Anne Queffelec, une pianiste inspirée, un voyage par-delà l’imaginaire

Anne Queffelec, une femme, une pianiste, par laquelle le silence musical fait sens – A l’occasion du Festival 2012 de musique classique de la Folle Journée de Nantes, France net infos à interviewé pour vous, Anne Queffelec, Pianiste interprète* qui nous parle du thème de cette année, la musique russe, de la musique en général et qui se livre même à quelques confidences … .

La Pianiste Anne Queffelec - © Mirare
  • France Net Infos : Bonsoir Anne Queffelec, tout d’abord à la moitié de ce grand marathon de 5 jours qu’est le festival de la Folle Journée, comment vous sentez-vous ? Les compositeurs russes, quel(s) écho(s) chez vous ?

Anne Queffelec : Euh … (rire) … C’est une question délicate, en fait, étant donné la thématique de la Folle Journée de cette année, ça été pour moi l’occasion de braconner sur des terres qui sont complètement nouvelles, donc par certains côtés, je me suis sentie un peu passagère clandestine d’une certaine façon, mais en même temps comme beaucoup de passagers clandestins je prends goût au fait d’être sur le bateau, de traverser et de voir tous ces paysages nouveaux.

Toutes les œuvres que je vais jouer cette fois-ci pour la Folle Journée russe, et c’est la première fois que ça m’arrive, sont complètement nouvelles pour moi.

C’est l’occasion d’aller à la découverte de cette musique extraordinaire, il y a des trésors fantastiques et pas seulement les grands compositeurs connus : Tchaïkovski, Prokofiev et Rachmaninov…, que, bien évidemment les pianistes ont dans l’oreille et dans les mains pour une bonne partie. Etant donné l’immensité du répertoire pianistique, on fait tous des choix et des pents de répertoire nous échappent, et pour ma part j’avais oublié la musique russe.

J’ai découvert vraiment des choses merveilleuses parmi des compositeurs tels que Liadov, Rebicov, Scriabine, ce dernier beaucoup plus connu mais que je ne connaissais pas particulièrement et surtout un totalement inconnu et dont je suis la seule à jouer de sa musique pour ce festival y compris les orchestres, Catoire, qui fût pour moi une révélation.

Je peux donc dire que la folle journée Russe pour moi à été un Voyage très aventureux.

  •  Le Festival de 5 jours d’affilée avec avant des concerts dans toute la région des Pays de la Loire demande beaucoup de préparation ?

Tout dépend du répertoire mais c’est toujours beaucoup de travail en amont, mais là, cela à été un travail très spécifique car ça été pour moi du véritable défrichage et déchiffrage, cela marche dans les deux sens (sourire) ; Et je dois dire aussi que j’ai eu cette grande joie de jouer avec le quatuor Prazak et la jeune contrebassiste Pénélope Poincheval, cela été une initiative de René Martin [Directeur Artistique de l’événement] qui m’a soufflé l’idée que serait bien que cette œuvre [Grand Sextuor de Glinka] soit jouée plusieurs fois pendant la Folle journée et évidemment, je ne la connaissais pas (Sourire).

Il est vrai qu’on a eu plus souvent l’habitude de me voir interpréter des sonates mais cette année j’ai beaucoup plus joué en formation de musique de chambre et là ça été un régal de jouer avec ces merveilleux musiciens que sont les membres du Quatuor Prazak et ce qu’il y a de bien évidemment, c’est que si on m’avait proposé de jouer cette œuvre [Citée ci-dessus], une fois, en dehors de ce festival, je dois dire que j’y aurais regardé à deux fois (Rires) avant d’investir autant de temps et d’énergie car il s’agit d’une pièce très dure pour le piano, d’une virtuosité un peu vicieuse si j’ose cette expression et donc pour prendre du plaisir et arriver à la maîtriser, il faut y passer beaucoup de temps et de fait, avec la Folle Journée en région et à Nantes, nous allons la jouer huit fois, c’est donc ce qui s’appelle « amortir » un tel travail !

