Rome, juin 1800. Les troupes françaises ont instauré en 1798 une « République romaine ». Ferdinand Ier des Deux-Siciles et son épouse, la reine Maria Caroline, aidés des Anglais, reprennent la ville l’année suivante, et le baron Scarpia est chargé de mettre sur pied une police secrète. C’est sur cette toile de fond que se joue le mélodrame entre la cantatrice Floria Tosca, le peintre Mario Cavaradossi et le chef de la police le baron Scarpia. Crée en 2014, reprise en 2016 et 2019, cette somptueuse mise sen scène de Pierre Audi, d’une fidélité absolue au livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica, adpatée du livret de Victorien Sardou, traverse le temps sans prendre de rides. Le rideau s’ouvre sur un gigantesque crucifix noir anthracite qui symbolise la puissance du baron Scarpia autour duquel s’articule l’église Sant’Andrea della Valle avec ses fresques, sa Madone et son bénitier. Sur les actes 2 et 3 on retrouve cette croix de bois suspendue inclinée dans le ciel tel un aigle immense au dessus du palais Farnese sur et la terrasse du Château Saint-Ange et plane au-dessus d’un paysage abandonné comme dans un film de Pasolini. Voilà pour ce décor wagnérien qui fait ressortir la vérité des personnages dans toute leur démesure.
Côté solistes, cette nouvelle série de représentation réunit sur un même plateau une flopée de pointures lyriques. La soprano italienne Maria Agresta campe une Floria Tosca colossale, tranchante dans l’aigu, confondante dans le grave. Impériale et impérieuse, elle est se montre tout en nuances, eexprime une variation d’intensité et montre la même présence et la même acuité au cours des trois actes. Toujours aussi impeccable, Ludovic Tézier (Le Baron Scarpia) reprend le rôle qu’il avait interprété en 2014 sur cette productio. On ne peut que saluer cette belle endurance où il fait preuve d’autorité dès le premier acte notamment dans le « Te Deum » quand Scarpia exprime sa volonté de soumettre Tosca à ses désirs en se servant de sa jalousie. De sa puissante voix de baryton, Ludovic Tézier se montre aussi raffiné que sadique en utilisant toutes la palette des émotions, passe d’intonations perverses, aux chuchotements, de sifflements aux rugissements à travers un jeu parfait. La ténor Michael Fabiano, l’un des grands interprètes du répertoire Verdien , livre une prestation qui monte en puissance tout au long de l’histoire et donne vie à un Mario Cavaradossi attachant, courageux qui défie son bourreau dans un air de grande bravoure. L’américain possède une signature vocale identifiable dès les premières mesures. Il irradie la scène de ses attaques veloutées avec belles inflexions aérienne dans le phrasé. La direction d’orchestre confiée aux talentueux chef Carlo Montenaro obtient lui les faveurs du public, une véritable ovation à la reprise de chaque acte jusqu’aux saluts. Si on ajoute à cela la musique imposante et majestueuse de Puccinii, de splendides costumes et décors signés Christof Hetzer, ces sept nouvelles représentations raisonnent déjà aux airs de triomphe.
Jean Christophe Mary
Jusqu’au 25 juin 2021
Renseignements et réservations : www.operadeparis.fr
Tosca
Melodramma en trois actes (1900)
D’après Victorien Sardou
Musique :
Giacomo Puccini
Livret :
Giuseppe Giacosa
Luigi Illica – D’après Victorien Sardou
Direction musicale :
Carlo Montanaro
Mise en scène :
Pierre Audi
Décors :
Christof Hetzer
Costumes :
Robby Duiveman
Lumières :
Jean Kalman
Dramaturgie :
Klaus Bertisch
Chef des Choeurs :
Alessandro Di Stefano
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine/Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris
Floria Tosca :
Maria Agresta
Mario Cavaradossi :
Michael Fabiano
Il Barone Scarpia :
Ludovic Tézier
Cesare Angelotti :
Guilhem Worms
Il Sagrestano :
Frédéric Caton
Spoletta :
Carlo Bosi
Sciarrone :
Philippe Rouillon
Un carceriere :
Florent Mbia