Peurs sur la ville : Paris, champ de bataille fantasmé

Le sommet de la Tour Montparnasse enfouie sous un nuage de fumée, écho perturbant au 11 septembre. Le Sacré Cœur hanté par des fusillades, arrière-plan d’une bataille dans les tranchées. L’Assemblée Nationale à quelques mètres du cadavre d’une femme abattue, une mare de sang sur le bitume. Quelques temps après les fantasmes acidulés et torturés de David Lachapelle, Patrick Chauvel envahit l’Hôtel de la Monnaie pour entremêler réalité et fiction.

 

Peurs sur la ville, Samaritaine

 

« Le volcan de la violence parisienne est encore fécond. Regardez nos photos, imaginez ». Imaginez que ces guerres étrangères – Israël, Tchétchénie, Yougoslavie, Afghanistan – prennent place dans notre routine. Que les fusillades, les tranchées de fortune et les tanks revisitent ces rues familières, et prennent à nouveau en otage une ville en paix depuis des décennies. Ce sentiment de sécurité, acquis par les jeunes générations, est au cœur du projet de Patrick Chauvel, photographe de guerre monumental – il a couvert les conflits majeurs de ces quarante dernières années. Un travail de mémoire et de réflexion, afin de construire l’horreur d’un pont à cheval entre le cauchemar d’ailleurs et la réalité d’ici.

 

Peurs sur la ville, Sacré Coeur

 

Avant d’arriver à cette salle – intelligemment placée en toute fin d’exposition – le visiteur est amené à parcourir un certain nombre de photographies qui témoignent de la fausse tranquillité de la capitale et ses banlieues. Les attentats et les manifestations, qu’elles soient oubliées ou connues, se voient ainsi rapprochées les une des autres, et unies dans un même sentiment de chaos sous-terrain. La préparation est discrète mais habile, et ouvre le regard lorsqu’enfin, les images retravaillées par Paul Biota  – d’une manière plutôt réussie – apparaissent. En évitant le racoleur attendu sur un tel sujet – Chauvel prend soin de présenter les images originales et leur contexte, démontrant son désir de ne pas nous faire perdre pied avec la réalité – Peurs sur la ville évite le sensationnalisme pour interpeler et titiller nos imaginaires. On passera rapidement sur le travail de Michael Wolf, pas inintéressant mais qui aurait eu meilleure place dans une galerie d’art contemporain, pour retenir de l’exposition quelques instants marquants – réels ou non – lorsqu’en quittant les lieux, la Seine et le Pont des arts, encore intacts, s’offrent à nos yeux.

Peurs sur la ville, Hôtel de la Monnaie de Paris, jusqu’au 17 avril 2011.

A propos redaction

La rédaction suit les tendances du moment dans le domaine d’actualité. elle vous propose de suivre l'actualité mais aussi des chroniques de livres, cinématographiques , de suivre l'actualité de vos loisirs ( parc , spectacles , sorties ) et de vous proposer des infos fraiches par nos journalistes présents dans toutes la France qui peuvent couvrir ainsi de plus près les informations , nous proposons aussi des dossiers thématiques en fonction de l'actualité et des podcasts audio et vidéos .

A lire aussi

le-livre-qui-peut-lire-dans-ton-esprit-Grasset

Le livre qui peut lire dans ton esprit – Ed. Grasset

Le livre qui peut lire dans ton esprit est un album jeunesse fabuleux, de Marianna …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com