  •  Que représente pour vous le festival de la Folle Journée ?

C’est très « cliché », mais je dirais que c’est le bonheur car il y a une liasse partagée et le public est d’une variété extraordinaire : De tout âge, de tout milieu, des familles, des enfants … C’est donc une sorte de grande famille humaine qui est là dans la fraternité ; Et là c’est vrai que d’une certaine manière on est sur une autre planète, on est dans l’immersion et de savoir quand on joue sur une scène qu’autour il y a en général 9 ou 10 autres concerts et que c’est une « ruche » musicale, on se dit que cela devrait être comme ça tout le temps d’une certaine manière ! (Rires).

  •  Vous êtes une pianiste très attentive à vos programmes, vous aimez d’ailleurs bien expliquer vos choix en début de récital, n’est-ce pas !?

Il est vrai que j’aime préparer mes programmes avec beaucoup d’attention. Comme vous me l’avez fais remarquer [En « off »], j’aime bien demander que l’on évite les applaudissements entre les pièces afin de garder une continuité musicale, de permettre un « voyage » sans escale entre les différentes œuvres au programme dans mes récitals.

  •  Des enregistrements de disques sont-ils prévus prochainement  ?

Non, rien n’est fait dans l’immédiat, cependant, quelques projets d’enregistrement sont à l’étude.

Mais là, je pars Mardi à Vienne, à Prague et à Bologne pour un programme télévisé pour la cinq sur les pas de Mozart pour lequel j’ai déjà enregistré la partie musicale. Mais cela va être des semi-vacances car je vais me retrouver dans la maison de Mozart, dans les églises à Vienne qu’il a fréquenté, et un certain nombre de lieux qui l’ont marqué. Voilà ce qui est pour l’instant possible d’annoncer.

Anne et Yann Queffélec (Son frère) © Radio France-2011/Anne Audigier

 

  • Si nos lecteurs veulent vous écouter, quelles sont vos prochaines dates de concerts ?

J’ai des concerts à Paris et notamment dans la « Folle Nuit à Gaveau » le 01 Avril où René Martin m’a convoquée et j’ai énormément de chance car c’est toujours extraordinairement stimulant d’avoir toutes ces aventures car il y a eu les intégrales de Chopin, des sonates de Mozart … C’est cet homme qui m’avait encouragée à faire ça, et c’est vrai que, quand il y a des personnes comme lui qui nous incite à aller dans certains chemins où on ne serait pas allé spontanément, c’est très enrichissant. [Pour le reste, on retrouvera prochainement Anne Queffelec à Annecy, Rouen ou Paris.

  •  A nos lecteurs ne connaissant pas du tout la musique classique, que leurs diriez-vous pour oser franchir le pas d’une salle de concert ?

Cette ouverture à de nouveaux publics est essentielle. On entend souvent dire que la musique classique est « élitiste » et j’adhère tout à fait à cette idée ! Mais attention, non pas dans le sens qu’on rattache au mot élitiste, c’est-à-dire que ce serait destiné à une classe sociale privilégiée, mais, car elle s’adresse à l’élite de chaque personne, à sa meilleure part .Il s’agit d’une exploration qui vous élève, qui vous tire vers le haut, qui vous nourrie l’âme et qui vous touche profondément.

Il ne faut pas que ces personnes ne connaissant pas la musique classique aient l’impression que cela ne les concernent pas et qu’il faudrait un mode d’emploi pour entrer dans cette musique, alors qu’en fait, il faut seulement s’abandonner à l’émotion. C’est comme lorsqu’on regarde un coucher de soleil magnifique, on n’est pas entrain de se dire « comment vais-je le regarder pour trouver ça beau ? », on le trouve beau, tout simplement. Bien évidement, il y a des œuvres plus dures que d’autres à la première écoute mais alors il faut réécouter, il faut y retourner et plus on y va, plus on les écoutes, plus on les approfondies, plus on les repères et à force, cela devient une partie de sois-même.

  •  Pour finir, un petit questionnaire de Proust :

– Un endroit ? Ah! Sans hésiter, une île bretonne.

