Le tueur du Bois Mesdames de Sebastien Viozat et Cedrick Le Bihan

Ca commence comme un fait divers sordide : dans un lac, prés d’un de ces coins de promenade où les joggeurs viennent courir et les gens se reposer, un pêcheur tombe sur le cadavre d’une jeune femme… qui a été assassinée et découpée en plusieurs morceaux. Et ce n’est visiblement pas la première victime d’un tueur en série qui sévit dans le secteur, terrifie les habitants, nargue la police et excite les journalistes.

C’est le point de départ de cette bande dessinée dont le récit va tenter par la suite d’aller dans une direction inattendue : en effet, un fois le court prologue passé, exit l’enquête, exit les modalités habituelles de la traque au serial killer, à travers le personnage ambigu du journaliste photographe Leon Clipsdale, l’intrigue va se nouer par le biais d’un huis clos étouffant autour d’un affrontement psychologique entre deux personnages de plus en plus inquiétants.

Outre qu’il a le mérite de déjouer de prime abord les attentes du lecteur, le scénario de Sebastien Viozat entretient efficacement le suspense d’un bout à l’autre de l’intrigue. Il joue avec l’identité trouble et l’immoralité de ses personnages et ménage de nombreux retournements de situation jusqu’à une ultime pirouette ironique à la toute fin, rappelant une des ces chutes à la Hitchcock qui viennent en bout de course nous rappeler que le crime ne paie jamais. Bref, l’auteur connaît visiblement ses classiques.

Mais c’est vraiment grâce aux dessins de Cedrick Le Bihan que l’album trouve un souffle. En effet, LE TUEUR DU BOIS MESDAMES est né de leur rencontre (par le biais du site Internet Café Salé) et leur collaboration est une vraie réussite. Si la couverture, très accrocheuse par ailleurs, suggère une terreur primale qui sera au final assez absente du livre, elle laisse deviner l’énergie et le dynamisme du graphisme crayonné de Cedrick Le Bihan qui feront tout le sel des 45 planches de cet album. Par le biais d’un découpage maîtrisé et de cadrages bien sentis, les deux auteurs savent installer une atmosphère dans les premières scènes puis nous tenir en haleine, y compris quand il s’agit de resserrer l’action dans un lieu clos et unique pendant la majeure partie du récit.

Les qualités les plus évidentes de ce thriller court, classique mais efficace provenant sans doute de l’osmose qui semble s’être opérée entre les deux auteurs, on est en droit d’espérer que Sebastien Viozat et Cedrick Le Bihan pourront à nouveau collaborer sur de futurs projets.

 

LE TUEUR DU BOIS MESDAMES – Éditions Même Pas Mal   – disponible depuis le 15 novembre 2012

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