Kessel, la liberté à tout prix : humaniste envers et contre tous

Qui était Joseph Kessel ? Je vous vois les deux au fond en train de consulter son wikipedia. Journaliste, aventurier, résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale, académicien… Oui, un peu de tout ça. Mais surtout un grand humaniste.

Il est impossible de résumer la vie de Joseph Kessel en 1h10. Mathieu Rannou l’a bien compris. Il fallait trouver un angle pertinent pour éviter de faire de ce seul en scène un patchwork de vignettes historiques. Déceler les motivations intimes de cette folle vie. Joseph Kessel aurait pu avoir une carrière de comédien au Conservatoire, mais très vite il entre en guerre comme aviateur contre la montée du fascisme. Et puis en 1920, il y a cet évènement tragique. Cette bascule émotionnelle qui semble à l’origine de tout.

Un rideau, un fauteuil, un porte-manteau. Mathieu Rannou épure au maximum le décor pour tendre vers l’abstraction. Il nous projette dans les souvenirs d’une vie extraordinaire, au plus près d’un Franck Desmedt habité d’une énergie à fleur de peur. Car cet incroyable voyage, en partance d’un premier reportage en Irlande et à destination d’une reconnaissance éternelle à l’Académie française, est avant tout une fuite en avant. Le 27 août 1920, son frère Lazare âgé de 21 ans se suicide. De cette douleur insondable naît alors sa curiosité de comprendre son prochain.

Franck Desmedt transmet à la perfection cette quête invétérée de poser les bons mots pour déceler le meilleur en chacun. Il se transforme en un conteur prestidigitateur, passant d’un tableau à l’autre avec une grâce esthétique qui tend au merveilleux. C’est fluide, incarné tout en passion et pudeur, au gré d’une mise en scène gracieuse. Un sublime portrait d’un humaniste. Le succès de Kessel, la liberté à tout prix est plus que mérité.

Kessel, la liberté à tout prix
Théâtre Rive Gauche, jusqu’au 21 avril.