Grand musée du parfum à Paris

Le musée grand musée du parfum a ouvert le 22 décembre 2016.  C’est Guillaume de Maussion, le directeur, qui a eu l’idée de créer ce grand musée du parfum il y a 2 ans en se disant qu’il y avait le musée Fragonard  de Grasse qui revenait surtout sur l’extraction de matières premières naturelles pour la création du parfum mais il n’y avait pas de musée du parfum à proprement parler à Paris. Donc il a décidé de le créer. Il s’est entouré de 2 personnes : Dorothée Lepère et Nicolas de Gaulmyn. Ils ont d’abord créé la société Parfeum en charge de l’exploitation du musée. Un partenariat a ensuite été créé avec le Syndicat Français de la Parfumerie qui regroupe tous les principaux parfumeurs de Paris et un fonds de dotation a été créé également afin de lever des fonds. Il y a également un partenariat assez important avec l’IFF (International Flavors and Fragrancies), une entreprise de fabrique de parfum qui a énormément aidé au cours de la visite pour la fabrication de senteurs et notamment de parfums d’époque qu’ils ont reconstitué à partir de formules et d’archives. Il y a aussi un partenariat avec le musée Carnavalet qui a prêté notamment des meubles d’époque de la parfumerie Houbigant. Et aussi avec le musée Drom Fragrancies basé à Munich, tenu par la famille Storp qui a collectionné des flacons sur 6000 ans d’amplitude et a prêté des flacons égyptiens. D’autres partenariats ont été mis en place également pour tous ces dispositifs (voir, sentir, etc).

Le lieu


Pour ce qui est du lieu, cet hôtel particulier grandiose, au 17e siècle, c’étaient des maîtres jardiniers qui l’habitaient, comme c’était surtout le cas dans toute la rue Saint-Honoré. Ensuite, c’est devenu un hôtel particulier. C’est ensuite Etienne Moreau-Nélaton, artiste, historien d’art, critique d’art, qui a habité cet hôtel particulier de 2 étages. Ensuite c’était le siège de la boutique de lingerie Scandale puis en 1987 le siège de Christian Lacroix. Il y a 3 étages. Au sous-sol se trouve la partie histoire et anthropologie du parfum. Différentes pratiques et usages du parfum à l’époque : la bonne odeur servait pour se parfumer et sentir bon est arrivée très tard, avant l’usage était surtout sacré et thérapeutique. Au premier étage se trouve la partie plutôt chimique qui explique comment créer un accord à partir de molécules de synthèse, comment l’odorat arrive au nez et au cerveau, ce qu’on sent en fait, comment les gènes entrent dans la fabrication des récepteurs olfactifs qui permet de sentir les odeurs. Au deuxième étage intitulé l’art du parfumeur, on entre dans le bureau du parfumeur pour comprendre comment il travaille, comment il compose ses parfums. Il y a au cours de la visite beaucoup de différents parfums à sentir. Si l’odorat fatigue un peu, il faut savoir qu’on n’utilise que des odeurs sèches donc pas d’alcool, pas de molécules volatiles, ce n’est pas entêtant comme en parfumerie, donc il ne faut pas hésiter à sentir sa peau car ça repose les sens.

Sous-sol : Histoire de parfums


Au sous-sol, les salles suivent un parcours chronologique. La première salle est consacrée à la création du parfum en Egypte et l’Antiquité. Ensuite la deuxième salle au Moyen Âge et la Renaissance. Et la galerie à la période post-industrielle.

Salle 1 : Galerie des séducteurs
La galerie des séductrices et des séducteurs présente 16 couples de figures historiques qui ont marqué l’histoire politiquement parlant mais également par leur utilisation du parfum dans la séduction : la reine de Saba et le roi Salomon, Cléopâtre et Marc Antoine, Catherine de Médicis et son parfumeur René le Florentin, Louis XIV et la marquise de Montespan, Casanova et Marie-Antoinette, Napoléon Ier et l’impératrice Eugénie, Louise Brooks et les garçonnes.

En -1900, la reine de Saba, basée dans la corne de l’Afrique dans le mystérieux pays de Pount là où on a trouvé la myrrhe, a épousé le roi Salomon après l’avoir séduit par ses parfums.

En 1920, Louise Brooks, actrice de la Paramount, qui faisait partie des garçonnes, filles féministes, était l’égérie du fameux parfum Joy de Patou.

