Les sirènes de Bagdad – Éditions Philéas 

Comment peut-on gérer une colère devenant haine, lorsqu’on vit tous les jours sous « Les sirènes de Bagdad » ? Lorsque la vie n’est plus qu’un combat incessant. Contre soi-même, contre les autres. Contre l’humanité. Encore une âme facile à récupérer par les organisations extrémistes, à une période où les troupes américaines occupent l’Irak.

Une adaptation du roman de Yasmina Khadra, écrivaine algérienne, confrontant inévitablement deux mondes totalement différents qui ne parviennent pas à se comprendre.

One-shot paru le 14 Septembre 23 aux Éditions Philéas.

Les Sirènes de Bagdad © Éditions Philéas
  • Le décor des Sirènes de Bagdad :

Mars 2003. La télévision. Un discours de Georges Bush…

L’occupation de l’Irak par les États-Unis, est déclarée. Le siège de Bagdad également. La cause : une menace sous-jacente cachée par le régime Irakien.

Dans son petit village de Bédouin au milieu du désert, un jeune garçon commence sa « tournée » matinale. D’abord, il salue son père, pas très bavard, assis près du grand arbre, contemplatif. Un taiseux comme son cousin Kadem. Et puis, il arrive près du « salon de coiffure » où tous les hommes ont une théorie sur l’acharnement de Bush à propos de leur pays. Les discussions vont bon train. Les avis sont divisés : il y a déjà les pacifistes d’un côté, les esprits échauffés de l’autre.

C’est un village tranquille, où les habitants ont une petite vie simple : on joue aux cartes, on papote, on respecte les traditions. Les enfants jouent à l’extérieur.

Mais soudain, un des gamins interrompt les discussions. Le fils du ferronnier, un attardé mental, vient de se couper les doigts sur une des grilles d’un portail. Le sang coule à flots. Il faut vite demander à Khaled, qui possède un taxi, d’aller d’urgence au dispensaire le plus proche.

Malheureusement, Khaled attend la visite de celui qui demandera la main de sa fille. Et demande au jeune bédouin de faire la course à sa place. Sur la route, ils sont retardés par un barrage où les soldats américains ne comprennent pas l’urgence de la situation. Souleyman prend peur lorsque le ton monde, s’élance au milieu du désert.

Un des soldats l’abat froidement devant ses yeux ….

Le début du dégoût… D’une colère incontrôlable qui va grandir au fil des événements subis…

Les Sirènes de Bagdad © Éditions Philéas
  • Le point sur la BD :

Winoc s’empare des romans de Yasmina Khadra et nous dépeint le portrait d’un jeune bédouin, dont on ne connaîtra jamais le nom. Le lecteur comprend vite dans quoi il s’embarque, dès le titre évocateur : « Les sirènes de Bagdad » aux Éditions Philéas.

La raison de cette « non » définition du personnage principal, permet de généraliser cette montée de colère et de haine, à tous ceux qui subissent des agressions, des traumatismes, des humiliations répétitives. Afin que le lecteur soit directement dans la peau, et dans les pensées de ce jeune homme.

On est immergé également grâce à la narration du personnage principal, à sa vision et sa réaction à tous les événements violents et dramatiques qu’il subit au cours du scénario. Cette violence va se traduire par un aveuglement et un enrôlement par des leaders d’une organisation terroriste.

Mais Khadra et Winoc ne se concentrent pas seulement sur cette haine. Ils partagent avec intelligence un message de paix, en exprimant cette différence de culture, de civilisation. En dénonçant deux mondes si différents qu’ils ne parviennent pas à se comprendre et se noient dans une course au pouvoir.

Les graphismes réalistes accentuent la violence qu’elle soit physique ou psychologique. On navigue dans la chaleur donnée par la colorisation, et l’angoisse des situations aggravées par les expressions des personnages.

Les Sirènes de Bagdad © Éditions Philéas
  • La conclusion :

Un récit éprouvant en one-shot, aux Éditions Philéas, qui nous heurte l’esprit, autant que les tripes. On est là, devant cette évolution dramatique, si réaliste. Ce jeune homme à la vie paisible, qui n’a rien demandé à personne. Qui se retrouve plus que malmené par tous ces facteurs d’une violence inouïe, le poussant à bout. Des sirènes de Bagdad, impactante, malheureusement terriblement actuelle. Horriblement humaine, pour réfléchir aux faits, aux différences de générations, de civilisations. À la manipulation mentale, qu’elle soit de masse ou isolée. Mais surtout à la renaissance, au pardon, à la compréhension de l’autre.

Une œuvre humaniste, humanitaire à lire, à faire lire pour se remettre les pieds sur terre. Pour se remettre les pieds sur la Paix.

A propos stef emma

Rat de laboratoire, BDphile, et couteau en second sur Le bon goût des choses ( végétarien, végétalien)

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