MODÈLES D’ART DE LA VILLE DE PARIS
– LE MÉTIER NON-EXISTANT… ?
/REPORTAGE DE LA MANIFESTATION/
…Il y a bien longtemps, Paris était connu sur le monde entier comme le centre de la vie culturelle et artistique. Cet état des choses semble pourtant bien appartenir au passé – car actuellement, suite de la politique culturelle des mairies et du gouvernement – ce n’est plus la capitale de la France, mais New York, Rome ou Barcelone – qu’on évoque quand on se demande : « Où encore, l’art et la création subsistent aux tentatives des politiciens – de leur couper les ailes… ? »
Le traitement des métiers liés avec l’art, et le rapport des mairies – notamment de la mairie de Paris – avec les acteurs de la vie artistique, est un exemple frappant de la négligence et de manque de la reconnaissance.
On ne sait pas qui va manifester demain – mais hier, c’étaient les Modèles d’Art : les coopérateurs des artistes plasticiens et des Professeurs des Ateliers de la Ville de Paris – qui ont été poussés à exprimer leur colère et leur déception par la politique anti-art actuelle – en le faisant sous les fenêtres de la direction des Affaires Culturelles de la mairie, dans le 4ème arrondissement de Paris.
Et pourtant, tout a commencé il y a trois ans – on pourrait penser alors que l’affaire de l’absence de statut professionnel des Modèles d’Art, embauchés par la Ville de Paris à moindre coût grâce au voilage d’un statut dénigrant : « vacataires non-spécialisés », devrait être résolue il y a bien longtemps. Le fait que ce n’est toujours pas le cas, on s’explique facilement par l’intérêt de la Ville – celui d’avoir les salariés jetables, sans contrat, payés comme si leurs prestations ne valaient que l’argent de poche, les salariés sans droits véritables des salariés, et laissés sans ressources pendant chaque période des vacances scolaires, avec les longs mois de l’été compris.
MOUVEMENT DES MODÈLES D’ART
– UN PEU DE L’HISTOIRE
Qu’est ce qu’il y avait lieu il y a trois ans… ?
Il y a trois ans, les Modèles des Ateliers des Beaux Arts de la Ville de Paris étaient jusqu’à ce point désespérés, qu’ils ont décidé de manifester en nu intégral, dans le froid du décembre, au même lieu où on les a vus aussi hier.
Car il y a trois ans, les Modèles, épuisés par les conditions de leur travail, ont réagi par une révolte après la suppression et l’interdiction de « cornet » : un objet, en forme d’une boîte du métal, à laquelle jusqu’à là c’étaient les élèves qui mettaient la monnaie pour son Modèle dont la prestation ils appréciaient. Voilà ce qui récompensait – il faut dire que bien partiellement – le manque de la rémunération digne pour 100 Modèles de la Ville de Paris – et qui logiquement aurait dû se faire de la part de la Ville de Paris elle-même.
La mairie de Paris pourtant a bien eu l’idée d’interdire cette faible récompense – néanmoins, elle a manqué de bon sens pour admettre qu’il faudrait récompenser la suppression de… la récompense.
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L’état des choses d’aujourd’hui… ?
Les Modèles professionnels à Paris – la ville, comme on a dit – connue jadis comme le centre de tous les arts, surtout plastiques – sont retenus par les politiciens en situation des « vacataires artificiels », des « amateurs sans statut professionnel »: et depuis le début de leurs manifestations il y a 3 ans, les représentants des ressorts de la culture de la mairie n’ont pour eux que les sourires bien nerveux.
LE MÉPRIS ET LES ÉTIQUETTES BIDON
– « Cette semaine, je travaillais pendant 39 heures » – dit au mégaphone Gaëlle, la Modèle.
Normalement, un Modèle devrait pouvoir vivre dignement en assurant une séance de 3 heures pour les plasticiens par jour. Gaëlle n’est pourtant pas la seule parmi les présents ici, qui par la cause de manque de la rémunération digne pour ses prestations, n’a que mener une vie en enchaînant les séances et en se déplaçant d’un atelier à l’autre durant la journée entière.
Deuxième heure de la manifestation.
Clémence Van Lunen, la directrice pédagogique des Ateliers des Beaux Arts, fait son apparence dans la cour, mais aucun des Modèles n’essaie de l’inciter à la discussion. Elle-même non plus n’a visiblement pas d’intention de parler aux manifestants, en se limitant à questionner sur le nom d’une des Modèles, portant un grand chapeau sur lequel on voit les lettres : « Le Modèle en marre d’être plumé ».
– On sait bien qu’essayer de parler à la directrice pédagogique ne changera rien – avoue une des manifestantes. – Même si c’est elle, qui fait un intermédiaire entre nous et la mairie, les décisions de nous retenir dans la fausse situation des « vacataires » parviennent de plus haut, et vont parfaitement avec la politique du mépris de notre métier par les décideurs de la Ville de Paris.
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Bizarres ce sont les « vacataires » : ceux Modèles, qui pourtant ne remplacent de personne – mais qui exercent leur propre travail avec une étiquette bidon des remplaçants, tellement bien arrangeant les politiciens de la Ville…
Et qu’est ce que disent – les politiciens de la Ville… ?
Un texte de presse devrait bien sûr présenter les positions des deux, ou plus, des côtés opposés – on sait bien pourtant qu’à l’autre côté… n’a qu’un rire bucolique de monsieur Christophe Girard – adjoint au maire de Paris chargé de la Culture lui-même – qui depuis le début de l’histoire s’éclate en voyant dans les protestes d’un groupe professionnel une occasion de briller à la façon bien spécifique, en présentant au public les anecdotes croustillantes, comme celle que « le modèle de Courbet a certainement couché avec le maître ».
Certainement.
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BALLADYNA De Tempête
(l’auteure du texte est elle-même impliquée dans la lutte de Modèles d’Art)
témoin du dévouement des modèles de la Ville de Paris et de leur professionnalisme, convaincu qu’ils sont indispensables au maintien d’une activité artistique populaire, je soutiens leurs revendications.
et pourtant que seraient les artistes sans les modèles ? je songe à ce travail ereintant , vraiment je ne pourrais pas et n’aurais pas pu dans mes jeunes années trop de patience de don de soi , et en plus cette méconnaissance cette ingri