Grand musée du parfum Marquise de Montespan
Grand musée du parfum : Marquise de Montespan

Salle 2 : Sources sacrées (Egypte et l’Antiquité)
Ils ont fait le choix scénographique du temple car en Egypte dans l’Antiquité, le premier usage du parfum était sacré. Etymologiquement, le parfum est constitué des deux mots « per » et « fumum » qui signifie « à travers la fumée ». La fumée vole vers le ciel pour permettre le lien entre le terrestre et le ciel, avec Dieu.
Le parfum était d’abord utilisé de manière sacrée ou comme offrande aux dieux en Egypte, notamment au dieu Râ tous les matins, aussi en fumigation, énormément pour l’embaumement des corps. Et de manière profane également mais cette utilisation devait être uniquement thérapeutique, à la manière des huiles essentielles pour les vertus des plantes aromatiques et non pour sentir bon. Les personnes qui n’étaient pas dieu ou dieu sur terre, puisque les pharaons étaient des dieux sur terre, n’y avaient pas droit.
Dans cette pièce, on nous présente trois parfums qu’on peut sentir : le kyphi, l’oliban et la myrrhe.
Kyphi en égyptien signifie « deux fois bon », bon pour les dieux et bon pour les hommes. C’est le premier parfum qu’on a découvert grâce à une formule gravée sur un temple en hiéroglyphes, qu’on peut voir. Celui-ci était utilisé de manière sacrée, il y avait une petite stèle derrière le temple où le prêtre et ses assistants passaient beaucoup de temps à composer des parfums, broyaient des fleurs, mélangeaient les fleurs à l’huile pour que l’huile s’imprègne de l’odeur de la fleur, c’est la première technique du parfum, l’enfleurage. Le beurre qu’on met dans son réfrigérateur prend les odeurs des autres aliments : c’est exactement comme cela que fonctionne l’enfleurage.
L’oliban, qui est une sorte d’encens, est un parfum mais aussi une matière première.
La myrrhe était utilisée pour ses vertus cicatrisantes notamment et avait pour vertu de réveiller les morts, les statues. Donc les prêtres enduisaient les statues des dieux et des déesses de cette myrrhe avec l’idée qu’ils allaient être là présents. Il y a également beaucoup de plantes aromatiques qui poussaient autour du Nil : le lotus, le papyrus, le souchet, l’essence de térébenthine et d’autres fleurs comme le narcisse, le miel et l’origan. On sent un peu la rose dans le kyphi. Celui-ci était utilisé pour faire les offrandes aux dieux. On faisait aussi des offrandes d’animaux qu’on farcissait d’épices et après les fumigations avec l’encens et la myrrhe. Concernant l’embaumement, le kyphi était également utilisé pour l’une des matières premières qui le compose, la myrrhe. En Egypte, la mort signifie la séparation de l’âme et du corps, l’âme étant immortelle et, pour préserver le corps pour l’au-delà, essayer de le réveiller. L’embaumement était fait de manière totalement différente en fonction de la classe sociale d’où on provenait. Si on était très riche, on avait carrément le droit à une opération chirurgicale : on retirait le cerveau avec un petit crochet et on mettait un petit liquide qui permettait de dissoudre le reste, ensuite on coupait une partie du ventre, on ouvrait, on enlevait les viscères et on mettait l’huile d’aromates et surtout de la myrrhe, également le kyphi, puis on baignait le corps dans un liquide, le natron, qui permet de préserver encore plus. Si on était plus pauvre, on avait parfois juste une toilette extérieure ; on nous embaumait d’huile, de graisses souvent animales (crocodile, hippopotame). On utilisait des petites coupelles, en Egypte puis en Grèce, pour mettre ces graisses.

