Ouverture du 74e Festival de Cannes

C’est sous le soleil et la chaleur du mois de juillet que le 74e Festival de Cannes a commencé. Comme l’a dit Bong Joon-Ho, le lauréat de la Palme d’Or en 2019 avec Parasite en ouvrant cette nouvelle édition, il semble qu’il n’y ait pas eu d’interruption. Hier, la famille du cinéma, les accrédités comme le public massé au bas des marches, tout le monde était ravi d’être à Cannes pour célébrer le cinéma.

Spike Lee président d’un jury majoritairement féminin

Spike Lee aurait dû présider le jury en 2020. Il avait fait la promesse d’assurer la fonction cette année. A sa son arrivée à la conférence de presse, il est apparu ravi d’être à Cannes, tout comme les autres membres du jury. Chacun à son tour a dit son amour pour le festival et a cité un film, un événement lié au Festival qui l’a marqué.  Mylène Farmer s’est remémoré La leçon de Piano de Jane Campion, première femme à avoir obtenu la Palme d’Or. Durant cette conférence de presse du jury, il a d’ailleurs souvent été question des femmes et de leur place dans le monde du cinéma. La réalisatrice Mati Diop, qui regrette que l’on ait encore à s’interroger sur cette question, a bien souligné que le regard des femmes dans le cinéma, la littérature et la musique était différent. Quant à Mélanie Laurent, à la fois réalisatrice et actrice, elle a établi un parallèle entre les femmes et la place accordée à l’écologie dans le Festival de Cannes, incitant chacun d’entre nous à jouer un rôle pour sauver la planète. Tous les membres du jury, Spike Lee en tête, ont fait part de la nécessité de s’engager. Le président du jury a fait des allusions à peine voilées à Trump, tandis que le réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho a évoqué les difficultés dans son pays et le manque de considération pour la culture. Cela faisait longtemps qu’une conférence de presse du jury n’avait pas été aussi intéressante. Les membres du jury s’attendent à être surpris, émus, touchés. Tahar Rahim, est « né » à Cannes après la projection d’Un prophète de Jacques Audiard. Il l’a dit lui-même. Cette année, d’autres comme lui vivront la même aventure.

Une belle montée des marches

Pour la montée des marches de la cérémonie d’ouverture, on s’attendait à voir du beau monde et il y en a eu, pour le plus grand bonheur des spectateurs massés au bas des marches. Cette année, ils étaient masqués mais toujours aussi ravis de pouvoir approcher les stars. Le Festival avait tenu à inviter les réalisateurs des films sélectionnes en 2020 : Nicolas Maury, Bruno Podalydès, Laurent Laffitte pour ne citer qu’eux. Les membres du jury de la caméra d’Or présidé par Mélanie Thierry ainsi que celui de la Semaine de la Critique présidé par Cristian Mungiu avec notamment Camélia Jordana et celui d’Un Certain Regard présidé par Andréa Arnold se sont succédé sur les marches. Il y eut également les actrices Jessica Chastain, Helen Mirren et Andie McDowell ou la chanteuse Carla Bruni notamment. Avant que l’équipe du film Annette de Leos Carax ne monte les marches, le jury est arrivé, visiblement ému et heureux. Spike Lee, en costume rose, était accompagné de Mati Diop, Mélanie Laurent, Maggie Gyllenhall, Jessica Hausner, Mylène Farmer, Kleber Mendonça Filho, Tahar Rahim et Song Kang-Ho. Ils ont été accueillis par  Roselyne Bachelot, Ministre de la Culture,Thierry Frémaux et Pierre Lescure.

 

Annette de Léos Carax en film d’ouverture

Pour ouvrir cette 74e édition si particulière, on ne pouvait espérer mieux. Avec Annette, Léos Carax a offert une comédie musicale tragique à moins que ce ne soit une tragédie sous forme de comédie musicale, portée par deux acteurs magistraux : Marion Cotillard et Adam Driver. Ils incarnent deux stars : elle est une soprano mondialement connue et lui est un comique, star du stand up. Ils forment un couple très amoureux dont l’immense bonheur est incompréhensible, comme ils se plaisent à le chanter à plusieurs reprises. Ils font la une des journaux people et sont traqués par les paparazzi. Les étapes de leur couple sont annoncées par les journaux télévisés, à la manière du choeur dans les tragédies antiques. D’ailleurs, au début du film, Léos Carax apparaît, tel un démiurge, annonçant le spectacle qui va se jouer sous nos yeux. Le film est presque chanté de début à la fin. Ce sont les Sparks qui ont orchestré toute la partition symphonique. La musique accompagne la joie et la tristesse du couple. Car derrière cet amour qui paraît idéal se cache un côté sombre. Lorsque née Annette, une petite fille différente, Henry (Adam Driver) commence à se montrer plus ténébreux, inquiétant. Il provoque le public et peu à peu son succès s’éloigne tandis que celui d’Ann (Marion Cotillard) grandit. Lors de scènes flamboyantes, Leos Carax filme cet amour qui va basculer. La frontière entre Eros et Thanatos devient très fine, de même que celle entre le rire et les larmes. Déjà avec Holy Motors, Leos Carax avait atteint le sublime avec la scène où Kylie Minogue évolue en chantant dans la Samaritaine. Avec Annette, il réussit un chef d’oeuvre. Derrière cette histoire d’amour pas si unique qu’il n’y paraît, il a glissé des références multiples aux contes, à la mythologie et au cinéma. Un hommage à l’Art tout simplement. Cette 74e édition commence décidément très bien !

Rendez-vous tous les jours du 6 au 17 juillet pour le 74e Festival de Cannes.

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