L’Opéra National de Paris reprend l’œuvre d’Antonin Dvorak crée ici en 2001 dans une magnifique mise en espace de Robert Carsen.
Rusalka, créature des eaux, avoue à son père Ondin être amoureuse d’un humain, un prince. Elle fait part de ses sentiments à la lune. Avec l’aide de la sorcière Jezibaba, elle accepte d’être muette en échange d’un amour possible avec le prince. Malheureusement, celui-ci s’intéresse à une princesse étrangère et délaisse Ruslaka. Face à cet amour impossible, la créature aquatique précipitera son amant dans la mort.
Poésie et sensualité priment dans cette production de Rusalka, créée pour l’Opéra national de Paris en 2001. Antonín Dvořák, en s’emparant du sujet bien connu de la femme sirène, écrit une musique envoûtante, plongeant le spectateur dans un univers mystérieux et trouble, magnifiquement représenté dans la mise en scène de Robert Carsen. Réalité et surnaturel, terre et eau, humains et êtres immatériels se côtoient dans cet opéra d’un onirisme proche du sublime. Mais la rencontre entre deux mondes n’est jamais sans conséquences : si Rusalka, nymphe fantasmée, en perd la voix, le Prince, trop humain, y perdra la vie. .
La mise en scène de Robert Carsen nous offre un vision symétrique entre le monde des créatures de l’eau et le monde humain alterne. Grâce à un montage fluide et un changement de plateau brillant, l’histoire se déroule dans une extrême aisance entre réalisme et fantastique onirique.
Féerique et somptueuse, la vision du metteur en scène canadien tourne autour de l’initiation amoureuse de l’éclosion du désir et propose une succession d’étonnants tableaux et décors tel ce salon sous marin symétrique où évoluent une naïade d’ondines dans un lac baigné d’un clair de lune. Ce bassin d’eau se transforme comme par magie en une luxueuse chambre princière.
Les tableaux baignent dans un nuancier de lumières bleues et violettes, plus féériques les unes que les autres. Les scènes où la sorcière Jezibaba s’admire dans le reflet de la lame de son couteau, se maquille les lèvres du sang de sa victime encore frais où celui où elle apparaît en reflet miroir dans un lit suspendu sont absolument sublimes. Sur le tableau de la prépartion des Noces, on salue l’élégante chorégraphie de Philippe Giraudeau autour de ses dizaines de roses rouges étalées sur le plateau qui symbolisent l’ardeur, la passion et l’impossible amour, la rencontre des corps et des âmes. Cette vision symétrique entre le monde des créatures de l’eau et le monde humain alterne avec une extrême aisance entre réalisme et un fantastique onirique est servie ici par des pointures du genre. Camilla Nylund reprend le rôle crée ici par Renée Fleming en 2002.
La soprano finlandaise, l’une des grandes interprètes du répertoire Wagnérien et Straussien, livre une prestation qui monte en puissance et nous tient en haleine jusqu’au cœur du drame. Le ténor Klaus Florian Vogt qui endosse le rôle du Prince, possède une signature vocale identifiable dès les premières mesures. Il irradie la scène de ses attaques veloutées avec belles inflexions aérienne dans le phrasé. La direction d’orchestre confiée à la talentueuse cheffe finlandaise Susanna Mälkki obtient les faveurs du public, une véritable standing ovation aux saluts. Un seul mot : courrez vite voir ce chef d’œuvre !
Jean-Christophe Mary
3h20 avec 2 entractes
Langue : Tchèque
Surtitrage : Français / Anglais
usique :
Antonín Dvořák
Livret :
Jaroslav Kvapil
Direction musicale :
Susanna Mälkki
Mise en scène :
Robert Carsen
Décors :
Michael Levine
Costumes :
Michael Levine
Lumières :
Robert Carsen
Peter Van Praet
Chorégraphie :
Philippe Giraudeau
Chef des Choeurs :
Alessandro Di Stefano
Le Prince :
Klaus Florian Vogt
La Princesse étrangère :
Karita Mattila
Rusalka :
Camilla Nylund
L’Esprit du lac :
Thomas Johannes Mayer
Ježibaba :
Michelle DeYoung
La Voix d’un chasseur :
Danylo Matviienko
Le Garçon de cuisine :
Jeanne Ireland
Première nymphe :
Andreea Soare
Deuxième nymphe :
Emanuela Pascu
Troisième nymphe :
Élodie Méchain
Le Garde forestier :
Tomasz Kumiega