Lead Belly par Amaury Cornut : l’une des grandes voix oubliées du blues et du folk !

Son nom ne vous dit rien ? Sachez pourtant que Jonis Joplin, George Harrison, Keith Richards, Van Morrison, Kurt Cobain, Tom Waits Bob Dylan ont dit de lui qu’il est le musicien blues et folk le plus important de tous les temps. Retour sur l’histoire de l’une des grandes voix du blues et du folk et aussi l’une des plus méconnues.

Né autour de 1885 (la date n’est pas précise peut-être le 29 janvier 1880 ou 1889 !) dans une plantation près de Mooringsport,  petite bourgade située aux frontières du Texas et de l’Arkansas, Huddi William Ledbetter dit Led Belly est doté d’un talent inné pour la musique. À l’âge de cinq ans, ses parents déménagent pour Leigh, au Texas. Il y reçoit son premier instrument, un accordéon offert par son oncle. Vers 1905, alors âgé d’environ 12 ans, il prend son indépendance et gagne sa vie comme ouvrier agricole dans les plantations de coton, où les négros spirituals rythment les journée de travail. Le soir et les week-end, il est guitariste dans les « sukey jumps », ces fêtes organisées par les afro américains aux rythmes de danses endiablées, d’où il  tirera son endurance et la vélocité de son jeu de guitare. En parlant de sa jeunesse, Lead Belly prétend qu’il lui arrivait de coucher avec huit ou dix femmes par nuit. Et comme souvent une soirée arrosée finit en bataille rangée. Un soir, il sort un colt pour tirer sur homme mais le coup ne part pas. Il écope d’une amende de 25 dollars. Cette première rencontre avec la justice sera la première d’une longue série. Car Lead Belly est un personnage haut en couleur au parcours atypique parsemé de nombreux passages en prison. Son esprit vantard ainsi que son penchant pour la bagarre lui valent plusieurs déboires avec la justice. Il sera envoyé dans une prison du Texas pour la seconde fois, accusé d’avoir tué un homme lors d’une rixe en 1918, ce qu’il niera fermement toute sa vie. Condamné à vingt ans de prison, il est libéré seulement sept ans après son incarcération. La légende dit que sa libération est due à une chanson qu’il a écrite pour le gouverneur Pat Neff, mais officiellement, Lead Belly sera libéré pour bonne conduite.

A Dallas,  il se retrouve un soir médusé par le jeu d’un d’un guitariste mexicain qui utilise une guitare douze cordes. Les cordes sont doublées ce qui produit un son riche et puissant. Heureux et fier de sa nouvelle acquisition qu’il il maitrise à merveille, il s’autoproclame « Roi de la guitare à 12 cordes » et ’ambiance les juke joints avec un répertoire d’airs populaires.

En 1930, Lead Belly est de nouveau derrière les barreaux, cette fois en Louisiane, pour tentative de meurtre. C’est en prison, en 1933, qu’il est découvert par les musicologues John et Alan Lomax, qui sont séduits par son talent. Ils enregistrent alors des centaines de chansons à l’aide d’un équipement mobile pour la Bibliothèque du Congrès. Leadbelly est gracié l’année suivante grâce à une pétition remise par les Lomax au gouverneur de Louisiane Oscar K. Allen. Redevable eux, Leadbelly accepte qu’Alan le prenne sous son aile et, à la fin de l’année 1934, il part avec lui pour New York, où il trouve la célébrité, mais pas la fortune. En 1935, il épouse Martha Promise et commence à enregistrer avec l’American Record Corporation, mais ne remporte qu’un succès commercial modéré, en partie parce que le label insiste pour qu’il enregistre des chansons de blues, alors qu’il est plus connu pour des morceaux de folk. Le couple connaît des problèmes d’argent. En 1939, il est de nouveau sous les verrous pour violences. À sa libération en 1940, Lead Belly retrouve la scène montante du folk de New York et se lie avec Woody Guthrie et le jeune Pete Seeger. Entre 1940 et 1945, il enregistre pour RCA, pour la Bibliothèque du Congrès et pour Moe Asch, le créateur de Folkways Records. Malgré une signature avec d’importants labels et l’enregistrement de chansons qui deviendront plus tard des standards de la pop music, le succès public n’est pas toujours au rendez vous.En 1944, il réalise ses meilleurs enregistrements pour Capitol Records en Californie. En 1949, il entame une tournée en Europe, mais tombe malade avant son terme. On lui diagnostique une sclérose, dont il meurt à la fin de l’année à l’âge de 64 ans. A sa mort en 1949, il n’aura jamais connu un réel succès public de son vivant mais aura influencé quantité d’artistes reprenant ses chansons comme « Black Betty » par Ram Jam, « The Midnight Special » par Harry Belafonte, « House of the rising sun » par The Animals ou « Where did you sleep last night » par Nirvana. Ces titres sont toujours aujourd’hui d’un charme et d’une finesse inégalés.

Bien avant Woody Guthie ou Bob Dylan, Lead Belly a écrit des titres rock majeurs sur fond de revendication sociale, d’ironie et de nostalgie. Il fut un temps où la seule évocation de son nom rendait les artistes folk fous de jalousie. George Harrison a dit un jour : “Pas de Lead belly, pas de Lonie Donegan, pas de Beatles. Donc pas de Lead Belly : pas de Beatles !  Tout ça méritait bien un livre,  non ?

Jean-Christophe Mary

Le Mot et Le Reste – Musiques – 208 pages-Broché

isbn : 978-2-38431-234-4

A propos jean-christophe.mary

A lire aussi

The Black Keys « Ohio Players » : leur nouvel album vous harponne dès les premières notes !

A peine sortis de la tournée mondiale de « Delta Kream » en hommage aux légendes …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com