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Alice DELOI nous livre dans “Les flammes du Diable” un témoignage hallucinant quasi autobiographique édité chez EDILIVRE.
En continuant mon immersion dans la littérature traitant de la maltraitance infantile, le premier opus étant paru le 20/12/2018, (chronique sur le roman de Kathya de Brinon) je viens de finir la lecture de ce livre tiré d’une histoire vraie, celle de l’auteure Alice Deloi.
Les premières pages de ce livre m’ont tout de suite fait penser au film de Sandrine Veysset : “Y aura-t-il de la neige en hiver ?” film de 1996 avec Dominique Reymond et Daniel Duval.
Peut-être la présence d’un père dur, intraitable, avec sa maitresse et ses sept enfants “C’est pas le bagne, c’est comme ça, c’est la vie, dit la mère”.
Le père des flammes du Diable est un marginal vivant hors de la société mais exploitant toutes les ressources que cette même société peut lui offrir : crédit, aides de l’Etat, système scolaire etc.
Il vit avec sa femme, sa maitresse et ses cinq enfants, dans le dénuement le plus total le plus souvent. Adepte des aventures professionnelles sans lendemain, ses enfants ne seront presque jamais scolarisés et subiront avec soumission son grand pouvoir de persuasion.
“Il n’y avait aucun livre à la maison mais il connaissait les grands classiques de la littérature.” c’est toute l’ambiguité de ce personnage, fil d’instituteurs mais violent, manipulateur et incestueux.
Faisant retomber ses propres échecs sur toute sa famille et particulièrement sur ses enfants, il va les entrainer dans une course folle, déménageant, à la cloche de bois quand l’argent vient à manquer et se moquant à la fois de l’Administration et des Services Sociaux. Son périple l’entrainera de la Normandie au sud de la France et de la Région Parisienne à la Bretagne pour échouer à Saint Lunaire dans une dernière aventure hasardeuse.
Les coups, les brimades, le froid quand l’électricité est coupée, l’absence totale d’éducation … les volets fermés pour ne pas signaler une présence, les cris et puis après le silence total, les lits de camp, pas de Noël, pas d’anniversaires …
… et pourtant parfois, mais si rarement, des sacs remplis de victuailles et de cadeaux et pourtant parfois, quand Alice a la possibilité d’accéder à l’école son étonnante facilité à apprendre,
… et pourtant parfois, la possibilité d’écouter de la musique classique “4ème Symphonie, 1er Concerto pour piano, Concerto pour violon …” voilà sans doute ce qui va sauver Alice, son désir d’ailleurs …
Quel témoignage rude mais si humain, quelle leçon de vie, une fois de plus je reste sans voix, bouleversée par ses jeunes vies marginalisées, utilisées, battues, perdues … et par ces auteurs ayant la force de témoigner malgré la souffrance, cherchant au-delà de l’écriture la lueur d’un avenir meilleur.
