“La Collection” d’Harold Pinter dans une mise en scène de Ludovic Lagarde

En tournée en France, « La Collection » d’Harold Pinter, dans une mise en scène de Ludovic Lagarde, était présentée au théâtre Anthéa d’Antibes en novembre dernier. Cette pièce revisite le schéma classique du mari jaloux, de la femme infidèle, du supposé amant mais chez Harold Pinter qui reçut le Prix Nobel de littérature en 2005, il n’y a pas de portes qui claquent, pas de grandes scènes de jalousie se succédant à un rythme soutenu, comme dans un vaudeville. Ici, les silences, les gestes et les déplacements des personnages en disent bien plus long. Quant aux dialogues, composés essentiellement de phrases en apparence anodines et futiles, ils soulignent encore davantage l’absurdité des relations humaines.

La scène est divisée en deux, mettant les spectateurs face à deux salons d’appartement bourgeois : d’un côté, celui de Stella et James, de l’autre, celui de Bill et Harry. Un soir, James (Laurent Poitrenaux) vient chez Bill (Micha Lescot), le supposé amant de sa femme Stella (Valérie Dashwood). Elle aurait trompé son mari lors d’un séminaire sur la haute couture. James rencontre le compagnon de Bill, Harry (Mathieu Amalric). Que s’est-il passé exactement ? Stella a-t-elle vraiment trompé James avec Bill ? Cet adultère a-t-il été fantasmé par l’un ou par l’autre ? Par les deux ?

Les scènes se succèdent, creusant un peu plus le mystère de cette nuit. Chacun des personnages est énigmatique. Stella, qui arbore fièrement une fourrure en chinchillas, allongée sur son canapé, incarne à elle seule tous les mystères et toutes les questions. On ne saura jamais ce qui s’est réellement passé dans cet hôtel. Qu’importe. La pièce navigue entre le vrai et le faux. La vérité importe peu. Pour Harold Pinter, la réalité est plurielle. C’est pour cette raison que les mots n’ont pas d’importance. Ils se contredisent même, comme la réalité.

« La Collection » est une pièce déroutante. Il faut savoir accepter de prendre son temps pour mieux l’appréhender puis la savourer, d’autant plus qu’elle est portée par un formidable quatuor d’acteurs.

A propos Laurence

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