Eva Rami le 23 novembre à Carros avec son seule-en-scène “Va aimer !” : interview

Cet été, Eva Rami a triomphé au Festival d’Avignon avec “Va aimer !”, le troisième volet de son triptyque après “Vole !” et “T’es toi !”. Partout où elle passe, la comédienne séduit à la fois le public et la presse, si bien que de très nombreuses représentations affichent complet. Actuellement, elle est tous les mardis au Théâtre Lepic de Paris, où elle reviendra du 13 décembre au 5 janvier 2024, du mercredi au vendredi. Mais entre-temps, Eva Rami sera dans les Alpes-Maritimes,  pour une représentation unique à Carros, à la salle Juliette Greco. Ce sera le jeudi 23 novembre. Originaire de la région et ancienne élève du Conservatoire de Nice, elle ne pouvait pas ne pas faire découvrir son nouveau seule-en-scène au public azuréen !

Dans “Va aimer !”, on retrouve Elsa mais on fait aussi connaissance avec de nombreuses autres femmes qui vont l’accompagner. Avec une grande virtuosité, Eva Rami passe de l’une à l’autre pour mieux s’intéresser aux relations complexes de domination, de non-consentement et d’enfermement qui peuvent se mettre en place en amour. Quelques jours avant de venir à Carros, elle nous a parlé de “Va aimer !”, le troisième volet de son triptyque, sans doute le plus engagé. Une autofiction qui touche le public en plein coeur.

France Net Infos : Vous serez à Carros le 23 novembre avec “Va aimer !” puis en février à Nice où vous jouerez les trois volets dans le cadre du festival Trajectoires. Ces représentations auront-elles une saveur particulière pour vous puisque vous êtes originaire de la région ?

Eva Rami : Bien sûr ! Il y a comme une évidence à présenter mes spectacles ici. Je suis toujours heureuse de venir. Je sens aussi que le public ne réagit pas de la même façon ici. Il y a une connivence qui se met plus vite en place que lorsque je joue ailleurs. Je fais beaucoup de personnages dans mes spectacles. Celui du père, qui a un accent du sud assez marqué, plaît beaucoup et fait souvent vite réagir.

France Net Infos : “Va aimer !”, comme vos précédentes créations, est de l’autofiction…

Eva Rami : Exactement, je parle de faits réels que je fictionnalise pour  des raisons d’équilibre et pour des besoins dramaturgiques. Elsa Ravi est un peu mon avatar scénique. Avec mon premier spectacle, je me suis rendu compte à quel point l’intime est politique. Mon challenge premier est de partir de moi, un sujet que je connais très bien, pour aller au maximum vers l’universel.

France Net Infos : D’autres comédien(ne)s et auteur(e)s pratiquent l’autofiction. Certains vous ont-ils inspirée ?

Eva Rami : Mon spectacle se rapproche un peu du travail qu’a fait Andréa Bescond, surtout avec “Les chatouilles”. J’ai l’impression d’être un peu de sa famille. Et puis, il y a aussi François de Brauer : il fait plein de personnages mais on ne peut pas vraiment parler d’autofiction. Je pense que dès qu’une personne écrit, elle écrit toujours d’une certaine façon à partir d’elle.

France Net Infos : Sur scène, vous interprétez plusieurs personnages. On sent que derrière le plaisir que vous éprouvez se cache un réel travail…

Eva Rami : Je viens du clown et du masque. Quand on change de corps et de voix, on s’efforce de trouve de la liberté dans un cadre bien précis. Ce travail m’a appris aussi l’improvisation. Même si mon texte est vraiment très écrit, j’apprécie quand des inventions se font. Je les saisis avec délectation ! Quant au travail sur le corps, je le qualifierais comme une chorégraphie de danse. Je refais les choses jusqu’à ce que le corps les ait digérées. C’est beaucoup de travail !

