Le Repas des Fauves : un retour mitigé

Paris 1942. Sept convives, s’étant plus ou moins bien accommodés à l’Occupation allemande, se retrouvent chez l’un d’eux pour fêter l’anniversaire de leur hôte. La soirée se déroule sous les meilleurs auspices, lorsqu’au pied de leur immeuble sont abattus deux officiers allemands. En représailles, la Gestapo investit l’immeuble et décide de prendre deux otages par appartement. Mais le Commandant Kaubach, qui dirige l’opération, reconnaît en la personne du propriétaire de l’appartement, M. Pélissier, un libraire à qui il achète régulièrement des ouvrages. Soucieux d’entretenir les rapports courtois qu’il a toujours eus avec lui, il décide de les laisser finir leur dîner et de ne passer prendre ses otages qu’au dessert. Mieux… il leur laisse la liberté de choisir eux-mêmes les deux otages qui l’accompagneront.

Le Retour des Fauves

En 2011, Julien Sibre rencontre le succès en adaptant le Repas des Fauves de Vahé Katcha. 700 représentations, 3 Molières (Meilleur spectacle du théâtre privé, Meilleure mise en scène, Meilleure adaptation) et la légende Fauvienne naît. 12 ans plus tard, être réinvité à l’anniversaire de Sophie par Sibre est un plaisir qu’on ne peut refuser. Le projet en lui-même génère une folle excitation. La première version étant devenue un classique.

À trop espérer vivre une expérience culte, la déception n’en est que plus grande.

Si le texte de Vahé Katcha garde son mordant, la mise en scène de Sibre reste trop sage. Comme victime de son propre succès passé. La longue scène d’exposition est tellement réaliste qu’on peine à s’intéresser aux personnages. Même l’arrivée de Kaubach se prend les pieds dans une normalité qui manque d’enjeux dramatiques. Il manque du caractère à ce repas festif pour le rendre surréaliste.

Le Repas de Thierry Frémont

Le Repas des Fauves est avant tout une pièce de personnages confrontés à leurs plus bas instincts. Et le casting de cette nouvelle version amène le piquant nécessaire pour retranscrire l’ironie de Vahé Katcha. En chef d’orchestre, Thierry Frémont est magistral dans la peau du collabo André. Tout en subtilité et ambiguïté. Il donne du caractère et de la profondeur à la mise en scène.

On a beau rire de sa lâcheté assumée, elle n’en reste pas moins d’actualité.

Malgré une approche classique, le propos de Vahé Katcha reste très contemporain. Hélas. Ce qui est doublement frustrant avec cette reprise du Repas des Fauves par Julien Sibre. On a le sentiment d’avoir survolé un huis-clos riche en questionnement personnel. Notre moral n’a pas été mis à rude épreuve. On peine à savoir au final comment on aurait réagi face à Kaubach.

Le Repas des Fauves
au Théâtre Hébertot

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