Bagdad Rodéo, le rock à l’état brut

bagdad

Bagdad Rodéo n’est pas qu’un groupe, c’est aussi une bombe déferlante qui vous prend les tympans avec une énergie rare et des textes aussi percutants qu’un barillet pour envoyer là où ça fait mal, et pourvu que ça fasse mal. Avec tout ça, ils ont aussi un franc-parler que seul Coluche savait partager.  Bien trop rare aujourd’hui. Mais tant mieux pour eux, après tout. A l’heure du formatage et de l’endormissement des masses, Bagdad Rodéo continue sa tournée après avoir sorti son deuxième album en janvier 2013. Ils savent faire simple. Le deuxième album s’intitule “Deux”. Ils savent aussi faire dans l’humour et la dérision, et  pour continuer leur belle aventure, ils vont même s’exporter prochainement en Belgique, un pays où le rock, est bien plus libre et écouté qu’en France. Alors quel plaisir de retrouver un groupe de rock, un vrai, qui ne se la pète pas, mais qui envoie !!!

C’est Ludo, le chanteur, que j’ai interpellé pour France Net Infos.

Salut Ludo !

Bagdad Rodéo a sorti son deuxième album en janvier 2013. Le groupe est donc depuis plus d’un an en tournée. Comment vous portez-vous ? Salut Guillaume. Le groupe se porte à merveille et c’est très gentil de ta part de le demander. Le re-tour de merde 2014 se passe très bien, les gens sont sympas avec nous et nous mangeons très bien dans les villes où nous nous rendons. La vie est belle en somme…

Pour ceux qui ne connaissent pas encore le groupe, j’aimerai que tu reviennes sur l’origine de Bagdad Rodéo. Peux tu nous dire comment est né ce groupe, et peut être pourquoi aussi….
Ce groupe est né de l’envie de faire un rock sans concession, sans formatage, en jouant avec les codes de la musique actuelle. Un groupe politiquement incorrect qui aime jouer avec les lignes qu’on ne doit normalement pas dépasser pour être accepter des médias. En gros, quelque chose qui manque cruellement en ce moment.

Le premier album avait été produit par Shanka, alors guitariste de No One Is Innocent.
Etait-ce un choix personnel ? Comment c’est passé cette collaboration ? Nous avons choisi Shanka car nous sommes simplement fan de ses productions. De plus, il comprend à merveille notre humour et notre vision du Rock N roll, ce qui en fait un allié de poids pour le groupe. Ce mec est le 6ème membre de BAGDAD RODEO. Il apparait d’ailleurs à de nombreuses reprises sur l’album, que se soit à travers les guitares, les vannes, les chœurs. C’est un petit couteau suisse indispensable à nos productions.

Ce premier album était très ouvert musicalement, passant de morceau festif comme « la farandole », à des morceaux plus pêchu comme « Révolucion » ou « Super connard . Sur le deuxième album, le son est très différent, beaucoup plus brut, presque live….Etait ce un choix de départ ? Qu’est ce qui a rendu ce son si brut et ce côté si pêchu ? Le budget :-) . Et l’envie justement d’enregistrer live un maximum de chose afin de rendre la base musicale de l’album plus naturelle et plus rock n roll. S’éloigner un maximum des copier-coller des logiciels actuels, revenir aux racines de la production.
C’est un travail différent, mais qui à l’écoute, rend beaucoup plus de spontanéité.

Sur ce deuxième album, on note à nouveau la présence de Shanka à la production. Sa présence était t’elle impérative ? On ne change pas une équipe qui gagne ? Oui, c’est un peu notre vision. Un réalisateur d’album apporte une personnalité supplémentaire à celui-ci, et celle de Shanka est indéniablement celle qui correspond le mieux à BAGDAD RODEO. Il est con, comme nous, et il le sait…

Malgré un son moins festif et des sujets sérieux, on sent nettement la présence de la déconnade et sans doute plus que sur le premier. Est-ce l’envie de jouer sur la contradiction entre la brutalité et l’humour ? Mettre de l’humour dans un monde de brutes…. ? C’est un peu la carte d’identité de BAGDAD RODEO. Faire passer des messages dont le fond peut être très sérieux avec une odeur nauséabonde de déconnade. On aime cette façon de dire les choses et de les partager. Aussi bien en musique que dans la vie de tous les jours.

En même temps on note une certaine simplicité. L’album s’intitule « Deux ». On ne pouvait pas faire plus simple. On note souvent un lien entre le nom d’un album et son thème. Là rien. Pourquoi pas un nom plus rentre-dedans, à l’image de l’album ? Parce que trouver un titre à une chanson, c’est déjà chiant, alors un album… Le prochain s’appellera surement « Trois » et se sera bien comme ça. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple. Et puis entre, nous, ça permet de les remettre plus facilement dans l’ordre chronologiquement parlant.

Pensez-vous aujourd’hui à votre troisième album ? Oui, on a même commencé l’écriture. Mais on prend notre temps. On se demande même si on ne va pas sauter le troisième album et faire directement le quatrième. Car il parait que dans l’histoire d’un groupe, le troisième est un cap. Et nous, on à pas envie de passer ce cap.