La myrrhe et l’oliban se situaient au pays de Pount, un pays légendaire sur la corne de l’Afrique. Il y avait plusieurs expéditions de la reine égyptienne Hatchepsout pour en ramener vers l’Egypte. Il y avait aussi beaucoup de fleurs : iris, lotus, narcisse, etc… On embaumait le corps des morts avec du parfum appelé parfumite et ils étaient représentés avec une fleur de lotus. Petit à petit, après la Grèce et Rome, ont lieu les conquêtes d’Alexandre qui va ramener des matières animales qui vont s’ajouter à ces parfums, notamment le musc, la civette. Le musc est extrait d’une glande qui se situe dans le ventre du chevreau. On l’a beaucoup utilisé en parfum et il a été interdit seulement en 1965 parce qu’il y avait une disparition de l’espèce et qui est maintenant reconstitué chimiquement. A Rome et en Grèce, le parfum était utilisé à peu près de la même manière, c’était toujours un usage sacré.
Et, petit à petit, alors que se parfumer était considéré comme frivole, aux alentours de 0 de la naissance de Jésus-Christ, il va être utilisé dans les banquets par les personnes riches, pas forcément les rois, mais cela va être un symbole de richesse. Néron qui régna de 54 à 68 utilisait les parfums dans ses banquets : les fontaines étaient parfumées ainsi que les ailes des colombes qui se baladaient. A la mort de Poppée, il a fait brûler l’équivalent de la production de 40 kg d’encens. On l’a utilisé de plus en plus.
A la fin de l’empire romain d’occident, au milieu du 5e siècle, invasion des barbares, le parfum sera très peu utilisé pendant quelques siècles.

Grand musée du parfum Myrrhe
Grand musée du parfum : Myrrhe

Salle 3 : Cabinet de curiosité (Moyen-Âge et Renaissance)

Cléopâtre, descendante des Ptolémée était pharaon, dieu sur terre, utilisait le parfum à foison et avait séduit Jules César puis Marc-Antoine par stratégie politique. Shakespeare, dans sa pièce Antoine et Cléopâtre, parle de Cléopâtre qui arrive vers Marc-Antoine pour le conquérir dans un bateau où les voiles sont parfumées qui embaument la mer et les vents afin de s’annoncer et on sait qu’ils finiront ensemble avec leur fin tragique.

Au Moyen-Âge, Catherine de Médicis symbolise l’arrivée de l’utilisation du parfum dans la mode puisque, venue de Florence pour épouser le roi Henri II, avec son parfumeur René le Florentin qui fabriquait les eaux parfumées, elle a introduit cette mode à la cour et à Paris.

On a reconstitué un cabinet de curiosité qui exposait des antiquités au Moyen-Âge.

Puis, petit à petit, avec l’invasion des arabes au 7e siècle en Andalousie en Espagne, les eaux parfumées vont être réintroduites : eau de rose, eau de fleur d’oranger et qu’on va utiliser énormément dans les bains collectifs. Ensuite au 12e siècle, apparaît par les arabes grâce aux Croisades une amélioration de la technique de distillation qui va permettre de changer l’excipient, ce qu’on mélange pour pouvoir se mettre sur la peau, et introduire l’alcool. Cela va être une révolution puisque l’alcool permet de désinfecter et le parfum sera énormément bu, à la manière de l’eau-de-vie, bien que cela ait tendance à choquer. En 1347 arriva la peste et le parfum sera utilisé pour éloigner cette maladie ainsi que d’autres. Une petite légende symbolise assez bien cette époque racontée en images qui est la légende du Vinaigre des quatre voleurs : quatre voleurs pendant la période de la grande peste au 17e siècle volaient et pillaient les morts sans jamais attraper la peste car ils portaient ce vinaigre à base de camphre (formule : marjolaine, reine des prés, camphre, clou de girofle) car toutes ces plantes avaient des vertus antiseptiques mais également parce que c’étaient les rats qui transmettaient la peste avec leurs puces. Les rats avaient des récepteurs olfactifs qui ne supportaient pas cette odeur donc cela les éloignait. Un diffuseur permet de le sentir, il a été reconstitué par Dominique Ropion à partir d’archives historiques. Toutes sortes de vinaigres ont été créés : qui permettent d’éloigner les maladies, remèdes puisque antiseptiques. On imbibait le coton de ces vinaigres et on les mettait dans des vinaigrettes, des petites boîtes qu’on portait sur soi, à la manière des talismans car des croyances populaires disaient que cela éloignait le mauvais œil. Les médecins de la peste utilisaient le parfum et les épices pour aller soigner les malades : ils mettaient de l’ail et des aromates dans le bec de leur masque pour que cela éloigne les maladies (explication scientifique mélangée de croyances populaires). Petit à petit, les bains publics vont être interdits puisque réputés pour transmettre les maladies et la peste. Le parfum va commencer à être utilisé pour l’hygiène, pour désinfecter et pour couvrir les mauvaises odeurs. On peut sentir l’eau de Cologne : la première est attribuée à Jean-Marie Farina, on la trouve chez Roger et Gallet qui a maintenant la recette mais l’histoire est un peu plus compliquée. C’est son oncle Féminis qui était parfumeur de Cologne  qui avait fait un voyage à Florence qui grâce à ses ports de commerce, à ses comptoirs notamment Venise, importait énormément de matières premières et était pionnière dans la création de parfums aux 14e et 15e siècles. Il y découvre un parfum fabriqué à Santa Maria Novella, à côté de Florence dans un monastère par des moines qui est composé en majeure partie d’eau de fleur d’oranger. Ce parfum lui inspire la recette de l’eau de Cologne ; il peaufine la formule à Cologne mais il va mourir avant de finir et il la transmet à Jean-Marie Farina qui le terminera. Dans l’idée de parfum remède, il y a également l’eau de la reine de Hongrie dont la légende est un peu plus ancienne que l’eau de Cologne puisqu’elle existe depuis 1370. C’est un peu le premier coup de marketing de l’époque : l’eau aurait été fabriquée par un ermite, donnée à la reine de Hongrie qui aurait rajeuni, ce serait donc une cure de jouvence, qui aurait épousé le roi de Pologne. Il va être utilisé à la cour de Louis XIV pour couvrir les mauvaises odeurs. On utilise beaucoup de parfums capiteux. Le roi exige que chaque courtisan porte un parfum différent. Mais à la fin de règne, il devient allergique et ne supporte plus le parfum sauf l’eau de fleur d’oranger. Pendant cette période et après, le parfum est utilisé en grande quantité, sur la peau, dans des petits flacons dont certains en porcelaine représentent des figurines dont on peut enlever la tête, sur les vêtements, dans les ourlets et surtout sur les gants. La corporation des gantiers-parfumeurs fabrique des gants en cuir parfumés qui sont surtout basés à Grasse et apportés à Paris, et grâce à la technique de l’enfleurage, en les enduisant de graisse.

