”, avait déjà côtoyé les Jaco Pastorius, et autres Jack Bruce et Ginger Baker (pour une ponctuelle reformation de Cream, Biréli reprenant à la volée la place laissée vacante par Eric Clapton !). Cette affinité avec une veine plus “noire” de son expression ne date donc pas d’hier : elle imprègne profondément ses fibres.mouvements bileri lagrene[1]

 

Retour au blues, donc. Ce qui peut au moins s’entendre ici de trois manières. Par le rythme, tout d’abord (le shuffle bien senti de “Jay” s’imposant dès l’ouverture de cet album), qui cultive généreusement le groove et les accents funky (“Captain Ferber”). Dans le son, évidemment, résolument “électrique” (incluant ce côté “sale”, devenu un élément incontournable de la modernité guitaristique), que justifie par ailleurs le choix de la formule (sax, orgue et batterie venant pour l’occasion en renfort, soit un des écrins privilégiés des six-cordistes d’exception, de Wes Montgomery et Jimmy Smith au Lifetime de Tony Williams, en passant par Electric Ladyland). Via la thématique enfin, qui fait la part belle à la blue note (“Where’s Frankie”, “Maybe Tomorrow”…).

Reste le groupe : en réalité, un combo de copains réunissant deux membres de la “garde rapprochée” du leader, Jean-Yves Jung (à l’orgue) et Frank Wolf (au sax), complices de longue date et partenaires de grand talent (on sait que c’est en telles compagnies que Lagrène donne généralement le meilleur de lui-même), rejoints par le drummer Jean-Marc Robin. Et le répertoire, constitué essentiellement (hormis “Oleo” et “Liebesleid”) de compositions. Parmi elles, le titre éponyme (l’emblématique “Mouvements”) apparaît comme un véritable joyau. Voilà en effet l’harmonie ! Soit l’un des terrains de prédilection de Biréli, et une nouvelle sorte de blues, réconciliant soudain Jean-Sébastien et les champs de coton. Clin d’œil, mobilité, virtuosité, l’intelligence musicale de Lagrène dans ce qu’elle a à la fois de plus raffiné et de plus palpable. Qui d’autre que lui aujourd’hui, à la guitare, pour nous distiller une telle légèreté, frappée d’élégance et d’un constant à-propos : une musique aussi joyeuse, en somme ?

Biréli Lagrène, nouvel album “Mouvements”, maintenant disponible

Biréli Lagrène sera en concert à Paris, le samedi 20 octobre 2012 au Trianon.

Réservations : http://bit.ly/OAFj6M

 

A propos celine.durindel

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