Les Crabes : un Black Mirror jubilatoire

Un couple jeune reçoit en villégiature un couple âgé. L’attrait du lieu est la pêche aux crabes. La location de la maison leur permettra d’échapper aux poursuites des huissiers. Les locataires arrivent avec leurs germes de discorde, leur chien, suspecté de cacher une bombe dans ses boyaux pour faire sauter le territoire.

En 1971, Roland Dubillard présentait Les Crabes, comme un cauchemar comique sur l’envahissement. 50 ans plus tard, la pièce trouble par l’écho dystopique qu’elle fait résonner sur notre société. Sous la direction de Roland Dubillard, ce cauchemar envahissant déborde d’une absurdité hilarante qui refoule une noirceur indélébile de plus en plus inquiétante.

La fatigue n’explique pas tout” nous assène l’un des Crabes. Et c’est pourtant par un épuisement rhétorique de non-sens que les fous rires nous submergent. La promiscuité de la scène contribue à nous enfermer dans une crise existentialiste qui se matérialise hors-champ en une baignoire à la plomberie défaillante. Le crabe est un loup pour l’homme.

Tout est factice dans cette villégiature noyée par sa perte d’humanité. La communication entre ces Crabes est impossible. Les filtres sociétaux n’existent plus, ne reste que la bestialité primaire qui vomit son prochain. Toute ressemble avec notre quotidien serait purement fortuite. Un cauchemar prémonitoire et jubilatoire brillamment orchestré par un quatuor de comédiens à l’alchimie jouissive : Maria Machado et Denis Lavant en locataires envahissants ; Samuel Mercer et Nèle Lavant en couple de propriétaire au bord de l’implosion.

Les Crabes
La Scala Paris, jusqu’au 26 mai.

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