“Une affaire d’honneur” au cinéma : interview de Vincent Pérez et Doria Tillier

Pour sa quatrième réalisation, “Une affaire d’honneur”, Vincent Pérez nous plonge dans le Paris de la fin du XIXe siècle, où l’honneur se joue à l’épée. Les duels sont monnaie courante à cette époque-là. Tandis que les hommes lavent l’affront qu’on leur a fait à coup d’épée, de sabre ou de pistolet, une femme, Marie-Rose Astié de Valsayre, éprise de liberté et de justice, va se battre pour faire avancer le droit des femmes dans la société. Doria Tillier est très convaincante dans le rôle de cette femme déterminée, féministe en avance sur son temps tandis que Vincent Pérez s’est donné le rôle du colonel, assoiffé de vengeance. Un film très réussi, qui tient ses promesses jusqu’à la scène finale.

Nous avons découvert “Une affaire d’honneur” en avant-première, lors de la dernière édition du festival Cinéroman qui s’est tenu à Nice en octobre dernier. Vincent Pérez était accompagné de Karine Silla, son épouse et coscénariste du film, ainsi que de Doria Tillier, Noham Edje et Iman Silla, sa fille, qui tient un petit rôle dans le film. Avant d’aller présenter “Une affaire d’honneur” au public au Pathé Gare du Sud, ils ont répondu aux questions de la presse dans un salon de l’hôtel Négresco.

France Net Infos : En tant qu’acteur, vous avez souvent manié l’épée…C’était une évidence de réaliser un film qui baigne dans cet univers ?

Vincent Pérez : J’ai manié l’épée dans “La Reine Margot”, “Fanfan la tulipe”, “Le Bossu” notamment. J’ai fait une trentaine de duels au cinéma, à l’épée ou au sabre. J’ai eu la chance de pouvoir travailler avec de très grands maîtres d’armes. Ca fait des années que j’ai en tête l’idée de faire un film autour de l’art du duel. Le film est basé sur des faits réels ; la plupart des personnages sont inspirés de gens qui ont existé. Il s’est construit avec toutes les recherches que l’on a pu faire avec Karine Silla.

France Net Infos : Dans le film, il y a une femme, Marie-Rose Astié de Valasayre, qu’incarne avec brio Doria Tillier. Elle aussi a existé. Pourquoi avez-vous voulu qu’elle soit présente dans cet univers masculin ?

Vincent Pérez : Dans l’idée de départ, elle n’était pas prévue. Je voulais explorer le masculin et essayer de comprendre certaines choses. Dans nos recherches, on a découvert plusieurs personnages, des maîtres d’armes notamment puis on est tombé sur plusieurs articles mentionnant Marie-Rose Astié de Valsayre, qui était raillée par la presse. J’ai eu envie d’en savoir davantage sur elle. J’ai découvert qu’elle était connue à l’époque parce qu’elle s’était battue en duel, notamment face à une femme médecin. Puis, j’ai su qu’elle avait créé la première ligue féminine d’escrime. Elle était artiste, médecin, ambulancière pendant la guerre de 1870. J’ai retrouvé des écrits, des chansons qu’elle avait écrites. Elle se battait pour que les femmes aient le droit de porter des pantalons, ce qui était totalement proscrit à l’époque. Au début, ce personnage n’avait que deux-trois scènes puis, comme il était tellement fort et riche, on s’est dit qu’il avait toute sa place dans le film. Il s’est donc petit à petit imposé. Avec Karine, on est tombé amoureux de cette femme ! Quand on fait un film d’époque, il faut qu’il ait un écho avec aujourd’hui. Elle nous a apporté cette modernité. D’une certaine façon, le film parle de nous !

France Net Infos : Doria, quel regard portez-vous sur ce personnage ?

Doria Tillier : Quand j’ai lu le scénario, tout ce qu’elle disait et faisait me plaisait et les documents que j’ai trouvés la concernant me parlaient de façon totale ! Même si je ne l’aurais pas dit de façon aussi intelligente qu’elle, j’étais d’accord avec tout ce qu’elle avait écrit. Je ne fais pas vraiment de différenciation homme/femme. Il m’a semblé qu’elle non plus. Elle défend la liberté. Elle était très en colère parce que, à cette époque-là, les femmes, mais aussi certains hommes, manquaient cruellement de liberté. Elle le disait intelligemment avec les bons arguments.

Karine Silla : Cette femme était très belle mais elle ne s’en servait pas comme un outil de séduction. Elle regarde les autres comme des compagnons d’armes. J’ai une très grande admiration pour les acteurs et voir le moment où ils transcendent ce que l’on a écrit et donnent vie à des personnages, je trouve que c’est extraordinaire !

France Net Infos : Vous avez suivi une formation intense pour manier si bien le fleuret ?

Doria Tillier : Quand j’ai rencontré Vincent Pérez pour la première fois, il m’a demandé si je faisais de la danse ou de la boxe ! Pas du tout ! On a suivi une formation intensive pendant environ trois mois. C’était génial. C’est rare pour un acteur de jouer ce genre de scènes.

Vincent Pérez : Elle a beaucoup souffert ! Ce n’était vraiment pas facile, surtout pour la mise en vitesse, même si tout est chorégraphié.

Noham Edje : C’était plus facile pour moi parce que j’avais fait beaucoup d’arts martiaux. J’avais certains réflexes. Pour le film, je me suis entraîné avec Vincent Pérez qui a une grande expérience dans le domaine !

France Net Infos : Les combats sont filmés avec beaucoup de précisions. On s’y croirait ! Comment avez-vous fait ?

Vincent Pérez : En général, pour ce genre de scènes, on fait des plans très rapprochés. Le spectateur ne voit pas vraiment ce qui se passe. Là, il fallait que tout le monde bosse. Pour les combats, les acteurs se sont démenés. Avec la caméra, on a suivi une chorégraphie, en n’étant pas trop serré. Régulièrement, on s’est élargi. Non seulement, il y a le duel mais aussi ce qui se passe autour. Souvent, au cinéma, le récit s’arrête entre le début et la fin du combat. Je voulais qu’à l’intérieur du combat, on continue à raconter des choses avec les autres personnages. Il y avait des enjeux dramatiques. C’était un travail énorme. On a eu très peu de temps pour filmer. On a essayé d’aller vers l’essence des combats. On voulait que ce soit passionnant et beau.

France Net Infos : Il n’y a pas eu de blessés au cours du tournage ?

Vincent Pérez : Le seul qui a été blessé, c’est moi ! J’ai fait tous les combats avec une élongation au bras. Ca m’a un peu limité. Je me suis moins entraîné que les acteurs parce que j’avais une certaine expérience et puis je n’avais pas le temps. La semaine avant mon combat avec Noham Edje, j’avais oublié la chorégraphie. Je ne me suis pas assez échauffé et je me suis blessé à ce moment-là !

“Une affaire d’honneur” de Vincent Pérez avec Doria Tillier, Roschdy Zem, Damien Bonnard, Laurent Lafitte, Denis Podalydès, Guillaume Gallienne, Vincent Pérez, Noham Edje…

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