Pockemon Crew : Big Data is watching you

Tous les soirs c’est le même refrain. Ils se donnent rendez-vous au même endroit, écoutent la même musique, s’embrouillent pour les mêmes conneries. Tous se sentent piégés par cette routine. Ils ont beau s’évader ensemble en dansant, courir après de meilleurs lendemains, l’union ne fait plus la force. Chacun à son smartphone. Chacun est dans sa bulle, perdu dans les méandres d’une matrice digitale déshumanisée.

#Hashtag 2.0 débute comme une pièce de théâtre muette. Petit à petit une chorégraphie se dessine. Elle est mécanique, triste, fataliste. Il fut un temps où cette bande dansait ensemble pour exister, rêver, se révolter. Mais aujourd’hui quelque chose s’est fissurée, chacun fait son show dans son coin. La fête terminée, chacun rentre chez soi. Chacun s’enferme dans un mutisme jouissif, happé par les notifications qui rythment leur soirée. 

#balancetonsmartphone

Pockemon Crew questionne notre addiction aux réseaux sociaux et livre un cri d’alarme poétique à l’encontre de ce nouveau monde, où communiquer se limite à liker, partager, et commenter une actualité sans pour autant émettre une quelconque opinion personnelle. Ce qui devait nous relier, nous divise, nous conditionne, nous condamne à vivre sans âme et libre arbitre, tel des zombies 3.0. “Je pense que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social et sapent les fondamentaux du comportement des gens. Vous ne le réalisez peut-être pas, mais vous êtes programmés”, a fini par avouer Chamath Palihapitiya, ex vice-président en charge de la croissance de l’audience de Facebook, lors d’une conférence à la Stanford Graduate School of Business en 2017. #Hashtag 2.0 surfe sur ce constat douce amère, où les corps se désarticulent pour mieux s’unir à l’aube d’une révolution citoyenne.   

Il était une fois une révolution 

Rihad Fghani met en scène un conte générationnel, dystopique, kafkaïen, entre rage et désespoir.  2 couleurs prédominent : le rouge vif et le bleu taciturne. Un cauchemar moderne qui se matérialise comme une une guerre digitale, où  s’affronte les réactionnaires du Monde Ancien “C’était mieux avant” et les révolutionnaires d’un Monde Nouveau “L’avenir appartient à ceux qui seront connectés“. #Hashtag 2.0 nous confronte aux travers et avantages des réseaux sociaux en évitant de tomber dans un manichéisme exacerbé. 

Rihad Fghani privilégie une plongée en eaux troubles, dans cette zone grise où se côtoient le mouvement #MeToo et les Fakes News. Dans ce labyrinthe digital se cache autant un monstre manipulateur, qu’un combattant affranchi aux diktats consuméristes qui dictent notre quotidien. Vont-ils cohabiter ou s’entre-tuer ? Ce système va-t-il imploser ou être dompté ? Pockemon Crew ne livre pas la morale de l’histoire, mais invite à l’introspection et aux débats. Rihad Fghani réussit à chorégraphier avec subtilité l’essence même de l’art : divertir pour mieux instruire et donner à réfléchir. Tout simplement magnifique. 

Pockemon Crew # Hashtag 2.0
7 février au 4 mars à Bobino 
Réservations : ici

A propos Yohann.Marchand

Mail : yoh.marchand@gmail.com Insta : yohann___marchand

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