Kabullywood : viva le cinema !

A Kaboul en Afghanistan, quatre étudiants assoiffés de vie décident d’accomplir un projet audacieux : rénover un cinéma abandonné, qui a miraculeusement survécu à 30 ans de guerre. 

Qui dit Afghanistan dit Talibans dit régime oppressant. Louis Meunier se joue de ces clichés pour mieux partager l’euphorie qui se dégage d’une jeunesse éprise de culture. Kabullywood est une ode à la liberté traitée sous différents angles : le film documentaire,  la reconstitution en lieux réels, la comédie romantique. Un traitement original qui manque de liant, malgré un montage dynamique qui peine à dissimuler une narration décousue. Il est difficile de croire à la rénovation réelle de ce cinéma tant elle est abordée avec désinvolture. Pourtant, c’est cette même légèreté surréaliste qui donne corps à la répression politique. Un paradoxe qui en amène un autre : alors que la caractérisation outrancière du méchant taliban opposé à l’idylle naissante entre sa sœur et un artiste peine à convaincre, la tragédie qui en découle montre les ravages du fondamentalisme islamique.

Mondialisation vs Revolución

Ce mélange des genres dessert tout autant qu’il donne du charme à Kabullywood. Louis Meunier traduit avec justesse la chape de plomb qui tétanise cette jeunesse partagée entre l’envie d’embrasser la mondialisation et la peur du replis extrémiste.  Un portrait intimiste d’une société en perte de repères, ravagée par la guerre, meurtrie par ses démons, et fière de son patrimoine culturel. Kabullywood préserve la flamme d’un monde meilleur avec une symbolique rénovation à la fermeture définitive déjà toute tracée. La culture est une arme qu’aucun attentat ne pourra faire taire. Mais le combat est long et incertain.

En cette période trouble où il fait bon de crier à la mort de la démocratie, Louis Meunier nous confronte à une réalité bien plus complexe.  Une mise au point pleine de poésie qui tempère une colère sourde prête à se radicaliser.

 

Kabullywood de Louis Meunier, avec Roya Heydari, Omid Rawendah, Ghulam Reza Rajabi, Mohammed Shaghasy, Naser Nahimi.
Sortie le 6 février.

A propos Yohann.Marchand

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