Napoléon 1er consommait 40 litres d’eau de Cologne par mois. Il s’en aspergeait, la buvait pour se ragaillardir et se lavait avec. Lorsqu’il a été exilé sur l’île de Sainte-Hélène, il a même demandé à son serviteur, le mamelouk Ali, de recréer de l’eau de Cologne puisqu’il ne pouvait pas s’en passer.

On parle également de canard Farina qui est un sucre qu’on enduisait d’eau de Cologne.

On peut sentir également le musc, substance animale qu’on utilise aux 16e et 17e siècles puisqu’on aime les odeurs capiteuses, les odeurs fortes.

Grand musée du parfum Flacon en verre
Grand musée du parfum : Flacon en verre
Grand musée du parfum Flacon en porcelaine
Grand musée du parfum : Flacon en porcelaine

Salle 4 : Essor de la parfumerie française
La vapeur est inventée et va permettre une fabrication plus précise grâce à différentes machines qui permettent de fabriquer en grande quantité. La fabrication va se séparer totalement de la vente, les usines de fabrication vont aller en banlieue, en dehors de Paris, tandis que tout ce qui est vente, commerce, se fera au centre de Paris. On a également une révolution majeure à cette époque-là qui est la création de molécules de synthèse. Avant le parfum était extrait naturellement des plantes avec des techniques d’enfleurage, de distillation, de macération. Puis les molécules de synthèse vont être inventées pour créer chimiquement une odeur. En 1860 est créée la coumarine qui a une odeur d’herbe coupée et va donner lieu au premier parfum avec des molécules de synthèse qui est Fougère royale de Houbigant. Ensuite va être synthétisée la vanilline, une molécule qui sent la vanille, qui va permettre la création du parfum Jicky de Guerlain. Ensuite va naître l’aldéhyde dont on arrive difficilement à décrire l’odeur ; un parfumeur a essayé en disant que c’était de la cire de bougie qui tombait sur un cuir chevelu gras. Cet aldéhyde va permettre de créer le fameux Chanel N°5. Ces molécules vont permettre de produire en plus grande quantité le parfum qui va être beaucoup plus vendu, devenir moins cher mais également rendre le parfum abstrait. On n’a plus une référence à la nature, à la fleur, au fruit, etc… On a une bonne odeur qui est abstraite. Avec cette révolution dans la production, au niveau qualitatif et quantitatif, va apparaître la naissance des flacons. Les flacons n’étaient pas aussi importants avant qu’à cette époque où le marketing va vraiment jouer sur la forme des flacons. La publicité naît également à cette époque ainsi que les égéries. On va prendre une égérie pour chaque parfum. La première égérie pour l’eau de Cologne impériale de Guerlain est l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III. Ensuite on aura Sarah Bernhardt pour les parfums de Rosine. Puis plusieurs égéries pour Chanel N°5, actuellement Lily-Rose Depp. Il y a eu sa mère, Audrey Tautou, Marylin Monroe qui n’avait pas passé de contrat mais avait seulement déclaré à un journal quand on lui demandait ce qu’elle portait la nuit qu’elle ne portait rien à part quelques gouttes de Chanel N°5. Toute la publicité qui entoure ce parfum l’a fait décoller. Important également avant cette révolution industrielle il y a eu un décret de Napoléon qui a séparé les métiers de parfumeur et de pharmacien comme c’était le cas auparavant. Du coup, les vertus thérapeutiques du parfum venaient jouer un peu dans la publicité tandis que là c’est que la bonne odeur qui permet de les distinguer puisqu’on n’a plus le droit d’inscrire les vertus thérapeutiques.

Grand musée du parfum Houbigant
Grand musée du parfum : Houbigant

Salle 5 : Galerie des flacons (les grands couturiers)
Au début du 20e siècle, avec les parfums mis sur les vêtements, les robes, on va sentir la personne, elle va laisser un sillage derrière elle. Il y a d’abord Paul Poiret qui a créé les parfums de Rosine. Ensuite Damiani qui s’inspirait du Moyen-Orient et créait des vêtements comme des caftans. Puis Chanel N°5 et ainsi de suite. On a Joy de Jean Patou dont l’égérie était Louise Brooks.
Petit à petit, ces couturiers vont avoir le monopole de la fabrication du parfum donc il va être de plus en plus difficile pour les parfumeurs de s’affirmer et de réussir à survivre face à ces grands couturiers. On peut voir pour l’eau de Cologne impériale de Guerlain dont l’impératrice Eugénie était l’égérie, Jicki de Guerlain. On peut voir la reconstitution d’une boutique de Houbigant qui a créé Fougère Royale à partir de la coumarine, prêté par le musée Carnavalet. Il est intéressant de voir qu’on présentait les parfums à l’époque comme on présentait les bijoux.

Grand musée du parfum Jean Patou
Grand musée du parfum : Jean Patou

Premier étage : immersion sensorielle
On va nous expliquer comment on crée un accord en parfum et comment l’odorant arrive au cerveau.

Ensuite au jardin des senteurs, on trouve des petits exercices pour essayer de deviner certaines odeurs.

Salle 1 : Chimie des odeurs et sens olfactif
On a un bouquet de roses dont on peut sentir l’odeur naturelle sans appuyer sur le bouton et l’odeur chimique en appuyant. L’idée est de comparer les deux. Pour reconstituer chimiquement l’odeur de la rose, ou plutôt les odeurs des roses, il faut de 350 à 400 molécules chimiques, c’est énorme. Mais pour juste évoquer l’odeur de la rose, on n’en a besoin que de 3 qui sont présentées séparément : le phényléthanol qui est ici reconstitué synthétiquement mais qui est déjà présent naturellement dans la rose, le citronellol qui est présent dans l’écorce de citron et qui est notamment utilisé comme anti-moustiques et sent la citronnelle et l’eugénol qui est utilisé comme antiseptique.

