Les trois premières représentations du Couronnement de Poppée, de Claudio Monterverdi (production de l’Opéra national de Lyon, coréalisé avec l’Opéra de Vichy, en partenariat avec le Théâtre National Populaire), ont été accueillies à l’Opéra de Vichy les 7, 9 et 11 mars 2017.
L’Opéra de Vichy, l’une des plus belles salles d’Europe, a été inauguré au tout début du XXème siècle. Ce monument est à la fois majestueux, grandiose et bouleversant. Les architectes Charles Le Cœur et Lucien Woog nous ont laissé un magnifique témoignage de l’époque « Art Nouveau », aux rares harmonies or et ivoire. Ainsi, toutes les conditions sont réunies pour offrir au public des spectacles et concerts de qualité, dans des conditions tout bonnement uniques.

Le Couronnement de Poppée, L’Incoronazione du Poppea, est un opéra en un prologue et trois actes (1643 – Livret de Francesco Busenello) de Monteverdi. Dès les premières minutes, le spectateur plonge dans un univers baroque électrique et envoûtant.
L’empereur Néron, dont la cruauté n’a d’égal que son amour pour Poppée, au grand dam de son épouse Octavie, devra faire face aux révoltes, à la manipulation et à la vengeance. Sénèque fera quant à lui en sorte de révéler chez l’Empereur les bienfaits de la raison et devra en payer le prix. Othon, qui se languit d’amour pour Poppée, se ralliera à Octavie, et devra en assumer les conséquences.
Néron, Octavie et Poppée s’opposent et leurs destins s’entremêlent. Le public est porté par une énergie, une grandeur remarquable. Entre passion et désespoir, ce triangle amoureux inaccordable est également porté par des seconds rôles lourds de sens et un accompagnement musical à la fois gracieux et relativement sombre.
L’Opéra s’est transformé en une magnifique villa romaine pour l’occasion.

Pour ce couronnement , les décors, de Gilles Aillaud (et recréés par Bernard Michel), mettent en valeur et illuminent la qualité des prestations scéniques et lyriques. La scène, épurée, agrémentée de fresques pompéiennes, bouleverse profondément. La mise en scène de Klaus Michael Grüber (reprise par Ellen Hammer) est fantastique. Les voix (chanteurs du Studio de l’Opéra de Lyon, accompagnés par l’orchestre baroque les « Nouveaux Caractères », sous la direction du Chef Sébastien d’Hérin) transportent les spectateurs vers un autre temps. Il n’y a d’ailleurs aucun bruit dans la salle, pour ne pas louper une seule seconde de la pièce.
Amour, violence et politique, mais également vices et amertumes : autant de thèmes racontés avec poésie, dans un univers esthétique parfaitement maîtrisé. On s’envole pour ne redescendre qu’à la fin du dernier acte. Une réalisation d’exception, une véritable réussite !
Direction musicale, Sébastien d’HÉRIN
Mise en scène, Klaus M. GRÜBER reprise par Ellen HAMMER
Décors, Gilles AILLAUD recréés par Bernard MICHEL
Costumes, Rudy SABOUNGHI
Lumières, Dominique BORRINI
Solistes du Studio de l’Opéra de Lyon
Poppea / Drusilla, Virtu, Josefine GÖHMANN ou Emilie Rose BRY
Nerone, Laura ZIGMANTAITE
Ottavia, Elli VALLINOJA
Ottone, Aline KOSTREWA
Arnalta, André GASS
Damigella, Amore, Rocio PEREZ
Fortuna, Valletto, Katherine AITKEN
Seneca, Pawel KOLODZIEJ
Lucano, Soldato II, Oliver JOHNSTON
Famigliare I, Pallade, James HALL
Famigliare II, Mercurio, Soldato I, Brenton SPITERI Famigliare III, Aaron O’HARE
Littore, Liberto, Pierre HERITIER
Ensemble Les Nouveaux Caractères
Prochaines dates : du 16 au 19 mars 2017, au Théâtre National Populaire de Villeurbanne, dans le cadre du Festival Mémoires.