Simon Boccanegra Opéra Bastille Jusqu’au 13 décembre 2018

Dans un décor de vaisseau fantôme Calixto Bieito, le plus shakespearien des metteurs en scène d’opéra, offre humanisme et vérité à cette œuvre hantée de scintillantes images maritimes.  

 Au XIVe siècle, Gênes est déchirée par les luttes entre patriciens et plébéiens. Nommé Doge à la succession de Fiesco, patricien détesté, le corsaire Simon Boccanegra espère retrouver Maria, la fille de celui-ci, qu’il a aimée autrefois. Fiesco, sachant que Maria est morte, décrète qu’il leur accordera son pardon le jour où Simon lui restituera sa petite-fille, Amelia, fruit des amours coupables de Simon et Maria. Simon découvre le corps sans vie de cette dernière.

Côté public, Simon Boccanegra raconte le destin tragique d’un homme de pouvoir, touché par la vertu et le sens du bien public. Côté privé, Verdi aborde les relations d’un père et sa fille à travers un amour total.    

Simon Boccanegra Opéra BastilleLa mise en scène de Calixto Bieito traduit avec brio l’atmosphère ténébreuse et tragique de l’œuvre. Pour cette œuvre, il a imaginé une mise en scène sobre qui nous projette dans les ménadres de la psyché de Simon Boccanégra, un homme qui lutte transcendé par les retrouvailles avec sa fille et l’amour né de leur relation. Les éclairages tamisés dans une demi pénombre, le décors imaginé par Suzanne Gschwender, une gigantesque coque de paquebot éventrée faite d’escaliers, de ponts et  poutres métalliques, suggèrent une forme de totale désolation. L’intrigue progresse en intensité dramatique à travers ce décor monté sur un plateau tournant où se détachent projetéssur écran géant les visages de Simon et Maria Boccanegra.

Dans ce drame de sang et de pouvoir, Ludovic Tezier incarne un Simon Boccanegra fier, plein d’assurance dans la première partie. Manipulé par l’intriguant Paolo, le personnage de Simon se fait plus politique et vertueux malgré l’amertume qui le ronge et l’empoisonnement dont il sera victime. Jusqu’au dénouementl, le marin a gardera l’intérêt du peuple en tête. La voix est puissante, dotée d’une belle brillance. Dans la scène finale, Ludovic Tezier pontue ses phrases mélodiques d’une gestuelle faite de tremblements et de soubresauts. Ce jeu souligne la progression du poison qui le ronge intensifie le potentiel dramatique.   

Déchiré par une passion dévorante, le personnage de Maria Boccanegra (Amelia Grimaldi) campé par Anita Hartig au timbre identifiable entre mille, nous colle des frissons de bout en bout. Mika Karesendosse lui le rôle Fieco avec de très belles basses et une grande aisance scénique. On retiendra aussi ces magnifqiues scènes de foule très animées les choristes de l’Opéra de Paris. Dans ces rapports père fille qui forme le nœud dramaturgique decette œuvre puissante difficile de ne pas voir une correspondance avec la vie du compositeur qui perdit sa propre fille en bas âge. Pensez à réserver.  

Opéra Bastille. Place de la Bastille, 12e.  Tél. 0892 89 90 90. À 19 h 30. 

 

 

 

Jean-Christophe Mary

A propos jean-christophe.mary

A lire aussi

science-fiction

Dune Partie Deux : Une Odyssée Cinématographique qui Redéfinit le Genre de la Science-Fiction

En 2024, l’univers du cinéma de science-fiction est propulsé vers des horizons inexplorés avec “Dune …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com