Grand musée du parfum Bouquet de roses
Grand musée du parfum : Bouquet de roses
Grand musée du parfum Molécules de rose
Grand musée du parfum : Molécules de rose

Une odeur rétive est une odeur que tout le monde ne peut pas sentir. Plusieurs molécules odorantes arrivent au nez, chacune est reçue dans le nez par un récepteur olfactif qui va transformer le message chimique en message nerveux qui passe par le cerveau et va donner l’information, c’est là qu’on reconnait ce que c’est. Ces récepteurs olfactifs qui permettent de faire le passage entre l’extérieur et l’intérieur sont codés par des gènes. Il suffit qu’il nous manque un gène pour ne pas avoir le récepteur olfactif donc ne pas pouvoir sentir l’odeur. Il y a 2 odeurs que peu de personnes arrivent à sentir : les muscs galaxolides et les phéromones. Après avoir tourné la manivelle, ça va devenir rouge et on va pouvoir sentir pour voir si l’on a le récepteur olfactif. Les phéromones androsténones sont utilisées par un mâle pour attirer les femelles. Les papillons de nuit les utilisent. Quand on a des mites chez soi, on met des plaques sur lesquelles les mites viennent se coller car elles sont attirées par l’odeur des phéromones.

Grand musée du parfum Odeur rétive
Grand musée du parfum : Odeur rétive

Une vidéo plus précise explique quel est exactement le parcours de l’odeur. Le message passe par le bulbe olfactif. Ce qui est très intéressant, c’est qu’avant d’arriver où la personne va pouvoir identifier l’odeur, le message nerveux passe par un centre où se situent les amygdales du cerveau (différentes de celles de la gorge), le centre des émotions, et l’hippocampe, le centre de la mémoire. C’est pour cela qu’on lie autant l’odeur avec la mémoire et les émotions. Et que Proust cite dans ses romans tant de réminiscences comme la madeleine qui fait penser à son enfance.

Les gènes codent les récepteurs olfactifs et évoluent en fonction des besoins. C’est la théorie de Darwin. Un panneau présente le nombre de gènes en fonction des espèces qui a évolué au fil des années. L’homme en a 400, le chien en a 800, le rat qui est très sensible au vinaigre des quatre voleurs en a 1200 et l’éléphant en a 2000. On parle de mémoire d’éléphant car le message passe par le centre de la mémoire et il sent beaucoup d’odeurs et se rappelle de beaucoup de choses. Ces gènes ont évolué petit à petit. Par exemple, le dauphin repérait il y a très longtemps ses proies avec ses gènes olfactifs puis va développer un radar et c’est avec les ultrasons qu’il arrive à repérer ses proies donc il va avoir de moins en moins de gènes. A contrario, la baleine va avoir pour proies des planctons très odorants donc va développer ses gènes olfactifs, ce qui lui permettra de trouver son plancton.

Grand musée du parfum Gènes par espèce
Grand musée du parfum : Gènes par espèce

Un headspace est une technique assez simple qui a été inventée dans les années 1970 par le scientifique Roman Kaiser dont l’idée est de disposer de la formule chimique d’une odeur. La chose dont on veut capter l’odeur sous la sphère de verre, un gaz neutre est envoyé et va tournoyer puis sortir les molécules odorantes de la chose, elles sont captées par un petit tube, du sable blanc, cette odeur sera analysée chronomatographiquement et on aura les informations sur les molécules qui composent l’odeur. On peut grâce à cela recréer une odeur de fleur, le muguet par exemple. Il est impossible d’extraire l’odeur du muguet naturellement par distillation donc c’est toujours recréé par des molécules de synthèse, sans distiller la fleur, l’enfleurer, la broyer, en la préservant. On peut également recréer des arômes comme celui du croissant qu’on va diffuser dans certaines boulangeries pour attirer les clients. Il faut savoir que les nombreuses entreprises qui fabriquent les parfums créent également souvent des arômes.

Grand musée du parfum Muguet
Grand musée du parfum Muguet

Salle 2 : Jardin des senteurs
On va pouvoir tester son olfaction en sentant les odeurs du jardin des senteurs. Chaque fleur possède un capteur. L’idée est de se mettre sous le capteur. Dès qu’il capte, on entend le bruit d’un oiseau et le diffuseur va diffuser une odeur à la verticale. On peut sentir cette odeur, essayer de la reconnaître et, petit à petit, une image va apparaître pour nous aider. Il y a la madeleine, le basilic, le whisky, la framboise, le feu de cheminée, la cannelle, l’iode, le chocolat Kinder, le poivre, le coca-cola.

Grand musée du parfum Jardin des senteurs
Grand musée du parfum : Jardin des senteurs

Salle 3 : Jeux olfactifs
On peut sentir un accord de jasmin avec trois molécules mélangées dans les bonnes proportions qui permettent de composer cette odeur. Trois odeurs qu’on peut sentir séparément dans des alcôves en appuyant sur un bouton : l’acétate de benzyle, l’indole et le dihydrojasmonate de méthyle.