– Une œuvre musicale ou compositeur à emmener sur une île déserte ? C’est pourtant Mozart l’homme de ma vie mais j’emmènerais Beethoven ,sur cette île. Beethoven à Ouessant, c’est un lieu pour lui ça, un paysage qui correspond à sa musique, la force, la sauvagerie et la vérité !

– Un ouvrage ? Oh, il y en a tellement, mais puisqu’on est dans la musique russe je vous dirais Dostoïevski Les Frères Karamazov et bien évidement A la recherche du temps perdu de Marcel Proust.

– Un pêché mignon ?: Le Champagne (Rires)

– Ce que vous préférez faire hormis la musique ? Beaucoup de choses, mais avant tout, lire, qui n’est pas pour moi un loisir, mais une nécessité.

Merci Anne Queffelec, bons concerts, belles folles journées à la Folle Journée et à très bientôt !

* Notice Biographique: « Anne Queffelec figure parmi les pianistes les plus aimés de sa génération. Fille et sœur d’écrivains, passionnée elle-même de littérature, c’est vers la musique qu’elle se tourne dès son plus jeune âge. Après des études au conservatoire de Paris, Anne Queffélec reçoit à Vienne l’enseignement de Badura-Skoda, Demus et surtout d’Alfred Brendel. Les succès remportés dans les concours internationaux de Munich (premier prix à l’unanimité en 1968) et Leeds (prix en 1969) ne tardent pas à faire d’elle une soliste en vue invitée à travers le monde. Plébiscitée en Europe, au Japon, Hong-Kong, Canada, Etats-Unis… Les plus grandes formations orchestrales l’invitent – London Symphony, London Philharmonic, Philharmonia Orchestra, BBC Symphony, Academy of St. Martin in the Fields, Tonhalle de Zurich, Orchestre de chambre de Pologne, de Lausanne, Tokyo NHK Orchestra, Ensemble Kanazawa, Hong-Kong Philharmonic, Orchestres National de France et Philharmonique de Radio France, Strasbourg, Lille, Philharmonie de Prague, Kremerata Baltica… sous la direction de chefs tels que Boulez, Gardiner, Jordan, Zinman, Conlon, Langrée, Belohlavek, Skrowacewsky, Casadesus, Lombard, Guschlbauer, Zecchi, Foster, Holliger, Janowski.Nommée « Meilleure interprète de l’année » aux Victoires de la Musique 1990, la personnalité de cette artiste rayonne sur le monde musical. Invitée à plusieurs reprises aux « Proms » de Londres, festivals de Bath, Swansea, King’s Lynn, Cheltenham, Händel-Festspiele Göttingen, elle est aussi régulièrement à l’affiche des festivals français tels que La Chaise Dieu, Festival de la Vézère, Radio France Montpellier, Strasbourg, Besançon, Bordeaux, Dijon, La Grange de Meslay, La Folle Journée de Nantes, La Roque d’Anthéron où elle a donné entre autres l’intégrale des sonates de Mozart au cours de six concerts diffusés en direct sur France Musique confirmant son affinité passionnée avec l’univers mozartien. Elle a pris part à l’enregistrement de la bande sonore du film « Amadeus » sous la direction de Neville Marriner. A la scène comme au disque, Anne Queffélec cultive un répertoire éclectique comme en témoigne son importante discographie : elle a consacré plus d’une trentaine d’enregistrements  à Scarlatti, Schubert, Liszt, Chopin, Bach, Debussy, Fauré, Mendelssohn, Satie, l’œuvre intégrale de Ravel et Dutilleux, Mozart, Beethoven, Haendel gravés respectivement chez Erato, Virgin Classics, Mirare. Son disque « Contemplation » consacré à Bach paru en 2009 pour le label Mirare a conquis la presse et le public. À l’occasion du Bicentenaire de la naissance de Chopin en 2010 est paru son enregistrement « De l’enfance à la plénitude » consacré à ce compositeur, toujours pour le label Mirare. »

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