On sent chez Bagdad Rodéo l’envie de ne pas faire comme tout le monde. L’envie d’être vrai, tout simplement encore une fois. C’est ça aussi le rock’n’roll ? On pense que c’est l’essence du rock n roll. Il faut que ce soit primitif, direct. Pas besoin de plagier Baudelaire dans le rock. Pourquoi faire ?

Le style, rentre dedans, et très rock’n’roll se perd….Peu de groupes affichent une liberté de ton comme le vôtre. Est t’il plus difficile de s’exprimer aujourd’hui que dans les 80 ou 90 ? Clairement. On se retrouve dans une société ou tout devient de plus en plus tabou. En même temps, plus on tendra vers ça, plus notre boulot sera facile. La liberté de ton des années 80 est bien loin maintenant. Les gens ne font plus la différence entre humour et agression. C’est la conséquence d’un repli des gens sur eux même et d’une peur de l’autre de plus en plus présente. Les médias en sont la principale cause.

Justement, que penses-tu de l’évolution ? Je veux bien sûr parler de ce que proposent les médias sur la musique, mais aussi du style, du ton, proposé ? Bah c’est tout naze… Ne rien dire, ne rien faire, ne rien changer … Ne pas contester l’ordre établi, ne pas faire de vague, ne pas heurter les autres pour garder le contrôle. Voilà ce que j’en pense personnellement. Et au final, dans l’art, tout devient plat, sans gout, et gris. Triste époque…

Quelles émissions regardes-tu à la télévision ? Pas grand chose… Même les émissions musicales ne m’apportent pas satisfaction. Je préfère la vie de tous les jours, les gens, écouter et parler. Ça m’instruit beaucoup plus je pense.

Pour revenir à la composition. Comment travaillez-vous ? C’est toi qui écris tous les textes ? Mes copains de BR s’occupent de la musique et moi des textes. C’est bien car ça permet de s’affirmer à 100% sur nos idées. Chacun de nous à une personnalité propre c’est important pour un groupe comme BR d’être à 100%. Jamais de demi -mesure dans la création.

Je suppose au vu des thèmes abordés, que tu te passionnes plus ou moins pour l’actualité. Te donnes tu du temps pour lire, regarder des documentaires, suivre les informations ? Je suis énormément l’info. C’est mon boulot avec BR. Voir, analyser et recracher. J’adore les documentaires car je suis curieux de nature et j’aime savoir comment fonctionnent les choses qui m’entourent. C’est passionnant la vie ;-).

A travers les titres « Bagdad Rodéo » et « Le nouveau millénaire », on sent bien le côté rebelle du groupe, vis-à-vis de la société. L’envie de dire des choses justes et pourvu que ça dérange, c’est aussi ça Bagdad Rodéo ? C’est totalement ça. Il faut que ça te fasse réagir. Il y a toujours un fond dans les textes de BAGDAD RODEO, un double tiroir, quelque chose qui pue au pays des bisounours. Et puis, si nous artistes, on ne fait pas ça, qui va le faire. C’est notre boulot de livrer des visions de notre société et ses défauts.

Il y a un jeu de scène très fort, très percutant. Selon toi, d’où vient cette identité si forte que vous dégagez ?
L’honnêteté. C’est tout. On est des gars simples avec une façon simple de voir et faire les choses. Alors sur scène, vu que c’est du rock, on y va avec les couilles. C’est direct, efficace et sans détour.

Le 24 mai prochain, le groupe se produit en Belgique, c’est la première fois que le groupe joue en dehors de la France ? Oui, c’est la première fois et c’est super cool.

Qu’attendez-vous de ce jour là ? De bien manger. C’est important de bien manger.

On a pu vous voir récemment au Gones’N Live festival, le 1er mai….Vous étiez aux côtés d’autres groupes rock, comme Café Bertrand et Cause. Comment c’est passé cette journée ? Très bien. On à bien mangé. Les orges du Gones n lives sont adorables. L’hôtel était très confortable, par contre, on a galéré pour trouver des clopes. Un 1er Mai à chaponost, y’a pas grand chose d’ouvert.

Nouveau casino, Elysée Montmartre, Maroquinerie, Batofar, Le Divan du Monde, New Morning, Bagdad Rodéo a joué dans des salles prestigieuses. Que peut-on vous souhaitez ? De continuer sur cette lancée. On se marre comme des cons avec ce groupe et on joue dans des salles ou festos vraiment chouettes. « Petit Jésus qui vient du ciel, fait qua ça dure encore longtemps… »

Quelles sont les projets à plus ou moyens termes ? Finir la tourner et faire le nouvel album. Et puis aller manger… Je commence à avoir faim.

Je te remercie Ludo, à très vite sur scène j’espère. Je vous ai loupé au Pub ADK, c’était tout près de chez moi…
Merci à toi Monseigneur Joubert. T’es un bon :-). (Sauf pour ADK…. hahaha)

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=4HPM7UblIjk]

 

 

 

A propos Guillaume Joubert

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