Un fauteuil des confidents permet de jouer à s’envoyer des odeurs et de les reconnaître. La personne qui reconnait une odeur en envoie une à son tour. Si elle ne la reconnait pas, l’autre personne va lui renvoyer une odeur et elle réessaye.

Grand musée du parfum Fauteuil des confidents
Grand musée du parfum : Fauteuil des confidents

Derrière un rideau, on peut sentir des odeurs dites interdites en se penchant sur le trou et en appuyant sur un bouton : le boudoir libertin, le tabac froid, l’absinthe et le cannabis. Les parfums qui existent maintenant font plus ou moins une référence au sexe qui est du musc. L’eau de lingerie de Guerlain qu’on peut sentir à la boutique est très proche de l’odeur du boudoir libertin.

Grand musée du parfum Odeurs interdites
Grand musée du parfum : Odeurs interdites

On peut voir dans l’escalier les créations de flacons emblématiques de chacune des marques de parfum.

Deuxième étage : l’art du parfumeur
Le deuxième étage est le dernier étage de l’exposition permanente. Le troisième étage aura des expositions temporaires éphémères.

Salle 1 : La collection des matières premières
Sur un orgue créé par Harvey & John suite à un appel d’offres, on peut sentir les 25 matières premières les plus utilisées par les parfumeurs dont on peut voir la liste : bergamote, lavande, fleur d’oranger, iris pallida, jasmin grandiflorum, hédione, rose absolue, tubéreuse, cardamone, méthyl ionone, dihydromyrcenol, aldéhyde C11, patchouli, cis-3-hexenol, véther, santal, oud, vanille, vanilline, calone, fève tonka, éthyl maltol, absolu bourgeon de cassis, cashméran, muscone. Il faut tourner la boule pour choisir sa langue, on la soulève, on sent, on la met à l’oreille et on a une explication de ce qu’on vient de sentir.

Grand musée du parfum Orgue
Grand musée du parfum : Orgue

Salle 2 : La mémoire olfactive des parfumeurs
On va voir comment le parfumeur crée ses odeurs et les compose.

En parlant du parfumeur, on parle souvent de nez. Ce n’est pas péjoratif mais pas exact. Car le parfumeur travaille principalement avec sa mémoire. Il ne travaille pas dans son bureau et n’est jamais en présence des matières premières. Il a en tête plus de 400 matières premières et connaît par cœur ses accords et révise. On peut voir sur une vidéo Patricia de Nicolaï, parfumeuse, qui explique que le parfumeur doit faire ses gammes c’est-à-dire révise ses matières premières donc les sent pour se les remémoriser. Il est important de savoir que, quand le parfumeur imagine une odeur, son cortex olfactif continue de se développer comme s’il la sentait effectivement. Il fait sa formule de cette manière-là et va ensuite la donner à son assistant qui lui est en contact avec les matières premières. Celui-ci possède toutes ces matières premières devant lui sur un orgue, en fait un meuble. Il procède aux pesées et à l’assemblage des matières premières pour assembler et créer le parfum.

On peut sentir l’absolu rose et le comparer ensuite avec des parfums recréés chimiquement par des parfumeurs qui réinterprètent l’odeur de la rose. L’idée c’est de la sublimer, pas de la recréer comme elle est exactement. Mais on peut voir que certains parfums sont beaucoup plus proches de l’odeur de la rose que l’absolu rose dont l’odeur est altérée par le processus de distillation.

Salle 3 : Le bureau du parfumeur
Comment ça lui est venu et comment il travaille. Mathilde Laurent est la parfumeuse de Cartier qui a créé notamment le parfum Baiser volé. Jean-Claude Ellena, parfumeur d’Hermès, est interviewé dans sa maison à Grasse, haut-lieu du parfum où on faisait pousser toutes les matières premières, toutes les fleurs avant la création des molécules de synthèse.

Grand musée du parfum Mathilde Laurent
Grand musée du parfum : Mathilde Laurent

Salle 4 : Se parfumer ?
On peut voir des vidéos sur le genre : y a-t-il un parfum masculin et un parfum féminin ? Cela dépend du lieu et des époques, c’est totalement culturel et on revient petit à petit au parfum unisexe dont le premier était CK de Calvin Klein, très aspéridé qui sent un peu l’eau de Cologne et les agrumes et qui a fait un tabac dans les années 1990. On a également toutes les eaux d’Hermès. Soit la vidéo tourne en boucle et il suffit de s’asseoir devant  et d’écouter avec un écouteur soit on l’active en appuyant sur une petite poire.