France Net Infos : Il paraît que vous êtes une grande admiratrice d’Elie Kakou. Lui aussi donnait à voir sur scène une belle galerie de personnages…

Eva Rami : C’est lui qui m’a allumé la flamme ! A cinq-six ans, j’essayais d’imiter ses sketches pendant que ma mère me filmait ! Il pouvait tout faire ; il savait danser. Il était émouvant et en même temps il nous faisait mourir de rire. Je suis persuadée que c’était un énorme bosseur.

France Net Infos : “Va aimer !” est le troisième volet d’un triptyque. En écrivant, “Vole !”, pensiez-vous déjà qu’il y aurait deux autres spectacles ?

Eva Rami : Pas du tout ! Ce qui a déclenché l’écriture au départ a été la disparition de ma grand-mère. Je pense que j’avais aussi une grande frustration. J’avais envie de m’écrire ce qu’on ne me proposait pas de jouer. J’avais été prise au Conservatoire de Paris et je pensais au départ partir sur du stand-up mais je me suis rendu compte que ce que j’écrivais était un mélange d’humour, de poésie, de burlesque et de tragique. C’est une forme hybride.

France Net Infos : Vous interdisez-vous certaines choses pour ne pas heurter certaines personnes ?

Eva Rami : Mon but, c’est de toucher tout en me protégeant et en protégeant les personnes que j’aime. Personne n’est pris en traître dans mon entourage. Mes parents, par exemple, sont des archétypes dans ce spectacle. Je parle d’eux mais ce n’est pas eux. Ma mère lit souvent mes textes avant qu’il y ait une version finale. Elle me donne son avis. Le but, c’est de ne faire de mal à personne mais de dire les choses. Dans mon nouveau spectacle, mes proches ne sont pas épargnés mais ça reste de l’amour.

France Net Infos : Les titres de vos trois spectacles sont à l’impératif. Pourquoi ?

Eva Rami : Ce sont des injonctions. Le dernier est comme une sorte de formule magique pour être en paix avec soi-même. Il y a quelque chose de l’ordre du mouvement et de l’urgence. Même s’il y a beaucoup d’amour dans ce spectacle, il y a aussi une forme de violence. On suit un personnage dans un parcours initiatique semé d’embûches.

Bientôt au cinéma dans “Le Molière imaginaire”,  le premier long métrage d’Olivier Py

France Net Infos : Après “Va aimer !”, quels sont vos projets ?

Eva Rami : Je suis dans le spectacle d’Olivier Py qui dure dix heures ! On le joue tous les week-ends aux Amandiers à Nanterre puis au TNP. Il vient aussi de faire un film, “Le Molière imaginaire”, avec Laurent Laffitte. qui va sortir en février. Je suis très fière d’avoir participé à ce projet. Je joue l’une des comédiennes de la troupe de Molière. Moi qui voulais faire du cinéma, je me dis que ça ne pouvait pas être plus beau de commencer par ce film ! C’est un véritable ovni. J’ai hâte de voir comment le public va le recevoir. Il ne laissera personne indifférent. Il s’agit des derniers heures de la vie de Molière. Le théâtre est très présent dans le film. Je suis très fière d’avoir fait partie de cette aventure ! Et puis, on me verra aussi bientôt dans le dernier film d’Ivan Calbérac avec notamment Sabine Azéma et André Dussollier. On tourne en ce moment à Grasse. Ca me fait encore l’occasion de revenir dans la région !

Eva Rami sera le jeudi 23 novembre à Carros salle Juliette Greco avec “Va aimer !”. Elle présentera son triptyque à Nice les 6,7 et 8 février au Théâtre National de Nice, salle des Franciscains, dans le cadre du Festival Trajectoires.

A propos Laurence

A lire aussi

les-clopin-clopant-T1-Bande-de-bras-cassés-Neuf

Les Clopin-Clopant – Bande de bras cassés !

Les Clopin-Clopant est une nouvelle série de la collection Neuf, des éditions L’école des loisirs, …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com