Festival de Cannes : le palmarès

festival de cannes palmaresLe 67ème festival de Cannes 2014  vient de se terminer. Voici le palmarès :

Palme d’Or : Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan

Grand Prix : Le Meraviglie d’Alice Rohrwacher

Prix de la mise en scène : Bennett Miller pour Foxcatcher

Prix du jury ex-aequo : Mommy de Xavier Dolan et Adieu au langage de Jean-Luc Godard

Prix du scénario : Andrey Zvyagintsev pour Leviathan

Prix d’interprétation féminie : Julianne Moore dans Maps to the Stars de David Cronenberg

Prix d’interprétation masculine : Timothy Spall dans Mr. Turner de Mike Leigh

Caméra d’Or : Party girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger, Samuel Theis

Le jury présidé par Jane Campion a récompensé  le film le plus long du festival (3h16 !). Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan avait déjà obtenu deux grands prix et un prix de la mise en scène. Il ne lui manquait donc plus qu’une Palme d’Or ! Winter Sleep ne figurait pas parmi les premiers favoris. Il montre un comédien à la retraite qui tient un petit hôtel en Anatolie centrale avec sa jeune épouse, dont il s’est éloigné, et sa soeu , en souffrance depuis son récent divorce. C’est l’hiver et la neige recouvre la steppe à mesure que les rancoeurs se ravivent. C’est un film très esthétique, voire littéraire ,les discours du personnage principal Aydin rappelant parfois des dialogues de Tchekov.

Que serait le festival sans ses surprises et ses déceptions ? Le jury a fait preuve d’audace en décernant à Alice Rohrwacher et à son film Le Meraviglie le Grand Prix qui montre une famille en Ombrie vivant dans une ferme délabrée où ils produisent du miel. La réalisatrice a fait appel à sa soeur Alba pour jouer le rôle de Gelsomina, dont la vie est remise en question par l’arrivée d’un jeune délinquant mais surtout le tournage d’un épisode de télé-réalité avec une belle héroïne interprétée par Monica Bellucci. Leviathan, le dernier film présenté en compétition vendredi soir est reparti avec le prix du scénario. Le réalisateur russe Andrey Zvyagintsve est un habitué des festivals et des récompenses puisqu’il avait déjà obtenu Le Lion d’Or au festival de Venise avec Le Retour et le prix spécial du jury d’Un Certain Regard à Cannes avec Elena. Comme son titre l’indique, le film est présenté comme une adaptation contemporaine du livre de Job dans un port de Barents, au nord de la Russie. On y voit Kolia avec sa femme et le fils qu’il a eu d’un précédent mariage lutter contre le maire de la ville qui souhaite s’approprier son terrain, sa maison et le garage dans lequel il travaille. Quant au prix de la mise en scène, il est revenu à Bennett Miller pour Foxcatcher,  inspiré de l’histoire vraie du millionnaire  John Du Pont qui prend sous sa coupe un champion de lutte pour le mener à la victoire aux Jeux Olympiques. Le film aurait sans doute mérité d’être récompensé pour la prestation de Steve Carrell, plus que pour sa mise en scène, finalement assez classique. Ce sont sans doute les deux Prix du Jury qui suscitent le plus de remarques et d’interrogations. Le jury a décidé de récompenser à la fois le plus ancien et le plus jeune des cinéastes de cette sélection. Xavier Dolan, 25 ans, très ému en montant sur scène, a rendu hommage à Jane Campion qui, avec La leçon de piano, lui a donné le désir de faire du cinéma. Il a poursuivi son discours en encourageant les jeunes générations à croire en leurs rêves. Pour sa première sélection cannoise en compétition officielle, il repart avec un prix prestigieux, même s’il rêvait sûrement en secret de la Palme d’Or.. Lors de la cérémonie, il a éclipsé Jean-Luc Godard qui a brillé par son absence. Il avait déjà refusé de venir mercredi pour la présentation du film et la traditionnelle conférence de presse. Son dernier film, Adieu au langage, tourné en 3D, est loin d’avoir fait l’unanimité. Le résumer tient de l’exploit : on voit un homme et une femme qui se rencontrent, discutent sur la vie, la neige et le Lac Léman, un chien qui passe et qui aboit. Ce film a été apprécié et même considéré comme un chef-d’oeuvre par les initiés et les admirateurs de Godard (dont Jane Campion fait partie). Les autres, restés insensibles, seront passés à côté…. Enfin, en ce qui concerne les prix d’interprétation, Timothy Spall, sous les traits du peintre Turner est formidable. Sur scène,lors de la cérémonie, il a lu sur son téléphone portable les mots qu’il avaits écrits dans l’avion pendant son retour à Cannes ! Côté femme, c’est dommage que Julianne Moore n’ait pas fait le déplacement. Son rôle d’actrice vieillissante et déjantée à la recherche d’un grand rôle lui a valu un prix d’interprétation amplement mérité dans le film de Cronenberg, Maps to the Stars.

Comme d’habitude, le jury ne pouvait pas récompenser tout le monde et a “oublié” de grands films, pourtant considérés parmi les favoris. Tout d’abord, Timbuktu d’Abderrahmane Sissako sur l’occupation de Tombouctou par des troupes djihadistes avait été très bien accueilli par les festivaliers, suscitant une réelle émotion. De nombreux journalistes le donnaient vainqueur de la Palme d’Or. La japonaise Naomi Kawase avec  Still the water, avec son très beau film plein de poésie sur deux adolescents qui font l’expérience des difficultés de la vie, aurait fait une belle Palme d’Or. Enfin, les frères Dardenne sont repartis bredouille. C’est sans doute injuste car ce film qui montre cette jeune mère de famille luttant pour conserver son emploi est l’un de leurs meilleurs. Il faisait partie des plus appréciés par les critiques du monde entier. Bien que leur décerner une troisième Palme eût été excessif, ils auraient mérité de figurer au palmarès.

 

A propos Laurence

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