Les parfums ont-ils une tête et un cœur ? Ce n’est pas totalement le cas mais c’est Jean-Claude Ellena qui l’explique.

Il y a une vidéo sur le geste de se parfumer avec la question : faut-il se parfumer tous les jours ? La réponse est plutôt non puisque finalement on s’habitue à notre parfum, on ne le sent plus donc il n’y a plus de plaisir olfactif qu’on peut ressentir le matin en mettant le parfum et on va avoir tendance à trop se parfumer d’où le fait que certains cocottent.

Il y a une vidéo le lieu commun qui veut que les parfums changent l’odeur en fonction de la peau. Ce n’est pas totalement vrai : certaines molécules sont altérées avec celles qui sont dans la peau mais que cela ne change pas sinon, c’est juste le mélange avec la transpiration qui donne un effet différent.

Salle 5 : L’orgue
On voit un orgue de parfumeur qui est un meuble de la fin du 17e siècle ou du début du 18e siècle, une étape charnière cruciale entre la cour de Louis XIV et celle de Louis XVI, 2 cours avec des attitudes notamment en terme d’hygiène très différentes. Dans cette pièce se trouve dans un flacon dont le parfum va être décomposé entre ses différents éléments, en musique et en lumière. La lumière est produite par des lasers qui jaillissent du flacon et vont frapper les prismes ; ce laser permet d’évoquer la précision des assistants de laboratoire qui font un ensemble de mélanges et de dosages pour les très grands parfums à travers 1200 prismes dont la formule est affichée. Chacune des 5 compositions lumineuses et musicales correspond à une formule olfactive représentant une grande famille de parfum : oriental, floral, fougère, chypre et Cologne. A terme, on pourra émettre une symphonie. L’orgue de parfumeur permet pour la première fois au début du 18e siècle de composer des parfums intégralement des parfums sans quitter sa chaise avec subtilité et délicatesse. La redécouverte de cette odeur vient de Marie-Antoinette. Contrairement à la marquise de Montespan car Louis XIV avait interdit les bains pendant une partie de son règne, celle-ci a porté des odeurs de tubéreuse, de datura qui étaient utilisées initialement pour cacher l’odeur des poisons. Elle avait été accusée d’avoir été une empoisonneuse alors que c’était faux et qu’elle ne faisait qu’obéir à son roi, qui voulait conserver la santé de son peuple. Mais 2 générations plus tard, à la cour de Louis XVI, juste avant la Révolution, on va retrouver avec Marie-Antoinette le bain quotidien et surtout la volonté à travers l’hygiène de pouvoir sentir l’autre et utiliser les parfums qui ont de moins en moins de concentration en terme d’huiles essentielles. Notamment, les eaux de Cologne, les eaux de parfum, c’est à ce moment-là que ça va apparaître parce qu’elle raffole de l’odeur de l’eau de la reine de Hongrie et elle trouve assez dommage qu’elle-même n’aie pas son propre parfum qui chanterait sa gloire. Ces deux personnages montrent cette évolution et aussi même dans le monde de la parfumerie, les gestes de l’industrie ont changé. On va passer de quelque chose de très délicat avec un bureau qui va reprendre la composition de l’orgue, le solfège qui va aller chercher directement les accords, les substances dont on a besoin et surtout on n’a plus les petites fioles et les petits tiroirs. C’est plus précis que ne va l’être un atelier de parfumeur du Moyen-âge. Souvent les contenants sont plus hauts que les contenus d’où l’expression « avoir la main lourde ». Cela vient du fait que, quand on ramasse quelque chose en parfumerie, malheureusement on est obligé de réparer un peu son erreur et de bricoler en changeant  quelque chose car on va jeter l’huile essentielle.

Grand musée du parfum Orgue laser
Grand musée du parfum : Orgue à lasers

Grand Musée du Parfum
73 rue du Faubourg Saint Honoré 75008 Paris
Tél : 01 42 65 25 44
Site web : www.grandmuseeduparfum.fr

 

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