Festival de Cannes J2 : Les Misérables de Ladj Ly, première claque de la compétition

Hier soir avait lieu la projection du premier film français en compétition et le moins qu’on puisse dire c’est que le Festival de Cannes a reçu sa première claque.

 

Avec Les Misérables, Ladj Ly, dont c’est le premier long métrage, (il concourt donc à la Caméra d’or) a réalisé un film coup de poing qui va sans nul doute marquer cette 72ème édition. Pourquoi un tel titre ? Bien sûr, les personnages du film ne roulent pas sur l’or mais comme le dit avec un trait d’humour, Stéphane (Damien Bonnard), la nouvelle recrue de la Bac, Victor Hugo a écrit une partie de son chef-d’oeuvre à Montfermeil. Le film nous plonge donc au coeur d’une cité de cette ville du 93. On y voit ses gamins, qui ne sortent pas de là et qui commettent des petits larcins, les médiateurs et surtout “Le maire”, voulant bien faire mais traficotant de temps en temps et les frères musulmans, avec Salha qui semble régner sur la cité. A bord de leur voiture, les trois policiers de la Bac circulent dans la cité au milieu de tous. Leur chef, Jeanne Balibar, annonce d’emblée à Stéphane qu’ici, c’est l’équipe qui compte et qui doit passer avant tout. Stéphane, dans la première partie, se fait quelque peu bizuter ; Chris n’est pas tendre avec lui. Avec les autres de la cité non plus. Il est exaspérant, dépasse parfois les limites et se livre à quelques petits arrangements avec les indics et les caids du coin. Chacun semble y trouver son compte. Pourtant, c’est un incident qui va mettre le feu aux poudres. Les gitans, patrons d’un cirque, ont perdu leur lionceau. C’est un gamin de la cité qui l’a volé. Il n’en est pas à son coup d’essai. Les “bacqueux” lui mettent la main dessus mais ils sont assaillis par les autres gamins. Et soudain, la bavure survient : le jeune reçoit un tir de flashball dans le visage, par accident ou parce que la pression était trop forte. Seulement, un drone a tout filmé. Il s’agit donc de retrouver le propriétaire de l’appareil et faire dire au gamin qu’il est tombé tout seul… Le film se déroule sur deux journées. Ladj Ly est parvenu à ne jamais tomber dans le manichéisme. Il dresse un état des lieux, un triste constat de la réalité. Tout le monde est à la fois bon et mauvais. Le réalisateur se garde bien de porter tout jugement. Il réalise un film politique, au sens étymologique du terme. Il alerte sur la situation. Le film commence avec la liesse créée par la victoire de la Coupe du Monde 2018 et se termine avec une scène oppressante, d’une violence inouie. A la fin, qui a gagné ? Personne. Bien sûr, on pense à La Haine de Matthieu Kassovitz ou même à Spike Lee avec Do the right thing. Quand la colère des jeunes s’est mise en route, difficile de l’arrêter. Le film s’achève sur un constat d’échec. Aux politiques d’agir enfin…

Dans la deuxième partie de la soirée, Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles ont présenté Bacurau. Le titre est celui du nom donné à un village (imaginaire) du nord est du Brésil. L’histoire se passe dans quelques années. Quand le film commence, les habitants sont réunis pour l’enterrement d’une vieille dame, très appréciée du village. La première partie très réussie nous plonge au coeur des coutumes de ce village. Ils ne sont plus approvisionnés en eau mais ils ont trouvé un “modus vivendi”. Ils ont une école, un médecin, un peep show. Le village fonctionne à son rythme, voire en autarcie. Lorsque le préfet arrive avec sa voiture voyante, personne ne veut de lui, malgré les provisions qu’il apporte. Bientôt, dans le village, le réseau téléphonique est coupé, les meurtres se multiplient et l’électricité va disparaître. Une organisation (avec à sa tête Udo Kier) armée jusqu’aux dents met tout en oeuvre pour détruire Bacarau et ses habitants. C’est sans compter sur la résistance des villageois, dont le passé de résistance est affichée fièrement dans son musée. Mendonça Filho et Juliano Dornelles ont réalisé un film fort, parfois très violent, comme un appel à lutter et à résister. Le Brésil de Bolsonaro n’est pas très loin… Décidément, mercredi, les films de la compétition étaient éminemment politiques.

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