Le théâtre Anthéa d’Antibes, dirigé par Daniel Benoin, fêtera ses cinq ans en avril 2018. Depuis sa création, il offre une programmation riche avec des spectacles variés pour le plus grand plaisir des spectateurs qui viennent de plus en plus nombreux.
La première partie de la saison 2017-2018 a connu un beau succès et certaines représentations ont affiché complet.
Fabrice Luchini était de retour avec son magnifique récital poétique. Après le festival d’Avignon, Juliette Binoche accompagnée du pianiste Alexandre Tharaud au piano, a rendu hommage à Barbara dans un spectacle où tour à tour elle dit, chante les mots de la longue dame brune, avec délicatesse et sensibilité. L’émotion était également au rendez-vous avec Un pedigree, où Edouard Baer, seul sur le plateau, interprète des extraits du texte de Patrick Modiano. L’auteur, sous la voix du comédien, se livre avec une sincérité touchante et évoque son enfance et sa jeunesse un peu livrées à elles-mêmes, loin de parents qui le délaissent. Un jeune chien perdu qui va devenir un grand écrivain. Patrick Timsit également seul sur scène a lu des extraits du bouleversant Livre de ma mère d’Albert Cohen. Depuis longtemps le comédien avait envie de prêter sa voix au texte de l’auteur de Belle du Seigneur. Il réussit à nous tirer des larmes en disant les mots d’Albert Cohen qui rend un magnifique hommage à sa mère qui l’a tant aimé.
La pièce Croque Monsieur était très attendue. Nombreux étaient les spectateurs qui souhaitaient voir Fanny Ardant sur la scène du théâtre d’ Antibes dans le rôle de cette femme vénale, croqueuse de diamants, en quête d’un riche mari, après s’être retrouvée veuve et ruinée pour la cinquième fois. Le public d’Anthéa a également pu voir des pièces ayant conquis les scènes parisiennes la saison dernière. En novembre, Thibault de Montalembert, héros de la série dix pour cent sur France 2, incarnait un militant frontiste qui rencontre une jeune prof de gauche le soir du 23 avril 2017 dans Politiquement correct, pièce écrite et mise en scène par Salomé Lelouch. Une belle réussite due à des dialogues savoureux, tout en subtilité, pour parler d’amour et de politique, deux thèmes que les personnages de la pièce s’efforcent de faire cohabiter, pas toujours avec succès. Tableau d’une exécution écrite par Howard Barker dans une mise en scène brillante de Claudia Stravisky, a plongé le public dans la République de Venise en plein XVIe siècle, et l’a rendu témoin du destin d’une femme peintre, Galactia, à qui l’on a commandé un tableau pour commémorer la bataille de Lépante. Fidèle à son art, elle peint la vérité de la guerre dans toute sa crudité, en rouge sans, ce qui déplaît aux hautes autorités. La grande comédienne de théâtre Christiane Cohendy, donne toute sa profondeur à cette femme qui refuse de céder au devoir et qui place l’art au-dessus de tout.
Anthéa a proposé à son public une nouvelle création du collectif 8, L’île des esclaves de Marivaux. Avec une mise en scène novatrice, Gaele Boghossian et Paulo Correia ont accordé une grande place à l’image, à la vidéo et au son. Le sujet de la pièce est intemporel : il est très difficile de s’extraire du milieu social dont on est issu. Les codes qui les régissent rattrapent quiconque essaye de les fuir. Iphicrate, le maître et Arlequin, le valet, ont échoué sur une île déserte où les rôles sont inversés : les esclaves deviennent maîtres et inversement. Arlequin a très envie de profiter de cette situation mais Iphicrate, devenu son valet, est loin d’y être favorable. Il s rencontrent alors Cléanthis et Euphrosine qui sont dans le même cas. Jusqu’où le valet et la servante iront-ils dans leur nouveau rôle ? Cette adaptation qui rend moderne ce grand classique du théâtre a ravi les spectateurs et plus particulièrement le public scolaire.
Deux grands humoristes sont venus sur la scène de la salle Jacques Audiberti pour fêter leur retour : Dany Boon et Jamel Debbouze. Deux one man show hauts en couleur qui ont ravi les abonnés du théâtre. Ces spectacles ont très rapidement affiché complet.
François Morel était à Antibes pour son nouveau spectacle où il parle de la vie tout simplement. Dans une mise en scène de la chanteuse Juliette, accompagné de ses musiciens, il raconte des histoires où se côtoient la poésie, l’humour et l’émotion. Un spectacle plein d’humanité qui réchauffe le cœur et qui met de bonne humeur. En décembre, Anthéa a fait la part belle à la musique. D’abord, Michel Legrand, l’immense compositeur des musiques des films de Jacques Demy, était derrière son piano pour interpréter des airs de jazz et de variétés pour deux représentations. Puis, c’était au tour de la pétillante Olivia Ruiz de venir chanter ses anciens succès et les titres de son nouvel album, « A nos corps aimants ». Après son passage aux nuits du sud de Vence en juillet dernier, elle a à nouveau ravi le public avec un concert à l’énergie communicative. Enfin, à l’approche de Noël, Julien Clerc a fait étape à Antibes pour sa tournée des 50 ans. Les deux dates prévues étaient à guichets fermés depuis longtemps. Pendant deux heures, il a chanté quelques titres de son nouvel album mais il a surtout enchaîné ses succès incontournables que tout le monde attendait : « Mélissa », « cœur de rocker », « femmes je vous aime », « ma préférence », « ce n’est rien » et tant d’autres… Une soirée mémorable.
En janvier, place à de nouveaux spectacles, avec Shirley et Dino, Michel Jonasz, Angélique Kidjo, Philippe Découflé, Un air de famille…. Encore d’agréables soirées en perspective.